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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 23 décembre 2023

« Sans moyens, la maladie se transforme en furie » : la psychiatrie au bord de la rupture

 L'insoumission


Psychiatrie. Une attaque au couteau et au marteau a fait le soir du samedi 2 décembre à Paris deux blessés et un mort. L’assaillant, ex-détenu suivi pour des troubles psychiatriques, avait arrêté son traitement médicamenteux en mars 2022. 

Dans une manœuvre politique coutumière, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a imputé la responsabilité de cette attaque aux psychiatres de l’assaillant, parlant de « ratage psychiatrique » et déclarant : « Les médecins, à plusieurs reprises, ont considéré qu’il allait mieux et qu’il pouvait vivre, si j’ose dire, librement ». L’opprobre jeté par Darmanin sur les professionnels de santé n’a pas manqué de faire réagir. Bernard Granger, professeur de psychiatrie à l’université Paris Cité, a déclaré « parler d’un raté de la psychiatrie, c’est une attaque assez grossière contre notre profession, déjà maltraitée ». 

En effet, si « ratage » il y a eu, c’est celui du gouvernement qui laisse dépérir l’institution psychiatrique à bout de souffle dans notre pays. C’est ce même gouvernement qui ne donne pour seul horizon que des coupes budgétaires et qui reste inaudible face aux grèves des psychiatres dont la dernière en date était il y a à peine quatre mois. 

La France est le pays qui prescrit le plus de psychotropes dans le monde. 30% des postes en psychiatrie ne sont pas pourvus dans les hôpitaux publics. 60% des lits dans les services psychiatriques ont fermé entre 1976 et 2016. On estime à un quart le nombre d’établissements ayant fermé jusqu’à 30 % de leurs capacités d’accueil après la pandémie du Covid-19.

Dans cette crise que subit la psychiatrie, le soin des psychiatrisés est majoritairement réalisé dans l’urgence et en flux tendu, laissant peu de temps et de ressources au personnel pour s’occuper des cas dangereux comme celui de l’assaillant du 2 décembre. S’il est une leçon à tirer du drame de Bir Hakeim, c’est celle de la nécessité de pallier le délabrement du système psychiatrique pour éviter que ce type de tragédie se reproduise. Notre article.

La sectorisation : un modèle de soins ambitieux et une application défaillante

Pour mieux comprendre la crise structurelle que subit la psychiatrie depuis des années, il faut saisir son organisation particulière basée sur la sectorisation. Ce dispositif consiste à soigner les personnes en ambulatoire au plus près de leurs domiciles dans des structures dédiées (centres médico-psychologiques ou centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel par exemple). Issue de la circulaire du 15 mars 1960, cette organisation de la psychiatrie dite sectorielle était perçue comme une petite révolution humaniste dans la prise en charge des patients.

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Innovation organisationnelle en psychiatrie : 42 projets retenus en 2023

Publié le 

Lors d’un point d’étape consacré au Fond d’innovation organisationnel en psychiatrie (Fiop), la Direction générale de l’offre de soin (DGOS) a annoncé la pérennisation d’une trentaine de projets. Pour l’édition 2023, 42 projets ont été retenus pour un montant total de 12,3M€. 

Le fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie, Fiop, est un appel à projets créé en 2019. Il est piloté par la DGOS et a pour objectif de repérer des projets innovants en psychiatrie sur l’ensemble du territoire et répondant à des orientations nationales prioritaires.

À l’occasion d’une journée dédiée à l’innovation organisationnelle en psychiatrie au ministère de la Santé et de la Prévention le 18 décembre, Marie Daudé, directrice générale de l’offre de soins, a réalisé un point d’étape du financement des projets viale fonds dédié. Depuis 2019, le FIOP a permis à ce jour de sélectionner 236 projets pour un montant total de 190M€ de crédits mobilisés. Parmi eux, une trentaine seront pérennisés.

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Les scientifiques réussissent à cartographier une partie centrale du système immunitaire

Mercredi, 20/12/2023

Les scientifiques réussissent à cartographier une partie centrale du système immunitaire

Des scientifiques ont réussi à cartographier une partie centrale du système immunitaire – les molécules HLA de classe II – tout en prédisant avec précision comment elles affichent des fragments d’agents pathogènes à la surface des cellules. Lorsque nous sommes malades, notre système immunitaire – pour nous guérir – s’appuie sur nos cellules pour montrer à leur surface que quelque chose d’étranger est présent à l’intérieur. Les cellules immunitaires – en particulier les lymphocytes T – s’accrochent à la surface de la cellule et tuent le cancer, le virus ou tout autre agent pathogène présent, à condition qu’elles puissent déterminer la menace.

