par Clémence Mary publié le 29 juillet 2022
Qui n’a jamais déprimé un dimanche soir, parlé pour ne rien dire ou eu la flemme d’aller dormir ? De quoi ces «petits riens» sont-ils le signe et pourquoi toujours chercher à être au top ou à «mieux vivre» ? Depuis douze ans, la journaliste Géraldine Mosna-Savoye livre une philosophie du quotidien décomplexée sur France Culture, des Chemins de la philosophie, coproduits avec Adèle Van Reeth partie prendre les rênes de France Inter, à ses chroniques matinales plus récentes. Pour se libérer des injonctions culpabilisantes de la société ou des livres de développement personnel, une seule méthode selon elle : posons-nous les bonnes questions avant de chercher des réponses, propose cette passeuse exigeante mais pas excluante.
En quête d’une carte d’identité ou Promesse métaphysique d’une crème hydratante… la simple lecture des titres de ses chroniques donne le ton incisif et réjouissant de la quête de sens qu’elle ausculte. Après son Carnet de philo, pour triompher du quotidien(Michel Lafon, 2021), anti-manuel de développement personnel à podcaster plus qu’à lire, Géraldine Mosna-Savoye prépare un essai en forme d’éloge de la mollesse. Petite leçon de vie avec une décontractée du bulbe.
Comment la philosophie peut-elle aider à surmonter le quotidien ?
Ce qui m’intéresse, c’est moins ce qu’en disent les philosophes que leur méthode de pensée, qui permet de questionner des situations qu’on n’interroge pas habituellement. Et puis le quotidien renouvelle la discipline en proposant un point de départ familier, à l’opposé des vieux systèmes conceptuels plombant comme la Métaphysique ou l’Etre. Le contexte intellectuel a changé, avec l’affaiblissement de la psychanalyse qui était reine dans les 70-80, la crise de la raison que traduit l’interrogation sur les fondements de la science… Le quotidien a pris de l’importance avec la pandémie qui a renforcé les questionnements sur le sens de l’existence, et mené à un repli sur son environnement.