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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 30 janvier 2011

Décès du psychanalyste J-P.Valabrega
AFP
29/01/2011

Jean-Paul Valabrega, psychanalyste proche de Lacan et fondateur du Quatrième Groupe, est décédé le 25 janvier à l'âge de 89 ans, ont annoncé ses proches aujourd'hui. Ancien résistant, il a continué à manifester son indépendance d'esprit au travers des querelles qui ont secoué la psychanalyse française. Analysé par Lacan, il le suivra en 1953 dans la Société Française de Psychanalyse puis en 1964 dans l'École Freudienne de Paris. Il le quittera en 1969 pour fonder avec deux collègues, Piera Aulagnier et François Perrier, une quatrième société: le Quatrième Groupe - Organisation psychanalytique de langue française.Jean-Paul Valabrega a publié de nombreux ouvrages. Il sera inhumé le 2 février au cimetière du Montparnasse à Paris.


La famille dans tous ses états
28.01.2011

Le Conseil Constitutionnel se prononce aujourd’hui, vendredi 28 janvier 2011 sur la question du mariage homosexuel. Même s’il risque fort de renvoyer la balle aux législateurs…
Cet examen par le conseil fait suite à la procédure engagée par un couple de femmes auquel le tribunal de Reims a interdit l’accès au mariage le 24 août 2010… Elles ont donc déposé une QPC (Question prioritaire de constitutionnalité) devant le Conseil constitutionnel

C’est l’occasion pour nous de recevoir le grand anthropologue Maurice Godelier qui dans un entretien au Monde Magazine du 4 décembre dernier avait bousculé quelques conceptions bien établies de la famille… « La famille en chantier », c’était le titre de cet entretien, nous reviendront avec lui sur toutes les implications philosophiques et anthropologiques des révisions à l’assemblée des lois de bioéthique…


A écouter ici


Comment les médecins prescrivent-ils les médicaments ?
28.01.2011

 Après l’affaire du Mediator, ce médicament qui serait responsable de 500 à 2000 décès entre 1975 et fin 2009, c’est un traitement contre l’acné qui est soupçonné d’être à l’origine de 25 à 27 suicides d’adolescents entre 1986 et 2009, selon l’Agence française de sécurité sanitaire, l’Afssaps. Cette semaine, le père d’un jeune de 17 ans qui s’est donné la mort en juillet 2007 alors qu’il suivant un tel traitement, a saisi la justice. Peu avant le 15 janvier, date de la remise du rapport de l’Inspection Générale des affaires sociales, l’IGAS, sur le Médiator, la revue Prescrire avait révélé une liste de médicaments qu’elle juge dangereux comme le buflomédil, le nimésulide ou le vinflunine… Et, comme en 2008 et 2009, la revue n’a pas décerné, pour son palmarès 2010, de pilule d’or… C’est dire à quel point l’industrie du médicament traverse une mauvaise passe. Et c’est sans doute pour limiter les risques de contagion que le regroupement des entreprises françaises du médicament, le LEEM, a décidé, lors de son conseil d’administration du 18 janvier, de suspendre de la liste de ses membres Servier, le laboratoire qui a produit le Mediator pendant 34 ans.

Dans ce contexte, Nicolas Sakozy a chargé Bernard Debré, professeur de médecine et député UMP de Paris, d’une mission pour proposer, dès mars 2011, des mesures destinées à assainir la filière du médicament. C’est donc toute la structure actuelle des Agences et autres Commissions qui se retrouve sur la sellette. Néanmoins, en marge de ce tumulte et du parfum de scandale qui flotte sur la médecine, les patients continuent à consulter et les généralistes à prescrire. Et chacun d’entre nous est en droit de s’interroger sur le processus qui conduit le praticien à délivrer la fameuse ordonnance, sésame d’un traitement.

- Qui n’a pas été surpris de voir son médecin consulter le Vidal pour trouver le bon médicament ?

- Après son diagnostic, comment le généraliste choisit-il un médicament plutôt qu’un autre ?

- Quel rôle jouent les visiteurs médicaux dans ce choix et quels liens existent entre ces visiteurs et les
laboratoires pharmaceutiques ?

- Les patients réclament-ils eux-mêmes certains médicaments et les médecins ont-ils les moyens de résister à cette demande ?

Invités :
Fabienne Bartoli, directrice adjointe de l’Agence française de sécurité sanitaire, l’Afssaps,
Christian Lajoux, président des entreprises du médicament, le LEEM,
Claude Leicher, président du syndicat de la médecine générale, le SMG
Jean-Yves Nau, médecin et journaliste du site Slate.fr
Bruno Toussaint, directeur de la rédaction de la revue Prescrire

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Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue : de la pharmacologie
27.01.2011

Qu’est-ce que le soin ? Que veut dire prendre soin ? Quelle différence établir entre le soin thérapique et le soin thérapeuthique ? Existe-t-il une obligation de soin ? Sur quoi reposent les enjeux d’une politique de soin ? Le soin est-il  une relation intégrale ? On n’en finirait pas d’énoncer les multiples dimensions du soin. Prendre soin de soi et des autres ne relèvent pas d’une quelconque vertu morale transcendant les siècles et les civilisations telle la pitié primitive ou l’amour de soi dans l’état de nature chez Rousseau. La question du soin – que l’on appelle aussi le care – est une affaire d’économie politique, et non seulement d’éthique selon le philosophe Bernard Stiegler. Elle s’inscrit au cœur des alternatives économico-politiques. Elle requiert la mise en œuvre d’une politique d’adoption capable de promouvoir une véritable écologie de l’esprit. Bernard Stiegler est de ceux qui anticipé la crise économique et financière de 2008. Il a tiré les leçons de l’effondrement du modèle industriel fondé sur l’automobile et la télévision. À ceux qui ne voient pas que le consumérisme est menacé par sa limite propre du fait que le désir du consommateur s’épuise en même temps que son savoir vivre s’émousse, il répond que la domination du court terme sur le long terme a assez duré. À la morgue du marketing irresponsable, il préfère contribuer à la formation d’un nouvel âge industriel. Face à une économie de l’incurie génératrice de bêtise sytémique, il préfère se demander ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. C’est le titre de son dernier livre. Ce n’est pas un livre de plus sur le soin. Mais un livre qui prend soin de la vie humaine. Il est venu à La Fabrique de l’Humain pour nous en parler….

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Psychanalyse et théorie sociale

S’interroger sur les rapports entre théorie sociale et psychanalyse, et demander s’il y a une théorie sociale en psychanalyse, une théorie sociale formulée et formulable par la ou les théories psychanalytiques, exige d’affronter deux représentations à la fois opposées et très répandues...

Séminaire avec Claire Pagès, professeur de philosophie à l'université Paris X-Nanterre.

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LE MONDE DES LIVRES
Critique

"Le Revolver de Lacan",
de Jean-François Rouzières : un revolver sous le divan

27.01.11
Lorsqu'un psychanalyste publie son premier roman et l'intitule Le Revolver de Lacan, on s'attend, reconnaissons-le, à lire un texte un peu conceptuel, très référencé, truffé de jeux de mots pour initiés. Jean-François Rouzières nous offre au contraire une fiction portée par une écriture étonnamment limpide et précise. Si la psychanalyse travaille son texte, ce n'est pas d'abord comme théorie, mais comme moteur du récit, en tant qu'expérience émotive et vitale vécue par le héros, Gabriel.

Des trois carnets qui composent Le Revolver de Lacan - "Carnet du soldat", "Carnet du patient", "Carnet du chasseur" -, le premier est sans doute le plus tourmenté. Ayant abandonné ses études de médecine, Gabriel est parti s'engager en Afghanistan, dans une unité d'élite. C'est le moment du traumatisme, mais ce pourrait aussi bien être le carnet du symptôme puisque, comme il le dit lui-même : "Je ne trouvais pas idiote l'idée de mourir pour mon pays. (...) Je sais (...) que les raisons qui me poussent sur un champ de bataille sont peut-être plus obscures que cette conscience qui semble s'être trouvée. Je sais tout cela, il n'empêche : les démocraties occidentales sont bien contentes de trouver des cinglés comme nous."

Revenu en France après une opération héroïque et tragique, Gabriel se mure dans le silence, sa voix étant "restée sur les champs de bataille". Il vit comme s'il était redevenu "l'enfant qui s'était demandé si ça valait vraiment le coup de venir au langage". Ce ne sont a priori pas les conditions idéales pour entamer une cure par la parole... C'est pourtant ce que va accepter d'engager avec lui l'étrange Monte-Cristo, dont les méthodes seront aussi inventives que les réactions de son patient. Détenteur d'un Smith & Wesson .38 Chiefs Special censé avoir appartenu à Jacques Lacan, et qu'il a placé en évidence dans son cabinet, le psychanalyste attise évidemment la violence de son patient : "Pourquoi avait-il gardé cette arme ? Pourquoi la mettait-il sous mon nez ? Ne tenait-il pas à ce que je m'en serve, finalement ?" Il faudra toute la patience, la finesse et l'originalité de ce psychanalyste pour que Gabriel comprenne que la guerre "n'est pas que sur les champs de bataille" et qu'il est temps pour lui de cesser de se battre avec lui-même.