« Nos cellules alertent le système immunitaire de son intrus grâce à des protéines spéciales appelées molécules d’antigène leucocytaire humain (HLA). Elles sont chargées de faire savoir au système immunitaire que quelque chose ne va pas. La raison pour laquelle le corps peut détecter que quelque chose se cache à l’intérieur de la cellule est due aux molécules de classe HLA et au fait qu’elles absorbent des fragments de protéines de l’agent pathogène à l’intérieur de la cellule. Si les fragments ont des propriétés qui ne sont pas reconnaissables, le système immunitaire déclenche une réaction qui tue la cellule », explique Morten Nielsen, professeur à DTU Health Technology et auteur correspondant d’un nouvel article dans Science Advances annonçant la cartographie de plus de 96 % de l’ensemble du paysage HLA de classe II.

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L'inflammation du cerveau augmenterait les risques de suicide

Mercredi, 20/12/2023

L'inflammation du cerveau augmenterait les risques de suicide

Une étude dirigée par la Docteure Lena Brundin de l'Institut Van Andel a permis d'identifier deux éléments pouvant contribuer à l'accroissement du risque suicidaire : l'inflammation du cerveau et la perte de ses mécanismes de protection critiques.

L'équipe a comparé le cerveau de 29 personnes décédées par suicide à celui de 32 adultes emportés par d'autres causes. « Nous nous sommes concentrés sur le cerveau parce que c'est là que résident les processus biologiques qui affectent l'humeur, les idées et l'intention suicidaires, et la prise de décision », précise le Docteur John Mann de l'Université de Columbia qui a également participé à ces travaux.

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Des physiciens réussissent pour la première fois à provoquer l'intrication quantique de deux molécules

Lundi, 18/12/2023 

Des physiciens réussissent pour la première fois à provoquer l'intrication quantique de deux ...

Des physiciens américains de l'Université de Princeton ont réussi pour la première fois à provoquer et contrôler une intrication quantique entre deux molécules. Ce phénomène d'intrication quantique se manifeste quand deux particules (ou groupes de particules) sont liées de manière à ce que l’état quantique de l’une influence instantanément l’état quantique de l’autre, indépendamment de la distance qui les sépare. Cette caractéristique, initialement considérée comme irréelle par Einstein, est désormais reconnue comme un principe fondamental de la physique quantique. Lawrence Cheuk, de l’Université de Princeton, et ses collègues, ont mis en lumière l’importance de ce phénomène dans un nouvel article publié dans la revue Science.

Cette capacité d’interaction moléculaire à distance ouvre des portes vers des applications pratiques révolutionnaires, notamment dans le développement d’ordinateurs quantiques plus puissants et la simulation précise de matériaux complexes qui étaient jusqu’ici hors de portée avec les technologies conventionnelles. Les molécules, contrairement aux atomes, possèdent une structure complexe et donc plus de degrés de liberté dans le contexte quantique. Cela signifie qu’elles peuvent exister dans un plus grand nombre d’états quantiques différents. Yukai Lu, co-auteur de l’étude, souligne que « cette complexité moléculaire permet des méthodes innovantes pour le stockage et le traitement de l’information quantique ».

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L'intelligence artificielle va réinventer la médecine

Vendredi, 22/12/2023 

C'est peu de dire qu'en seulement quelques mois, l'IA et ses nombreuses déclinaisons techniques sont venues complètement bouleverser les domaines de la recherche et de la pratique médicale, au point que les spécialistes considèrent qu'il s'agit sans doute de la plus grande rupture depuis l'apparition de la médecine moderne et expérimentale, sous l'égide de René Laennec et Claude Bernard, voici bientôt deux siècles.

