— 8 janvier 2021
Journée de la presse en ligne, en novembre 2014 à Paris. Albert Facelly pour Libération
La pandémie a accru notre usage des objets connectés. Une étude britannique pointe l'impact de l'omniprésence en matière de stress.
«Restez connectés», «Gardez le contact», «Surfez toujours plus vite». Du fournisseur internet aux constructeurs de voitures nouvelle génération, en passant par les applications de développement personnel, la liste des arguments pour adopter un mode de vie ultraconnecté ne cesse de s’étendre au fil des années et des campagnes de pub.
Une étude publiée le 30 décembre dans la revue Human Communication Research, éditée par la prestigieuse université anglaise d’Oxford, s’est intéressée à près de 1 800 personnes et à leur manière de vivre dans ce monde omninumérique. Ses résultats démontrent un lien important entre la façon dont les personnes interrogées organisent leur vie en ligne et leur stress ressenti au quotidien.
Elle pointe en particulier le rôle joué par le phénomène d'«online vigilance», comprendre «vigilance connectée», le fait de penser constamment à Internet et aux réseaux sociaux, de guetter le moindre mail, de réagir à chaque notification ou de constamment rafraîchir son fil Instagram ou Twitter. Plus encore que la quantité de sollicitations, c’est «l’état perpétuel de connexion»qui est en cause dans le stress et «les effets négatifs» sur l’attention, soulignent les chercheurs.
Pour Valentin Flaudias, psychologue et docteur en neurosciences au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), «le fait d’être passé au numérique pour tous les aspects de la vie encourage cette hyperconnexion. Lorsqu’on est surstimulé, on est obligé d’apprendre à traiter plus d’informations en même temps. On passe moins de temps sur un cas unique, on en étudie plusieurs. Ce sont deux compétences différentes du cerveau». Le psychologue rappelle que le cerveau n’est pas immuable et qu’il s’adapte à son environnement et à son mode «automatique» imposé par cette vie connectée.
«Pour nous faire rester le plus longtemps possible sur les réseaux sociaux, ce qui est l’objectif des leaders du numérique, du marketing et des médias, la clef est de procurer des émotions, détaille-t-il. Plus on en procure, plus le cerveau doit les gérer et c’est extrêmement énergivore.»