Aussi passionnant qu'un "récit de cas", le roman de Jean-François Rouzières désamorce pourtant les risques d'une écriture clinique, ne serait-ce que parce qu'il adopte le point de vue du patient, et épouse stylistiquement le rythme de ses errances, de sa violence et de sa souffrance. Malgré quelques passages dans lesquels la vulgate freudienne s'expose en des formulations un peu trop prévisibles, la réussite de Jean-François Rouzières tient à ce que sa fiction ne perd jamais de vue la singularité de l'expérience psychique de son héros.

Le troisième carnet paraît d'abord un peu moins nécessaire que les précédents. Le roman aurait pu, sans frustration pour le lecteur, s'achever avec la fin de la cure. Gabriel reprend ses études de médecine, devient psychiatre et, avec une rapidité surprenante, psychanalyste. Il rencontre un vieil homme, ancien combattant comme lui, et toujours en guerre sous des dehors joviaux. Hystérique, diagnostique-t-il. Pourtant, c'est cette rencontre qui lui permettra de mener à bien son cheminement, en vertu de l'idée selon laquelle l'analyse continue bien après la fin de la cure.

LE REVOLVER DE LACAN de Jean-François Rouzières. Seuil, 304 p.



Deux drames soulèvent la question du suicide des enfants et adolescents

Une adolescente de 14 ans était dans un état grave après avoir tenté de se suicider jeudi dans son collège de Vaujours (Seine-Saint-Denis) en sautant du 4e étage de l'établissement, un drame qui survient au lendemain du suicide par pendaison d'un garçon de 11 ans.

La jeune fille, scolarisée au collège Henri IV, a tenté de mettre fin à ses jours jeudi en fin de matinée, a-t-on appris de sources concordantes, confirmant une information du site internet du Parisien.

Elle a été transportée à l'hôpital Necker, à Paris, dans un état grave, mais son pronostic vital n'est pas engagé, selon une source policière et le parquet. Elle souffre de multiples fractures.

Alors qu'elle devait aller en cours de sport, la collégienne a frappé à la porte d'une salle de classe et a demandé à l'enseignante d'entrer pour y récupérer un objet qu'elle disait avoir oublié, a expliqué le parquet de Bobigny.

Elle est entrée, s'est dirigée vers la fenêtre et a sauté devant l'enseignante et les élèves.

Les policiers ont entendu les élèves et professeurs témoins de la scène. Ses camarades de classe, ainsi que ses amis et sa famille vont également être auditionnés. L'Education nationale a mis en place une cellule de crise et de soutien psychologique au collège.

L'enquête a été confiée à la Sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis.

Ce drame intervient au lendemain du suicide par pendaison d'un garçon de 11 ans, alors qu'il était seul chez lui à Saint-Laurent-en-Grandvaux, petit village du Jura.

L'enfant souffrait d'une "très grande solitude" et faisait d'ailleurs l'objet d'un suivi psychologique, selon le parquet de Lons-le-Saunier.

Neuf jours auparavant, près de Lyon, une fillette de 9 ans s'était défenestrée du 5e étage après avoir laissé un mot dans lequel elle faisait part de son mal-être, notamment face au diabète dont elle souffrait.

Ce cas de suicide infantile avait été qualifié d'"exceptionnel" par des experts psychiatres.

"C'est exceptionnel. Ce sont quelques cas par an, moins de cinq parfois, et encore pour les moins de 13 ans", avait expliqué à l'AFP le président de l'association France prévention suicide Michel Debout, légiste et psychiatre.

"Il y a aussi le problème d'interprétation du geste. Certains considèrent que, pour se suicider, il faut avoir une conscience d'être mortel. C'est pour ça qu'avant 12/13 ans on ne classe pas un certain nombre de morts dans la catégorie suicide", avait-il ajouté.

20minutes.fr
Stéphane Clerget : «Le suicide des enfants reste mal connu et mal évalué»


INTERVIEW - Le pédopsychiatre, auteur de «Ne sois pas triste mon enfant» (Éditions Robert Laffont) réagit à la création d'une mission d'information sur ce sujet...


Après la médiatisation de plusieurs suicides d’enfants et d’adolescents, le gouvernement a décidé de créer une mission d’information sur cette question. Que pensez-vous de cette initiative ?
Je ne suis pas surpris, je m’y attendais. C’est plutôt une bonne chose. Le suicide des enfants, c’est à dire des moins de 12 ans, reste mal connu et mal évalué.

Est-il en augmentation ?
Le suicide des adolescents s’est stabilisé, grâce à tout ce qui a été mis en place ces dix dernières années avec les Maisons des adolescents notamment. Mais pour l’enfant, c’est difficile à chiffrer dans la mesure où la différence est mal faite entre suicide réel et «équivalent suicidaire». Les accidents sont la première cause de mortalité chez l’enfant. Or, on ne recherche pas suffisamment un possible état dépressif derrière un accident, qui peut être le résultat d’un défaut d’attention, d’un laisser aller. Quand un enfant traverse au vert par exemple.

Quels sont ces signes dépressifs ?
Les enfants déprimés ne le montrent pas et ne le verbalisent pas toujours. Ce n’est pas le même tableau clinique que l’adulte. Mais un ensemble de signes peut alerter: la tristesse, des troubles du sommeil, des maux de ventre, une mésestime de soi - «je suis nul» -, des difficultés scolaires... En cas de doutes, mieux vaut aller consulter un pédopsychiatre.

La dépression chez l’enfant est-elle un phénomène nouveau ?
Non, mais le fait de la nommer est récent. Dans les années 70, on ne parlait pas de dépression chez les enfants. Comme si tout allait forcément bien pour eux. Alors que les facteurs de dépression sont nombreux: la perte d’un être cher -via un décès, une maman hospitalisée et donc absente, un divorce, un déménagement - un environnement conflictuel, insécurisant, la maladie, la maltraitance... Certains ont aussi une fragilité constitutionnelle dès la naissance. D’autres développent cette fragilité au cours des interactions dans la petite enfance.

Les causes de suicide ont-elles évolué ?
Au début du 20e, il n’y avait pas d’enquête épidémiologique sur le suicide. Mais on constate plusieurs choses. Les enfants et adolescents d’aujourd’hui sont très peu en contact avec la mort réelle, ils ne vont plus aux obsèques et ne voient pas les défunts. Cette dissociation entre la mort réelle et celle qu’ils voient tous les jours à l’écran peut favoriser un certain passage à l’acte. Qui peut d’ailleurs être perçu comme un passage à une meilleure vie. Ensuite, la puberté a rajeuni de deux ans. Les enfants sont adultes plus tard, mais ados plus tôt. Cette période de fragilité qu’est l’adolescence est ainsi prolongée. Enfin, parmi les «grands enfants» suicidaires (plus de 10 ans), on observe parfois une intolérance aux frustrations. C’est le syndrome de l’enfant roi.

Quelle représentation de la mort a-t-on à 9 ans ?
On a conscience dès 8 ans, de façon rationnelle, que c’est irréversible. Pour autant, l’enfant n’a pas la même notion de la mort que l’adulte. Pour ce dernier, souvent, elle est associée au néant, au rien. Pour l’enfant, la mort, ce n’est pas “zéro”. Elle peut être assimilée au sommeil et à cet âge-là, on croit aux morts-vivants. Mais de toute façon, on n’a pas besoin d’avoir conscience de la mort pour se laisser mourir. La pulsion de mort existe très tôt.
Propos recueillis par Catherine Fournier



Fousdetheatre.com

Laissez-vous séduire par la psy-causerie de Josiane Pinson...

On aurait pu la croire psychiatre (ou psychologue, psychanalyste... peu importe), tant l'écriture s'avère précise, subtile et acérée, si son brillant parcours de comédienne ne faisait pas état d'une toute autre réalité.  Car Josiane Pinson a su poser les mots justes sur les maux de l'âme humaine, en plus d'être vraiment drôle et grinçante.

Toute en finesse, celle-ci nous dresse le portrait d'une psy bordeline, divorcée avec ses enfants à charge,  à travers les séances d'analyse de ses patients qui la renvoient à ses propres souffrances et la font progresser dans sa thérapie. Se succèdent ainsi sur le plateau une galerie de névrosés sévèrement atteints dans lesquels chaque spectateur trouvera, à un moment ou à un autre, une part (même petite) de ses faiblesses et de son subconscient.