Il y a quelques jours, l’Université de Médecine du Michigan a présenté son système révolutionnaire de dépistage rapide des tumeurs cérébrales. Baptisée DeepGlioma, cette IA s'avère capable de détecter des mutations génétiques dans les tumeurs cérébrales cancéreuses en moins de deux minutes (Voir Nature Medicine). L’efficacité de cet outil a été évaluée dans le cadre d’une étude conduite sur plus de 150 patients atteints de gliome diffus. Ce nouvel outil DeepGlioma a permis d’identifier des mutations permettant de définir des sous-groupes moléculaires de la maladie, avec une précision de plus de 90 % en moyenne. Selon Todd Hollon, neurochirurgien à l’Université du Michigan et directeur de l’étude, « cet outil basé sur l’IA a le potentiel d’améliorer l’accès et la rapidité du diagnostic et des soins pour les patients atteints de tumeurs cérébrales mortelles ». Comme il existe plusieurs types de gliomes diffus, présentant chacun des mutations génétiques différentes, il est capital de proposer à chaque malade le bon traitement, c’est-à-dire celui qui correspond à cette spécificité génétique. En donnant aux chirurgiens le pouvoir de distinguer la nature du gliome diffus pendant l’opération, cet outil ouvre la voie à une identification précise et rapide du type génétique et moléculaire de tumeur.

À Paris, l'institut Curie utilise depuis quelques mois une intelligence artificielle capable de déterminer l'origine de cancers dont on ne connaît pas le site d'apparition. Cet outil va permettre de mieux adapter les traitements et va augmenter les chances de survie de milliers de malades chaque année (Voir Institut Curie). Cette IA révolutionnaire a été développée par la Docteure Sarah Watson, oncologue et chercheuse à l'Institut Curie. Cette scientifique s'est attaquée aux “cancers de primitifs inconnus” (CPI), des cancers qui touchent environ 7000 malades par an et se manifestent à un stade métastatique, mais on ne sait pas d'où ces métastases sont issues et on ne sait donc pas les traiter efficacement.

Cette chercheuse, en partenariat avec des spécialistes de plusieurs autres centres en France, a entraîné un logiciel d'IA à reconnaître l'origine de cancers à partir de dizaines de milliers de séquences ARN de tumeurs récupérées par biopsie. Cet outil d'IA a ensuite été utilisé sur une cinquantaine de tumeurs d'origine non identifiée avec les outils standards. « Dans plus de 80 % des cas, l'IA a pu nous indiquer le tissu d'origine avec des scores de prédiction extrêmement élevés, et ces patients pour lesquels nous avons enfin pu identifier le tissu d'origine ont une durée de survie triplée par rapport aux patients dont le cancer a une origine qui reste inconnue », précise Sarah Watson. Elle travaille à présent à améliorer encore cet outil en lui fournissant davantage de données, qui soient à la fois plus diversifiées et de meilleure qualité, mais toujours avec le consentement formel des malades.


Sur les troubles psychotiques, de nouvelles connaissances

Publié le 21/12/2023

Après 1978, date de la parution de l'ouvrage de DA Moneret-Vautrin et B Aubert "Le risque de sensibilisation aux colorants alimentaires et pharmaceutiques" (1) les allergologues, obnubilés par les aliments et les objets colorés ont activement recherché des allergies et/ou des intolérances aux colorants et aux additifs alimentaires. L'expérience professionnelle nous fait penser qu'il y eut beaucoup d'excès de diagnostics ! C'est ce que montre cette observation personnelle, vue en 1978-1979 qui nous a probablement privé d'un diagnostic rare pour l'époque !

Julien et la tartrazine

L’enfant Julien B. manipule un objet de couleur jaune et développe un important œdème du visage et des lèvres, un syndrome d'allergie orale (SAO), sans autre symptôme (ni stridor, ni bronchospasme). Bien que la possibilité de SAO aggravé n'ait donné lieu que beaucoup plus tard à une publication (2), la possibilité d'aggravation était connue depuis la parution des articles princeps d'Amlot et Lessof qui évaluaient autour de 10 % la fréquence de l'anaphylaxie au cours du SAO (3, 4).

Métacognition, sentiment d’appartenance et résilience : la recette pour les infirmières débutantes en UNI !

Publié le 22/12/2023

Geneviève Perennou

Les infirmières sont les premières à reconnaître les risques et les situations critiques des nourrissons et à prendre des mesures pour y remédier dans les unités de soins intensifs néonatals (UNI). La pénurie de professionnels qualifiés a conduit à l'intégration d'infirmières novices dans les UNI, générant chez elles du stress et une satisfaction réduite.

Ces jeunes infirmières éprouvent des difficultés touchant la concentration, l'attention focalisée et la préservation de la conscience momentanée. Elles ont besoin d'aide pour gérer les paramètres cliniques et sont souvent confrontées à des situations réelles sans savoir ce qui est attendu d'elles. La métacognition peut être définie comme la représentation que l'élève a des connaissances qu'il possède et de la façon dont il peut les construire et les utiliser.