Nous retiendrons, dans le désordre, une femme ne pouvant évoquer ses traumas sans vomir (à chaque séance !), une autre qui lave sa nourriture à la lessive avant de l'ingérer et porte moufles et masque à oxygène par peur des microbes (une bacillophobe), sans oublier celle qui n'a jamais coupé le cordon avec sa mère, allant jusqu'à dormir à ses côtés, laissant son époux dans la chambre d'amis (hormis les jours d'ovulation pour procréer), ou encore celle qui somatise, j'en passe et des meilleures...

Ce joyeux catalogue des tares psychiques, tel un miroir qui nous est tendu par l'artiste, nous réjouit tant il sonne vrai mais peut aussi provoquer parfois, pour la même raison,  un certain malaise, et n'est pas sans une violence sous jacente. Josiane Pinson nous chatouille avec brio là où ça fait mal...

Ajoutons enfin que textes et séquences sont remarquablement agencés et interprétés, pour une théâtralité parfaite.

On sort donc conquis de cette heure et quart pleine d'intelligence et d'esprit.

Allez-y, sans aucune hésitation !

Interview et extrait du spectacle ici




Un généraliste lutte contre les claques et les fessées

À Romainville, en Seine-Saint-Denis, un généraliste a lancé une campagne d’information en partenariat avec la « maison des parents » afin de dissuader les parents de donner des coups aux enfants. Des « violences ordinaires » banalisées mais réelles, selon lui.

Jusqu’à 80 % des parents frapperaient leurs enfants : 50 % régulièrement et 30 % rarement. Lorsque le Dr Gilles Lazimi évoque ces chiffres, il pense d’abord aux familles dont il est le médecin. Dans sa ville de Romainville, où il exerce depuis près de vingt-cinq ans, d’abord en libéral puis au centre médico-social, il vient de lancer une campagne d’information afin d’inciter les parents à « élever leurs enfants sans violence ». Une vingtaine de grandes affiches-120 sur 160 cm- sont actuellement disposées dans la commune. Et tous les lieux d’accueil de la municipalité ont également accroché des affiches, en format plus réduit, dans leurs locaux.

Elles montrent des ours en peluche abîmés qui représentent les enfants victimes de coups de leurs parents. Il ne s’agit pas forcément de maltraitance au sens pénal mais plutôt de « violences ordinaires » : des tapes sur les mains, des claques, des fessées mais également des remarques ou des punitions humiliantes. Tout ce que ce généraliste de Seine-Saint-Denis, ancien militant de la lutte contre les violences (il fut notamment en 2006 le coordinateur de la campagne télévisée contre les « violences faites aux femmes ») veut dénoncer. La campagne d’affichage, réalisée avec le soutien de la Fondation pour l’Enfance, est accompagnée d’une série de conférences, autour de la « maison des parents » de Romainville. La première a été animée par une généraliste à la retraite, Jacqueline Cornet, fondatrice et présidente de l’association « Ni claques, ni fessées ».

Cette dernière a notamment étudié les parcours des adolescents victimes d’accidents de la route. Les jeunes issus des familles les plus autoritaires et donneuses de coups prennent davantage de risque et sont plus souvent blessés dans des accidents de la circulation, selon ces travaux. Pour le Dr Lazimi, cette étude n’en est qu’une parmi tous les travaux scientifiques qui démontrent que les coups fragilisent les enfants sur le plan psychologique et physique. « Une étude menée à Hong Kong suggère que les anciens enfants frappés souffrent davantage de maladie inflammatoire à l’âge adulte », insiste ce généraliste de Romainville.

Les médecins semblent encore peu familiers de ces problématiques. Actuellement, 1 % des enfants font l’objet d’un signalement pour maltraitance. Or seulement, un signalement sur vingt est fait par un médecin. « Entre la violence ordinaire et la maltraitance, la frontière est parfois tenue », remarque le Dr Lazimi. Le passage de l’un à l’autre n’est heureusement pas systématique mais on ne peut jamais l’exclure.

Il reste néanmoins toujours difficile pour un médecin, fût-t-il « de famille », de s’immiscer dans les relations entre les parents et les enfants. Le Dr Lazimi dit qu’il ne « faut jamais demander directement à un parent s’il donne des coups à son enfant, » mais qu’on peut « distiller des petites choses » au cours d’une consultation. Ainsi, lorsqu’un très jeune enfant pleure pendant qu’il est examiné, « le médecin peut aborder la question des pleurs et commencer par rappeler à la jeune mère que c’est un comportement tout à fait normal chez un tout-petit » conseille le Dr Lazimi. La consultation permet également d’observer le comportement des parents. Quand un enfant court dans le cabinet comment réagissent les parents ? Quelles expressions utilisent-ils pour parler de lui en sa présence ? « Quand une mère dit « c’est une peau de vache » ou « il m’a encore fait une fièvre », on peut la reprendre et engager le dialogue » estime ce généraliste qui rappelle inlassablement aux parents que « les coups n’ont jamais aidé à grandir ».
Véronique Hunsinger

www.niclaquesnifessees.org

Nouvelles psychanalytiques

Marx, Lacan : l’acte révolutionnaire et l’acte analytique
Colloque du Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle - Du 3 au 13 août 2011


« Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas marxiste »
Karl Marx

« C’est à vous d’être lacaniens, si vous voulez. Moi, je suis freudien »
Jacques Lacan

Contrairement à la plupart des théoriciens, Marx et Lacan sont préoccupés des effets de leurs démarches : le marxisme et la psychanalyse sont avant tout des praxis. L’appel à la révolution de Marx est une manière de transformer une pensée en acte. Et le dire du sujet en analyse comporte toujours des effets pratiques sur ses actes : en ce sens, tout acte analytique est aussi bien un acte politique, car le sujet s’inscrit dans le lien social autrement. Y a-t-il une relation entre la révolte des masses voulue par le marxisme et la subversion du sujet à laquelle conduit la psychanalyse ? Toute la difficulté est de donner une valeur à ce qui sort du champ de la mesure et du calcul : le travail de l’ouvrier pour Marx, et le désir du sujet pour Lacan. L’impact de Marx et de Lacan dépasse le domaine de la politique, de la philosophie et de la psychanalyse, pour imprégner aussi le champ de l’art : littérature, peinture, musique… C’est autour de ces rencontres que l’histoire de notre temps a pu s’inscrire et laisser sa marque, toujours active, puissante et en devenir.

Intervenants et programme ici

Les Livres de Psychanalyse

Lacan et le contre-transfert

Patrick Guyomard


Février 2011 – PUF - Collection "Petite bibliothèque de psychanalyse"
« Lacan, le contre-tansfert… deux sujets de débat privilégiés. Le débat avec l’œuvre de Lacan a longtemps été gâché par l’enjeu pratique et politique, nous n’en sommes plus là. Quelle que soit la fermeté des critiques que l’on peut formuler, nul ne peut contester la part vive prise par Lacan à la construction progressive de la théorisation en psychanalyse. Le contre-transfert… il suffit de se souvenir des mots inquiets de Freud devant cette découverte dont il se serait bien passé (le « maîtriser », le « surmonter »), pour comprendre à quel point le contre-transfert impose à la psychanalyse de débattre avec elle-même. La question du contre-transfert est au cœur d’une théorie de la pratique. Lacan et le contre-transfert… Ce débat, Lacan l’a d’abord lui-même mené en discutant notamment les contributions anglaises de son époque, et l’on découvre alors chez lui une position beaucoup plus complexe que celle qui lui est ordinairement prêtée, celle d’un rejet, presque d’une négligence de la notion.
Reste les conditions du présent débat. Chacun, concerné par la psychanalyse, a fait l’expérience de ces colloques ou ouvrages qui voient s’additionner les contributions dans l’ignorance réciproque de ce que le voisin a bien pu penser. Le présent ouvrage procède d’une tout autre logique. Le texte de Patrick Guyomard, qui en constitue l’ouverture, a été proposé à la réflexion des différents auteurs plusieurs mois avant que nous nous réunissions — sous l’égide du Centre d’Études en Psychopathologie et Psychanalyse (CEPP) de l’université Paris Diderot —, et c’est ce débat que le livre restitue. »


Les Livres de Psychanalyse

Anorexie et boulimie
Revue “La Clinique lacanienne” n°18 – Février 2011


Éditions ERES - Coordination : Christiane LACOTE-DESTRIBATS - Gérard POMMIER
L'anorexie et la boulimie passent parfois pour l'une des « nouvelles pathologies » de notre époque. Il faut d'abord distinguer ce rapport à l'alimentation d'un autre problème, qui est celui de l'obésité dont on peut dire, en effet, qu'elle suit une courbe ascendante dans de nombreux pays, notamment aux USA. Une fois cette distinction faite, il faut interroger l'association entre anorexie et boulimie qui est admise un peu trop facilement, alors que la clinique montre qu'elles sont généralement dissociées. Il faut ensuite se demander s'il n'existe pas dans ces pathologies une spécificité au genre sexuel : en effet, dans la majorité des cas, ce sont des femmes qui sont sujettes à de tels « comportements ». Car il s'agit de « comportements alimentaires » au sens où ils reflètent un certain type de passage à l'acte concernant le rapport au sexe. Enfin, il existe, dans un nombre limité de cas, une spécificité psycho-pathologique du rapport à la nourriture qui concerne plus particulièrement les psychoses.

PRÉSENTATION DU LIVRE HISTOIRE DE LA PSYCHANALYSE EN ARGENTINE : UNE RÉUSSITE SINGULIÈRE

Le 08/02/2011 à 21h
Présentation : Liliane Concevoy
Discutants : Léo Bleger et Carlos Maffi
« Quiconque, en société, dans une grande ville d’Argentine, oserait mettre en doute l’existence de l’inconscient ou du complexe d’Œdipe, se trouverait dans la même position que s’il niait la virginité de la Vierge Maria face à une synode d’évêques catholiques. » Mariano Ben Plotkin souligne la façon originale dont la psychanalyse s’est implantée en Argentine.

Mariano Ben Plotkin est historien, docteur en histoire à l’université de Californie (Berkeley). Actuellement, il est chercheur au CONICET et président de l’Institut de Développement Economique et Social (Instituto de Desarrollo Económico y Social) en Argentine.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Fondation Argentine

mercredi 26 janvier 2011

Le Sénat vote à l'unanimité la réduction des peines pour les malades mentaux
25.01.11

Le Sénat a marqué à nouveau sa différence sur la politique sécuritaire de l'exécutif en adoptant mardi à l'unanimité, et contre l'avis du gouvernement, une proposition de loi qui diminue les peines infligées aux délinquants souffrant de troubles mentaux.

Le CRC-SPG (communiste et Parti de gauche) qui n'avait pas pris part au vote en commission s'est rallié en séance au texte qui émane à la fois de la gauche et de la droite.

Présenté par Jean-René Lecerf (UMP), Gilbert Barbier (RDSE, à majorité radicaux de gauche) et Christiane Demontès (PS), ce texte "relatif à l'atténuation de responsabilité pénale applicable aux personnes atteintes d'un trouble mental ayant altéré leur discernement au moment des faits", réduit d'un tiers la peine privative de liberté pour les délinquants souffrant de troubles mentaux.

Il reviendra au tribunal de fixer, dans la limite de ce plafond, la durée la plus appropriée.

En contrepartie, il propose de conditionner d'éventuelles réductions de peines à une obligation de soins et prévoit la possibilité de recourir à celle-ci après la libération.

Selon les estimations établies par un rapport du Sénat, "près de 10 % des détenus souffriraient de pathologies psychiatriques d'une telle gravité que, pour ces personnes, la peine ne peut avoir aucun sens".

"Pour les jurys d'assises en particulier, la maladie mentale joue souvent comme un indice de dangerosité supplémentaire et justifie une détention prolongée", a relevé le rapporteur Jean-Pierre Michel (PS).

Pour Jean-René Lecerf (UMP), ce texte "reflète l'obstination du Sénat, commune à l'ensemble des groupes, à mettre fin à ce sinistre constat d'humiliation pour la République que nos prisons ont hélas trop longtemps mérité".

"C'est à l'honneur du parlement de mettre en lumière un dossier difficile, peu médiatique, qui touche des milliers de familles", s'est félicité Jacques Mézard (RDSE).

"L'opinion publique acceptera difficilement une telle réforme. Prenons garde aux solutions qui remettent en cause la philosophie profonde de notre droit pénal, en automatisant les peines", s'est alarmé Nora Berra (Santé), qui remplaçait Michel Mercier (Justice) retenu à l'Assemblée par le projet de loi sur la garde à vue.

"Si on confond dangerosité et responsabilité, il n'y a plus de droit, on dit attention vous ne pouvez pas condamner plus quelqu'un qui a des altérations mentales que quelqu'un qui n'a pas d'altérations", lui a rétorqué le président UMP de la commission des Lois Jean-Jacques Hyest.

"Il faut trouver des solutions, pour éviter que les prisons soient de grands hôpitaux psychiatriques sans en avoir les moyens", a-t-il ajouté.

Les sénateurs ont insisté sur le manque de moyens tant judiciaires que sanitaires. Jean-Paul Amaudry (centriste) a constaté que "faute de pouvoir soigner on incarcère" et Christiane Demontès (PS) a réclamé un "renforcement de l'organisation de la psychiatrie".

Ce texte prend à contre-pied la politique sécuritaire du gouvernement. Plusieurs faits divers ont amené Nicolas Sarkozy à envisager l'organisation de procès pour les criminels même irresponsables pénalement. En décembre 2008, peu après le meurtre d'un étudiant par un patient échappé d'un hôpital à Grenoble, le président avait annoncé une réforme de l'hospitalisation d'office, présentée en Conseil des ministres le 5 mai 2010.

La PPL doit maintenant être inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.
© 2011 AFP
 Le gouvernement modifie sa réforme de l'hospitalisation d'office
Le ministre de la Santé Xavier Bertrand a présenté mercredi en Conseil des ministres un texte qui introduit dans le projet de loi sur la psychiatrie l'interdiction de prolonger l'hospitalisation d'office d'un patient au-delà de 15 jours sans intervention d'un juge.

Cette "lettre rectificative" a été adoptée pour se conformer à un arrêt rendu le 26 novembre par le Conseil constitutionnel, qui avait censuré un article du Code de la santé publique qui permettait le maintien de l'hospitalisation sans consentement à la demande d'un tiers sans l'intervention d'un magistrat, a rapporté le porte-parole du gouvernement.


Le nouveau texte "prévoit notamment l'intervention du juge des libertés et de la détention pour maintenir une personne en hospitalisation complète sans son consentement au-delà de 15 jours", a expliqué François Baroin en rendant compte à la presse des travaux du Conseil.


"Ce contrôle systématique du juges des libertés et de la détention s'ajoute aux possibilités systématiques d'intervention déjà en vigueur. Le juge peut intervenir à tout moment sur toute mesure de soin sans consentement à la demande du patient, d'un de ses proches ou sa propre initiative", a poursuivi le ministre du Budget.


Le projet de réforme de la loi concernant les personnes faisant l'objet de soins psychiatriques, qui concerne près de 70.000 personnes par an, doit entrer en vigueur le 1er août 2011.


Lors du Conseil des ministres, le chef de l'Etat a également "demandé que soit engagé un plan pluriannuel de prévention et d'accompagnement des personnes souffrant de troubles mentaux", selon M. Baroin.

(©AFP / 26 janvier 2011 13h52)

Projet de loi sur Psychiatrie : lettre modificative en préparation


Dossier Projet de Loi Psychiatrie

Le ministère de la santé va modifier le projet de loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, déposé en mai 2010, par une lettre modificative qui sera présentée en conseil des ministres, a-t-on appris mardi de sources professionnelles et parlementaires.

Cette lettre modificative apporte les ajustements souhaités par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 26 novembre 2010 sur le contrôle par le juge des décisions d'hospitalisation à la demande d'un tiers (HDT) (cf dépêche APM HMNKQ001) et l'étend aux hospitalisations d'office (HO), renommées "hospitalisations sur décision du représentant de l'Etat" dans la réforme.

La date du passage de cette lettre modificative en conseil des ministres n'est pas encore arrêtée mais elle devrait intervenir rapidement, peut-être le mercredi 26 janvier.
La date de discussion du projet de loi à l'Assemblée nationale n'est pas encore programmée mais le texte doit être définitivement adopté avant le 1er août, délai fixé par le Conseil constitutionnel.

La lettre modificative, dont APM a eu copie, prévoit le contrôle systématique du juge sur le maintien d'une hospitalisation complète sans consentement en psychiatrie si la mesure se prolonge au delà de 15 jours. Il est précisé que le juge des libertés et de la détention (JLD) devrait être saisi "au plus tard au 12ème jour d'hospitalisation".

Allant au-delà de la demande du Conseil constitutionnel, le ministère de la santé a prévu de renouveler le contrôle du JLD tous les six mois.
Le JLD contrôlera "le bien-fondé de la mesure administrative de maintien en soins sans consentement" mais "sa décision ne constituera en aucun cas une décision de prolongation de ces soins", précise le ministère. Il faudrait toujours un renouvellement administratif des décisions de placement. La saisine devrait intervenir au moins huit jours avant l'expiration des six mois.

Ce contrôle à 15 jours et tous les six mois s'appliquerait à toutes les hospitalisations sans consentement, à la demande d'un tiers ou sur décision du représentant de l'Etat. Le projet de loi modifié indique que la non-saisine du JLD entraînerait la levée d'hospitalisation complète.