Les spermatozoïdes transgressent les lois de la physique

Repéré par Lola Buscemi — 

Leur propulsion enfreint la troisième loi du mouvement d'Isaac Newton.

Les spermatozoïdes poussent, mais personne ne les repousse. | Dainis Graveris via Pexels

Les spermatozoïdes poussent, mais personne ne les repousse. | Dainis Graveris via Pexels

Enfreindre les lois de la physique est impossible. Sauf pour les spermatozoïdes. Début 2023, une équipe de chercheurs de l'Université de Kyoto, au Japon, a découvert que des micro-organismes tels que les spermatozoïdes et certaines algues se propulsent d'une manière qui leur permet d'agir sans créer de réaction réciproque, comme Newton l'a décrété pour tout mouvement dans sa célèbre troisième loi, indique New Scientist.

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Pourquoi brûlait-on le père Noël ?

Vendredi 22 décembre 2023

En 1951, l'effigie du Père Noël, pendue aux grilles de la cathédrale de Dijon, est brûlée sur le parvis au motif que ce personnage païen n'existe pas. ©AFP - AFP

Comment les anthropologues, et notamment Claude Lévi-Strauss, ont-ils analysé la fête de Noël ? Qu'est-ce qu'incarne le personnage du père Noël ?

Le dimanche 23 décembre 1951, sur le parvis de la cathédrale de Dijon, des ecclésiastiques n'hésitèrent pas à brûler l'effigie du père Noël pour protester contre une coutume venue d’outre-Atlantique et qui était issue, selon eux, d'un rituel païen.

La "fête des fous"

Ce fait divers intrigua fortement l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, à tel point qu'il lui consacra une étude publiée en 1952, dans la revue de Jean-Paul Sartre,  Les Temps modernes. Il part du constat que la croyance dans l'origine païenne de la fête de Noël a été alimentée par les historiens des religions et par les folkloristes. Ces derniers ont montré, en effet, que ce qu'on appelait au Moyen-Age, la "fête des fous", était un lointain prolongement des Saturnales de l'époque romaine. A l'issue de ces festivités, le peuple élisait un pape des fous, appelé "l'abbé de Liesse". Les enfants, déguisés en morts-vivants, se déplaçaient en bandes, de maison en maison, chantant et faisant des vœux, en échanges de fruits ou de gâteaux.

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L’histoire, c’est l’étude du changement

Vendredi 22 décembre 2023

Yuval Noah Harari lors d'une conférence à l'Université Libre de Bruxelles, le 27 janvier 2020 ©AFP - KRISTOF VAN ACCOM

L'historien israélien Yuval Noah Harari est l'invité des Matins. Révélé par son livre "Sapiens : une brève histoire de l'humanité". Vendus à plus de 45 millions d'exemplaires dans le monde, ses ouvrages proposent une lecture de l'histoire et de l'avenir de l'humanité.

Avec

Yuval Noah Harari historien et professeur d’histoire à l’université hébraïque de Jérusalem, auteur du best-seller international Sapiens, une brève histoire de l’humanité (Albin Michel) et de Pourquoi le monde est-il injuste ? (illustré par Ricard Zaplana Ruiz, chez Albin Michel Jeunesse, 2023

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Histoire de la « psychothérapie centrée sur la personne »

 

Publié en ligne le 22 décembre 2023 

PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE

La « psychothérapie centrée sur la personne » (PCP) désigne une thérapie développée par le psychologue américain Carl Rogers (1902-1987) à partir des années 1940. Dès le début de sa carrière, Rogers a utilisé le terme « client » contrairement aux autres thérapeutes qui parlaient de « patient », « malade », « névrosé » ou « analysé ». Il estimait que le mot « patient » évoque une situation médicale, où un « malade », passif, doit se montrer « patient », suivre une ordonnance ou subir un traitement. Son livre Client-centered therapy (1951) a lancé l’usage de ce terme, aujourd’hui courant chez les psychothérapeutes anglo-saxons non-médecins. Le mot évoque la relation d’un professionnel qui fournit un service moyennant rétribution à une personne en difficulté, qui prend des responsabilités et est actif.

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A lire et à déguster…sans modération

PAR 
 
PUBLIÉ LE 22/12/2023

Une formation réenchantée, une prise en compte des facteurs humains pour éviter les erreurs, et des recettes de pâtisseries bonnes pour la santé. Nos livres du mois Sont à la fête.