Le projet de loi modifié précise bien que l'audience devant le JLD donnerait lieu à un débat contradictoire, sur la base d'un avis conjoint de deux psychiatres (un de l'établissement, un hors établissement), et que le JLD devrait rendre sa décision avant le 15ème jour d'hospitalisation.
Il pourrait ordonner une expertise supplémentaire et devrait alors statuer dans un délai de 14 jours. Sur ce temps, le JLD ordonnerait le maintien provisoire de l'hospitalisation.
Le projet de loi modifié prévoit la présence d'un avocat pour représenter le patient et l'utilisation de "moyens de télécommunication audiovisuelle" pour organiser l'audience entre le tribunal et l'hôpital (par visioconférence, pour ne pas déplacer le patient).

MAINTIEN DE DEUX CERTIFICATS

Le ministère de la santé a également décidé de revenir en arrière sur le nombre de certificats médicaux exigés pour prononcer une admission en soins sans consentement. Alors que le projet de loi de mai 2010 prévoyait de passer de deux certificats à un seul certificat, le ministère a décidé de maintenir deux certificats pour les soins sans consentement à la demande d'un tiers et à la demande de l'autorité publique.
Il indique que "si le Conseil constitutionnel a considéré que les garanties encadrant l'entrée dans le dispositif de l'hospitalisation sans consentement étaient suffisantes, c'est en particulier au regard de la diversité

Le ministère a aussi décidé de maintenir l'obligation, en vigueur actuellement, que le certificat médical initial permettant au préfet de demander des soins sans consentement émane d'un psychiatre n'exerçant pas dans l'établissement de santé assurant les soins. Le projet de loi de mai 2010 permettait que le psychiatre signataire exerce dans l'établissement, ce qui était considéré comme une mesure de simplification.

Histoire et psychanalyse
Retour sur
Oedipus and the Devil de Lyndal Roper
Xenia von Tippelskirch
RésuméL’historienne Lyndal Roper entreprend dans son ouvrage Oedipus and the Devil (1994) la reconstruction des paysages psychiques de quelques individus ayant vécu aux xvie et xviie siècles à Augsbourg. Elle y interprète de manière originale des sources provenant du Conseil municipal d’Augsbourg en ayant recours à des modèles psychanalytiques (Freud et Klein). Bien que cette méthode suscite des critiques en raison de son anachronisme, elle donne lieu à des résultats intéressants qui vont plus loin que la révélation d’obsessions sexuelles. L. Roper part en effet du présupposé que la forme symbolique des fantasmes psychiques n’est pas figée. Ainsi elle entreprend l’observation de conflits intérieurs à partir de leurs représentations culturelles et détermine des différences entre hommes et femmes ancrées dans une corporalité historique.
Consulter cet article ici


Psychanalyse et thérapies systémiques : écarts et complémentarité
par Jean-Michel Thurin et Monique Thurin


Cet article présente quelques éléments qui différencient la psychanalyse de l’approche systémique, tant au niveau pratique que théorique. Il aborde les dimensions développementales sur lesquelles repose la psychanalyse, qui identifient une approche non réductible à celle d’un système individuel fermé. Les interactions intersubjectives précoces, l’altérité et la dynamique relationnelle sont évidemment centrales dans le processus psychothérapique et présentes dans le transfert. Ensuite, à partir des pratiques et de la recherche, cet article revient sur quelques propositions concrètes intéressant les deux approches, notamment les modèles de formulation de cas, utiles sinon indispensables pour se projeter dans un travail psychothérapique avec un patient.

Les Chinois se font psychanalyser sur Skype et à la télévision
LU SUR ... The New Yorker
 
Dans un État totalitaire, pas facile de confier ses soucis à un étranger, allongé sur un divan. Pourtant, depuis deux ans, les Chinois commencent à se passionner pour la psychanalyse, raconte Evan Osnos dans The New Yorker.

La Révolution culturelle puis le passage accéléré à une économie de marché ont fait des dégâts dans les psychés –en témoignent les récents suicides dans les usines de Foxconn. Aujourd'hui, un Chinois sur cinq souffrirait de problèmes psychologiques.

Des Américains ont implanté un réseau dans les années 2000 en Chine, avec la possibilité pour les patients de se faire suivre par des psychanalystes étrangers en passant par Skype. Un projet ambitieux, puisque dans la société chinoise traditionnelle les troubles psychologiques sont considérés comme des signes de faiblesse, qui se soignent par les herbes médicinales.

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Chez les agriculteurs, le taux de suicide est trois fois plus élevé que chez les cadres
25.01.11

"J'avais planqué un fusil et deux cartouches dans une serre. Mon épouse savait que j'étais à bout. Elle me faisait suivre partout par mon fils". Sans le soutien de sa famille, Roger Pessotto, 66 ans, sait qu'il serait passé à l'acte. Le souvenir est encore frais, mais il veut témoigner.

Roger Pessotto a toujours voulu être agriculteur. Une belle carrière de maraîcher avec la fraise pour spécialité. "On est parti de rien. Et on est arrivé à rien". Dans cette aventure, il avait pourtant tout donné, et sa fierté, c'était d'y être arrivé. Sa success-story avait même attiré les caméras d'une émission télévisée, quand son exploitation pesait encore entre "trente à quarante salariés".

Et puis, il y a eu la tempête de 1999. "Six hectares de serres ravagés, 1,5 million de francs rien qu'en pertes occasionnées". L'assurance n'a pas fonctionné. "En 2003, il y a eu la sécheresse et là, on a mis pied à terre". S'ensuivent quatre années de procédures judiciaires. "J'ai tout perdu, ils m'ont tout pris. Toute ma vie. Même ma Renault 19, vieille de 400 000 km, fulmine Roger Pessotto. Ils ont même essayé de saisir la maison de ma belle-mère. Je n'étais plus rien, je n'ai eu droit qu'au mépris."

Si Roger Pessotto s'en est sorti, nombreux sont ceux qui passent à l'acte. "En trente ans, on a recensé près de quarante suicides d'agriculteurs sur un secteur qui compte à peine 2 000 habitants, déplore Jean-Pierre Vigier, conseiller général de Haute-Loire et ancien président de la Mutualité sociale agricole (MSA) d'Auvergne. Et le constat est d'autant plus cruel que le phénomène semble s'accélérer. On a eu trois suicides ces six derniers mois dans un rayon de quinze kilomètres".

"LE SUICIDE D'UN AGRICULTEUR NE FAIT PAS DE BRUIT"

Aucune région n'est épargnée. "C'est un problème d'ampleur nationale, que personne ne peut nier, parce qu'il se voit et s'entend sur le terrain. C'est comme un bruit de fond recouvert d'une chape de plomb", s'indigne Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, qui tente depuis des années de briser la loi du silence. "C'est une situation très préoccupante", confirme de son côté Xavier Beulin, nouveau président de la FNSEA, qui en a fait une priorité de son mandat.

Problème, si la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est une réalité, l'absence de données la rend difficile à appréhender. "On a parfois des estimations par région, mais elles ne sont jamais consolidées au niveau national", déplore la Coordination rurale.


Un agriculteur de Mézères (Haute-Loire).Antonin Sabot/LeMonde.fr

Seule certitude, le taux de suicide chez les exploitants agricoles est trois fois plus élevé que chez les cadres. C'est la conclusion de la seule enquête officielle qui renseigne sur les suicides d'agriculteurs, réalisée par l'Institut de veille sanitaire (INVS), publiée en 2010 dans la Revue d'épidémiologie et de santé publique. "Nous avons analysé les causes de décès par secteur d'activité de 1968 à 1999", détaille Christine Cohidon, médecin épidémiologiste à l'INVS. Une nouvelle étude est envisagée entre l'INVS et la MSA pour affiner les données.

"Le suicide d'un agriculteur ne fait pas de bruit, mais c'est souvent son ultime manière de dénoncer la situation de crise morale et sociale que vit notre secteur", s'indigne Bernard Lannes. "C'est une forme de désespérance qui s'est installée dans le monde agricole, observe Jean-Pierre Vigier. Ce sont des gens courageux, qui ne comptent pas leurs heures, qui ne prennent jamais de vacances, qui ont parfois dû s'endetter et qui sont contraints de travailler à perte. On ne leur laisse aucune échappatoire".

"IL Y A TOUJOURS EU BEAUCOUP D'ENTRAIDE DANS LE MILIEU"

Aux difficultés économiques et financières et à l'absence de perspectives du secteur, semblent s'ajouter d'autres facteurs, comme l'isolement, le célibat. "La conduite suicidaire est un processus complexe et multifactoriel. Il est très difficile aujourd'hui de faire la part des choses entre les facteurs professionnels et personnels, qui sont dans ce mode d'exercice particulièrement mêlés", remarque Christophe David, médecin du travail en charge des risques psychosociaux à la Caisse centrale de la MSA.

Des groupes de paroles, des numéros de stress assistance, des réunions d'information, des cellules de prévention au suicide ont été mis en place dans plusieurs régions par les syndicats et par la MSA. Des associations, tels que l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants), SOS Paysans, ou le Samu social agricole viennent aussi en aide aux agriculteurs les plus en difficultés.

"Il y a toujours eu beaucoup d'entraide dans le milieu, mais aujourd'hui les exploitants sont de plus en plus isolés. Pour recréer du lien social et lutter contre l'exclusion rurale, on essaie de s'organiser entre-nous en réseaux de solidarité", indique Damien Legault, 40 ans, ancien éleveur de veaux qui tente aujourd'hui une reconversion dans le bio, à Vritz, en Loire Atlantique. Lui aussi est "tombé plus bas que terre", le jour où crise oblige, le veau s'est brusquement dévalorisé.

"ILS NE M'AURONT PAS, JE SUIS BLINDÉ"

"On donne treize heures de travail par jour, y compris le dimanche, pour terminer en procédure judiciaire, en prise avec le tribunal, les créanciers, les banquiers, les fournisseurs. C'est très difficile à vivre". Une situation qu'il ne connaît que trop bien, par son activité bénévole depuis plusieurs années au sein de l'Apli et de SOS Paysans. A défaut de le réconforter, cette expérience lui permet de prendre du recul. "Ils ne m'auront pas, je suis blindé. Je sais très bien que je ne suis qu'un dossier parmi tant d'autres".

En dépit du travail de prévention mis sur pied, tous les acteurs sont aujourd'hui contraints d'avouer leur impuissance à toucher un public dont la détresse est souvent dissimulée. "Les agriculteurs n'ont pas l'habitude de demander de l'aide. Si on ne va pas à leur rencontre, ils ne viendront pas nous chercher, souligne Bernard Lannes. Au lieu de dépêcher un huissier quand quelqu'un ne paye plus ses cotisations, il vaudrait mieux lui envoyer une assistante sociale".

Pour Xavier Beulin aussi, il y a des indicateurs qui peuvent alerter. "Quand un agriculteur rencontre une difficulté, dans sa coopérative, auprès de sa banque ou de son assureur, c'est un clignotant qui doit s'allumer".
Linda Maziz


Chaque hôpital pourrait voir son activité plafonnée
25.01.11

La Direction générale de l'offre de soins (DGOS) envisage de fixer un quota d'activité pour chaque hôpital français, qui pourrait être sanctionné en cas de dépassement des dépenses, écrit mardi Le Figaro.

Dans un rapport intitulé "Objectifs quantifiés de l'offre de soins [OPOS]", la DGOS s'inquiète de constater "depuis trois ans une évolution très dynamique des volumes hospitaliers" qui augmentent "au-delà de 3 % annuels, contre 1,7 % à 2,1 %" prévus, écrit le quotidien.

La DGOS propose un contrat entre l'Etat et les agences régionales de santé sur "l'évolution d'activité envisagée". En cas de dépassement des dépenses, des "pénalités" pourraient être prononcées.

Les plafonds porteraient sur le "volume de séjours par activité et la part de prises en charge ambulatoire" et sur le "volume de séjours et d'actes pour certaines prises en charge ciblées (endoscopies, stents, cataracte, appendicectomie, etc.), selon les atypies constatées".
Projet de dossiers patients psychiatrie php

La Fondation FondaMental est une fondation de coopération scientifique dédiée aux Soins et à la Recherche sur maladies mentales qui fédère un Réseau de plus de 50 services cliniques et laboratoires de recherche (www.fondation-fondamental.org). Dans le cadre du développement de nos activités pour l'optimisation des soins en psychiatrie, nous recherchons un Ingénieur informaticien pour les systèmes d'information appliqués aux pathologies psychiatriques.

Des données sont recueillies sous forme d'un dossier patient alimenté via le Web pour différentes pathologies : troubles bipolaires (e-Bipolar), schizophrénie (e-Schizo), syndrome d'Asperger (e-Asperger), TOC et dépressions résistantes. Des outils sont également développés dans le contexte de projets européens.

Le logiciel de recueil e-Bipolar est actuellement opérationnel, 3 autres sont en construction et 2 sont en projet. Les données sont recueillies localement au niveau des services hospitaliers, puis envoyées dans une base de données nationale. En finalité, le recueil constitué formera un regroupement de données qualitatives et volumineuses alimentant des projets de recherche.

Poste :
Sous la responsabilité du Directeur de la Fondation, vous serez intégré dans l'équipe en charge des outils informatiques soins et recherche, vous aurez la responsabilité de développer les dossiers patients et maintenir les logiciels actuellement en production par de la programmation en PHP et une gestion des bases de données en MySQL.

En lien direct avec les utilisateurs (psychiatres, psychologues, chercheurs, etc.), vous effectuerez le support des problèmes rencontrés et proposerez des solutions. Vous développerez les nouvelles fonctionnalités nécessaires à l'évolution des outils selon l'avancement des projets.

Les contacts seront réguliers et fréquents avec le milieu médical et paramédical, les assistants de recherche clinique et data-managers. Le déploiement des outils est national, voire international, et vous devrez interagir avec de nombreux membres du Réseau FondaMental. Au cœur de l'amélioration de l'outil vous disposerez de toute l'expertise d'un groupe qui travaille depuis plus de 5 ans sur les outils de dossier patient.

Profil:
* Formation informatique ou bioinformatique (BAC + 5, Master 2 ou école d'ingénieur)
* Expérience de programmation de site Web en PHP
* Expérience antérieure similaire souhaitée
* Attrait pour le domaine médical et les problématiques de recherche clinique.
* Rigueur scientifique et adaptabilité
* Sens du travail en équipe

Compétences techniques attendues:
* Développement d'application Web: PHP5, programmation objet, SQL
* Intégration Web: HTML, CSS, JavaScript, Ajax, XML
* Connaissance de l'environnement Linux, serveur Apache

Conditions :
* Contrat à Durée Déterminée, statut Cadre,
* Localisation du poste : Créteil (94),
* Déplacements professionnels : déplacements fréquents à prévoir, particulièrement en Ile de France et en France,
* Poste à pourvoir : Mars 2011
* Salaire annuel brut : 30K€ à 40K€ (selon profil et expérience)
Référence : FondaMental

Type de contrat Durée déterminée (CDD, …)
Durée (si stage ou CDD) : 3 ans
Poste à pourvoir à une date précise : 1er Mars 2011
Lieu : Créteil (Ile de France) Télétravail possible : non

Compétences souhaitées xhtml javascript php mysql linux
Les pousse-au-crime de la psychiatrie contemporaine
Pierre Sidon

Ces dernières années, des passages à l'acte violents de la part de sujets pris en charge par la psychiatrie défraient régulièrement la chronique. Ils font surgir dans le débat des prises de positions tranchées et apparemment opposées : d'un côté, des partisans d'une surenchère sécuritaire, pas psychiatres, et de l'autre, des psychiatres opposés à toute contrainte. Les premiers, béotiens, osent à peine s'offusquer et réclamer des comptes que les seconds, humanistes, récusent au prétexte qu'il ne saurait exister quelque garantie de résultat en matière de prévention en ces affaires. Aucune garantie certes, comme en témoigne en particulier le passage à l'acte inaugural imprévisible de la psychose jusque là quiescente. Mais la question n'est pas celle de la garantie, mais plutôt de l'acte, pas celle du résultat mais celle du travail. Car la défausse de cette psychiatrie bruyante, qui oblitère le travail effectif de la majorité silencieuse des collègues, produit dans le social une disqualification de sa discipline qui contribue au discrédit de ses praticiens et à l'épuisement de ses ressources. Elle contribue ainsi, comme discours hystérique, à l'édification des dispositifs qu'elle dénonce, sous les espèces d'une sécurisation toujours plus avancée, souvent inutile voire en effet néfaste, des modalités de prise en charge. C'est ainsi que se libère de ses contraintes une psychiatrie éprise de liberté. Mais ses patients subissent un sort moins enviable : prison, hôpitaux-prisons, traitements massifs autoritaires et désubjectivants ; ou pire : déségrégation sauvage et réalisation de l'abjection primordiale. De tout ceci, nous ne nous lavons pas les mains. Nous voulons témoigner ici d'une pratique issue de l'enseignement de Lacan et qui, pour autant, ne se défausse pas de sa responsabilité sociale. Pour cela, en restituant au sujet la sienne propre, elle prétend, à rebours de la notion de maladie, humaniser le criminel. Dans le débat sur la responsabilité, la vignette que nous présentons, prétend apporter un témoignage de ce que l'Acte analytique permet avec ces sujets, en matière de prévention.

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dimanche 23 janvier 2011

La psychanalyse vaut-elle aujourd’hui d’être défendue ?

Table ronde animée par Jacques Munier (France Culture)

Avec José Morel Cinq-Mars (érès ; PUF), Heitor O’Dwyer de Macedo (Stock), Patrick Chemla (érès), Erik Porge (La Fabrique), Isabelle Blondiaux (Le Félin)

La psychanalyse suscite souvent méfiance et rejet. La montée en puissance des sciences cognitives, des thérapies comportementalistes, de l’idéologie de l’évaluation accentue encore cette marginalisation et vaut que soit posée la question de l’importance et des enjeux de cette discipline.

Salle Margaret Mead, Samedi 5 février 16h30-18h

samedi 22 janvier 2011

Gardons notre « âme », résistons au contrôle
Par Collectif des 39
21 janvier 2011

Faisons comme Martin Amis dans «  la flèche du temps », racontons notre histoire à reculons :

«….On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du Bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m’avait paru si difficile auparavant. Ce ne peut être qu’à cause de ma maladie, à cause de mon âme.»

Ainsi parle D-503, le personnage d’Eugene ZAMIATINE dans « Nous autres » un homme « des siècles futurs », qui vit dans une société qui impose fermement l’Harmonie sous la direction du Guide !

Rompons l’harmonie pour retrouver notre âme :

Nous sommes une équipe pluridisciplinaire , qui travaille dans un CAMSP ( Centre d’Action Médico – Sociale Précoce ) qui accueille des jeunes enfants de 0 à 6 ans en situation de handicap ou à risque de handicap et leurs parents. L’employeur, une association privée loi 1901 a installé un système de vidéosurveillance dans la salle d’attente et les couloirs donnant  sur les bureaux de soins contre l’avis de toute  l’équipe soignante et ce, malgré la gêne et les interrogations  exprimées par certaines familles.

La démarche des familles qui s'adressent au CAMSP est difficile, délicate. Elle ne peut se faire que si le respect, la confidentialité des échanges sont assurés. Nous refusons au nom de nos valeurs éthiques que les patients soient soumis à cette surveillance qui ne se justifie ni sur un plan pratique ni sur un plan sécuritaire.
Par contre, nous ne voyons aucun inconvénient à ce que ces caméras soient en service lorsque l'établissement est fermé au public.

Au delà des arguments pragmatiques évoqués par l'employeur, nous tenons à défendre un cadre de travail qui garantit l'intégrité de l'écoute des parents et des enfants, conditions indispensables à l'acte thérapeutique.

En outre, du fait du handicap ou des difficultés de leur enfant, ces familles peuvent souffrir du regard des autres. Certaines ont par ailleurs témoigné, y compris par écrit, de leur désapprobation et pose la question de l’atteinte à leur vie privée.

C'est pourquoi il nous semble tout à fait inacceptable, de filmer ou d'enregistrer des couloirs ou une salle d'attente qui sont des lieux d’interactions, de passage et de transition éminemment sensibles et qui font partie intégralement de la prise en charge.

Nous revendiquons la confidentialité du colloque clinique, le respect des libertés démocratiques fondamentales, et le droit à une expression libre.
L’argument sécuritaire s’est peu à peu imposé dans le discours de l’association gestionnaire alors que nous tentions d’avancer notre point de vue de soignants.

Les caméras devenaient des outils efficaces pour combattre et prémunir l’établissement contre les vols, intrusions et dégradations des locaux. Bien évidemment, cet argument sécuritaire reflète une méconnaissance profonde de la population accueillie et du contenu du travail que nous proposons, fondé sur une relation de confiance et une alliance thérapeutique indispensable à nos missions.

Ce genre de dispositif qui participe de l’illusion d’un contrôle omnipotent, d’un œil qui ne se ferme jamais met à mal notre travail de soins et d’accueil.
Ces dispositifs déjà mis en place dans d’autres domaines se banalisent et s’introduisent maintenant dans le milieu de la petite enfance.

Le dialogue est quasi absent et nos demandes n’ont pas pu être entendues. Notre avis émane pourtant de professionnels qui ont une qualification et une expérience de terrain avérées.

La gestion associative, prenant modèle sur des méthodes de management issues de l’entreprise empiète et contrarie le projet de soins porté par l’équipe soignante.

Ces pratiques, au nom de la « modernité », vont à l’encontre de nos principes éducatifs et thérapeutiques.
Une telle logique de surveillance induit une désaffection du relationnel et une délégation des compétences parentales, tout en engendrant le danger d’une stigmatisation des conduites.

L’Équipe du Centre d’Action Médico Sociale Précoce D ‘Épernay

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Deux jours à Montfermeil
Par dominique conil
22 Janvier 2011

Un grand bonnet de laine un peu de traviole, un pull fait main éclatant, elle tend la main : «Silvia, patiente». Il y a de la malice dans la précision. Je voulais faire un reportage. Y aller et raconter, le Centre de jour, Montfermeil, 9-3. Ça aurait commencé en conte de fées social : interrogés à propos de leurs besoins, les psychiatres du centre de jour quelque peu entassés dans un pavillon  de Montfermeil, depuis 1995, rêvèrent debout et listèrent leurs désirs à l'hôpital tuteur de Ville Evrard.

Miracolo ! Nos hôpitaux sont gérés, dorénavant, comme des entreprises –au prix, certes, de fâcheuses compressions sur les budgets des personnels–, ils peuvent être riches! Et ainsi fut construit ce Centre de jour qui jouxte centre de consultations et antenne infirmière, inauguré en novembre dernier: flambant neuf, éclairé mais pas trop, pensé en courbes et couleurs, fenêtres savamment décalées, lieu collectif mais avec ce je ne sais quoi d'immédiatement familier, à échelle humaine. Dalles plastique, mobilier en surfaces vides, mais ateliers, voire à l'heure du dej' thérapeutique, un côté bar des Amis. Avec même un jardin et une friche voisine plantée d'arbres, qui fournit la touche bucolique dans ce Montfermeil mutant, pas trop bien desservi, improbable, vieux immeubles murés, panneaux immobiliers promettant de lisses résidences, demeures bourgeoises, où, en poursuivant la ligne 613, on arrive à la cité des Bosquets, toute proche de Clichy-sous-Bois.


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Accueillir la Folie ?
Par Paul Machto
21 Janvier 2011

Accueillir la folie ! que voilà un beau slogan en cette époque de rejet, de haines, de mises à l'écart, d'enfermement.

L'enfer me ment !

(..) Don Quichotte mourut et descendit aux enfers, il y entra la lance en arrêt, et délivra tous les condamnés, comme il avait fait autrefois pour les galériens, et, en fermant les portes, il en arracha l’inscription, celle que Dante y avait lue, et il en mit une autre qui disait « Vive l’Espérance ! »

(Miguel de Unamuno « Du sentiment tragique de la vie chez les hommes et chez les peuples. » 1913) cité par Lucien Bonnafé in « Le Personnage du psychiatre ».

Mais qu’est ce donc qu’accueillir ?

Qu’est ce que l’accueil ?

La question va être débattue lundi 24 janvier 2011, de 19 à 21 heures, à la Maison des Métallos à Paris. Cette soirée, animée par Sophie Dufau, journaliste à Médiapart, s’inscrit dans les « Lundis de Médiapart », rencontre mensuelle proposée au public.

L’accueil, pourrez-vous dire, y a des endroits pour ça. Un comptoir, parfois avec un vitre blindée.

J’ai pour ma part envie de vous livrer mes cheminements autour d’accueillir, de l’accueil ?

Je distinguerai pour la question qui nous occupe, la folie, les souffrances et les désordres psychiques, les maladies mentales, trois façons d’accueillir en psychiatrie.

- une façon « médicale »

- une façon bureaucratique,

- une façon « thérapeutique ».

Voilà, ça y est nous y sommes : dans la caricature, dans l’outrance.

Je précise tout de suite que la « médicale » peut rejoindre la « thérapeutique ».Car pourquoi distinguer la médicale de la thérapeutique ?

Quelle est cette distinction que je propose :

- la médicale peut s’appuyer sur une posture dominante, le pouvoir du médecin vis à vis du malade, posture dominante pas forcément délibérément, elle peut être involontaire, voire inconsciente, ou encore s’appuyer sur une posture paternaliste. Il ne suffit pas d’être médecin pour se trouver dans ce cas de figure. Il y a des psychologues, des infirmiers, des psychanalystes même, si, si j’en connais ! C’est une posture qu’il faut sans cesse débusquer, repérer en soi. Elle peut aller se nicher dans ce puissant « désir de guérir » à l’œuvre en chacun de nous, qui va s’appuyer sur LE savoir.

- La thérapeutique : elle s’appuie sur « la fonction d’accueil ». C’est ce que je vais m’attacher à développer.

- La bureaucratique, que je vais rapidement décrire , pour nous en débarrasser, bien qu’elle ait tendance à envahir les pratiques, dans l’ère gestionnaire et managériale actuelle. Elle consiste essentiellement à se limiter à des questions d’horaires, de présence ! Mais une présence qui n’est pas ou peu incarnée, vivante. Une « présence hygiaphonique » ! Avec des tickets, des numéros ! Une présence où il s’agit de « faire ses heures ». L’accueil, c’est 9 heures – 17 heures par exemple.

La « fonction d’accueil » ? C’est d’abord une disposition, une disponibilité, une attention à l’autre, une possibilité d’être à l’écoute, une capacité à être en lien avec l’autre. Cet autre qui d’ailleurs n’est pas uniquement le patient. C’est aussi le collègue, l’autre soignant, ce qui va permettre de rendre vivante une équipe, de constituer un « collectif ».

Mais cela peut être soi-même ! c’est à dire cet autre en soi, cet « étranger » de l’intérieur, qui va parfois nous jouer des tours, nous surprendre, nous pousser à faire des choses bizarres, qui vont nous faire dire « mais qu’est ce qui m’a pris ? »…. d’acheter ceci ou cela, un objet dont on a nul besoin. Ou encore d’avoir dit une parole qui « ne me ressemble pas ». Ou encore, « mais pourquoi me suis-je mis en colère comme ça ? ». Alors oui, être en capacité d’accueillir ce qui nous surprend.

La fonction d’accueil est aux antipodes de l’assistance. La fonction d’accueil est à la relation humaine, ce que l’assistance est aux assurances privées ! L’assistance, c’est ce plus qui vous est « offert » si vous pouvez vous payer une bonne assurance.

La fonction d’accueil, elle, est gratuite. C’est un état d’esprit à l’égard de l’autre, cet inconnu, cet étranger, mon frère en humanité. En cela elle rejoint l’hospitalité.

L’assistance, dans le domaine du soin, consiste à dire au malade ce qu’il doit faire. L’éduquer, le rééduquer. Cette tendance est lourde. Elle est ancienne. Elle puise ses sources dans « la logique asilaire ». Ce que l’on appelle l’asile dans sa connotation péjorative. L’asile, dans sa dimension de refuge, d’abri, de protection, d’hospitalité, c’est tout autre chose. Donner asile, est alors du côté du Don. Sans attendre de réciprocité. Même si l’on sait que le don peut engendrer de la dette. Alors, la réciprocité va aller de soi. Mais elle n’est pas demandée.

La fonction d’accueil se soutient de la reconnaissance de l’autre en tant que tel, qu’il soit souffrant, malade, fou. C’est la reconnaissance de l’autre comme mon semblable, c’est à dire un autre humain, différent mais proche. C’est alors le reconnaître comme une personne responsable, en capacité d’autonomie. C’est reconnaître qu’il a « prise sur sa vie », qu’il est acteur, qu’il est pour quelque chose dans ce qu’il lui arrive, ce qu’il vit, traverse et donc qu’il pourra être pour quelque chose pour se sortir des épreuves auxquelles il est confronté, qui lui sont « tombés » dessus. Il pourra être l’acteur du traitement de ses difficultés psychiques, affectives, sociales, acteur de sa reconstruction.

C’est ici qu’entre en jeu ce que l’on appelle la « thérapeutique ».

Car bien évidemment lorsqu’il arrive à l’hôpital, ou dans le bureau du psychiatre, du médecin, il est envahi par quelque chose qui s’est imposé à lui. Il va d’ailleurs demander : « Mais qu’est ce qui m’arrive ? dites-moi ce que j’ai ! » D’être possédé par son délire par exemple, il se sent dépossédé de lui-même. Il subit. Ce qu’il vit, il le perçoit comme étranger à lui-même, extérieur. Il ne se sent pas du tout « acteur ». Il se sent agi. Il se sent comme un objet, un fragile esquif sur un océan déchaîné.

C’est en cela que la thérapeutique est un art, qui prend en compte la complexité de ce que vit le patient, la complexité de la relation dans laquelle le thérapeute doit se sentir engagé. C’est là où la formation à la relation, la prise en compte de l’Inconscient est indispensable. Et cette formation ne concerne pas que le médecin, le psychiatre, le psychologue. Elle concerne tous les soignants, infirmiers, assistants sociaux, ergothérapeute, tous les acteurs d’une équipe soignante. Car certaines problématiques, certaines situations, ne peuvent s’appréhender qu’à plusieurs, par une équipe, un collectif. Cela demande de la diversité, de l’hétérogénéité.

C’est dans la mesure où le soignant, le thérapeute aborde l’autre dans cet état d’esprit, qu’il pourra l’amener à prendre conscience de sa capacité à prendre en main ses affaires, sa vie, à traiter ses désordres qui l’ont conduit à se retrouver dans cet état, dans la souffrance, dans la pathologie qui l’ont mené à l’hôpital, en consultation, en psychiatrie, ces désordres psychiques qui l’ont poussé à des actes incompréhensibles pour les autres mais aussi d’abord pour lui-même.

C’est dans ce cadre, que le soignant peut « l’assister », dans le sens de le soutenir, être à ses côtés. Lorsque l’on parle d’un assistant dans un film, un assistant à la réalisation, on désigne là une fonction, c’est celui qui aide le réalisateur, le metteur en scène. Ce n’est pas l’assistant qui fait le film. Dans l’objet qui nous occupe, l’assistant c’est le soignant, le réalisateur, c’est le patient ! Le soignant, c’est celui qui aide, pas celui qui fait à la place de, ou qui décide pour l’autre.
Paul Machto

Santé : les inégalités s'accentuent en Ile-de-France
21.01.11

Les habitants des Hauts-de-Seine ont toutes les chances de vivre deux ans de plus que leurs voisins de Seine-Saint-Denis. C'est le constat alarmant que dresse l'étude sur l'espérance de vie et l'accès aux services de soins en Ile-de-France de l'agence régionale de santé (ARS), dévoilée vendredi 21 janvier  dans Le Parisien.

D'après ce document, "de profondes inégalités entre le nord et le sud d'une ligne virtuelle tracée entre le nord-ouest et le sud-est" de l'Ile-de-France existent, même si "globalement les 11 millions de Franciliens sont en bonne santé", indique Le Parisien.

Si au sud de cette ligne, l'accès aux services de santé est satisfaisant, au nord, la situation est préoccupante. "Nous sommes d'autant plus inquiets que certaines inégalités de santé, directement liées au niveau social, ont progressé", alerte le président de l'ARS, Claude Evin, interrogé par le quotidien. M. Evin, qui rappelle que "le niveau de revenu, les conditions de logement, la scolarisation influent directement sur la santé", doit dévoiler un plan d'action régional en juin.

Espérance de vie
. La Seine-et-Marne est la lanterne rouge des départements de la région Ile-de-France en matière d'espérance de vie pour les hommes. Elle est de 77,4 ans contre près de 80 ans (79,9 ans) dans les Hauts-de-Seine, qui est en tête du peloton. Autre département où l'espérance de vie est en dessous de la moyenne régionale (78 ans) : la Seine-Saint-Denis avec 77,9 ans. Le Val-d'Oise (78,4 ans), le Val-de-Marne (78,9), l'Essonne (79,1), Paris (79,6) et les Yvelines (79,7) se situent au-dessus de la moyenne régionale, d'après l'étude.

Mortalité infantile. La Seine-Saint-Denis détient le triste record de la mortalité infantile avec 5,4 cas pour 1 000 naissances (3,9 pour 1 000 en Ile-de-France, 3,6 sur l'ensemble de la France). Dans ce département, un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté.

Mortalité par maladie cardiovasculaire. Concernant la mortalité par maladie cardiovasculaire chez les hommes, la Seine-et-Marne se place en tête avec 173,4 cas pour 100 000, devant l'Essonne (149,3 pour 100 000) et les Yvelines (147,1).

Taux de suicide. Selon l'étude, le taux de suicide pour les hommes est le plus élevé en Essonne (19,6 pour 100 000 - moyenne régionale : 11,3), devant le Val-d'Oise (17,6) et la Seine-et-Marne (16,6). Pour les femmes, les Yvelines détiennent le record régional de suicides avec 7,5 pour 100 000 habitants (moyenne régionale : 4,9).

Par ailleurs, cette étude met en lumière le retour de la tuberculose en région parisienne, recensant annuellement un cas pour 3 630 habitants à Paris, et un cas pour 3 270 habitants en Seine-Saint-Denis.


Une partie du CHU de Caen en grève

Plusieurs syndicats ont appelés les services de psychiatrie et d'addictologie du CHU de Caen à faire grève jeudi 20 janvier.

Le personnel des services de psychiatrie et d'addictologie s'élèvent contre la suppression de postes d'aides-soignantes, dans un contexte déjà difficile. Les syndicats mettent en avant le risque de sécurité que cela engendre chez les patients comme chez les soignants.