Pâtisserie santé, de Sandrine Baumann-Hautin (éditions Vuibert)

Prendre soin de sa santé et se faire plaisir en mangeant des pâtisseries, c’est possible. La preuve par cette cheffe pâtissière qui livre des recettes gourmandes en phase avec les besoins nutritionnels des malades chroniques.

Pâtisserie Santé


Facteurs humains en santé, coordonné par Régis Fuzier et François Jaulin (éditions Arnette) 

Capable d’être ingénieux, résilient, novateur et intelligent, l’être humain a aussi comme caractéristique de faire des erreurs. 

Facteurs humains en santé

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La "folie" de plus en plus visible dans nos grandes villes : l’offre de soins de santé mentale est-elle saturée ?

Le 23 décembre 2023

Par Fabienne Cullus 

BELGIQUE

"On croise aujourd’hui de plus en plus de fous dans nos villes" : voici une phrase qu'on entend régulièrement ces derniers temps. Mais peut-on hospitaliser quelqu’un contre son gré ? A quelles conditions ? L’offre de soins est-elle à ce point saturée ? Julie Morelle a sollicité Caroline Depuydt, psychiatre, médecin chef à l’hôpital Fond’Roy, et Perle Gueguen, psychologue clinicienne au Samu social, pour répondre à ces questions dans Déclic.

Si la folie est un mot-valise qui recouvre une série de réalités différentes, cette "folie" semble de plus en plus visible dans l’espace public. Entre les personnes qui parlent toutes seules dans la rue, celles qui sont agressives (envers les autres ou elles-mêmes) et celles qui ne sont plus en lien avec les autres, le dénominateur commun est – et reste – la souffrance. Les établissements de soins psychiatriques tout comme le Samu social s’accordent pour pointer la période du covid comme point de départ à cette augmentation. Perle Gueguen, psychologue clinicienne au Samu social affirme : "Depuis le COVID, les troubles psychiatriques, les assuétudes et les syndromes de stress post-traumatique avec les situations de migration, ont décuplé dans nos centres."

Troubles de santé mentale et précarité

Le lien bidirectionnel entre les troubles de santé mentale et la grande précarité ou le sans-abrisme a toujours existé. Les personnes qui ont des troubles de santé mentale ont beaucoup plus de risques de se retrouver précarisées parce que notre société demande d’être très organisé pour s’insérer, ce qui est loin d’être évident quand on a un problème psychique important. Et dans l’autre sens, les personnes qui sont tombées dans la précarité ont plus de risques de souffrir de troubles mentaux en raison de l’angoisse du lendemain, du traumatisme et du désarroi dus à leur situation.

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vendredi 22 décembre 2023

La folie documentaire : filmer la vie en hôpital psychiatrique

Nonfiction

  • Publication • 18 décembre 2023





Dans ce douzième épisode de la Piqûre de rappel, Juliette Naviaux évoque l'histoire récente des productions de films documentaires au sein des institutions psychiatriques.

La folie est omniprésente au cinéma. Elle anime les protagonistes des films de Werner Herzog et peuple la cinématographie des réalisateurs de documentaires Raymond Depardon et Robert Wiseman. Mais elle est aussi présente dans un ensemble de productions beaucoup moins connu. Il s’agit de films documentaires réalisés au sein même des institutions psychiatriques, par des soignants, souvent avec des moyens amateurs et à vocation pédagogique. La production a été si importante qu’un festival a été organisé à leur sujet, celui de Lorquin en Moselle, qui existe encore aujourd’hui.

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Pourquoi avons-nous besoin du merveilleux ?



Clara Degiovanni publié le  

Imaginaire

Dans un monde cynique et désenchanté, le merveilleux peut sembler mièvre et superflu. Pourtant, les forêts oniriques et enneigées, peuplées de lutins, de sorcières et de princesses, obéissent à des besoins humains profonds : être rassuré, douter, exprimer ses désirs ou se relier aux autres. Bergson, mais aussi Beauvoir et Todorov nous ouvrent les lourdes portes (parfois cruelles) des contes de fées.

Il fut un temps ou le merveilleux était partout. Avant d’être appelé « miracle », il était inclus dans une vision animiste du monde. Les cimes de la montagne, les animaux, l’orage qui gronde étaient dotés d’un pouvoir extraordinaire, à la fois esthétiquement satisfaisant et étonnement réconfortant. Ce besoin de merveilleux, qui poussait les hommes à donner un prénom aux arbres de la forêt et à supplier la divinité de la pluie, Henri Bergson l’a appelé « fonction fabulatrice ». Une telle faculté inhérente à tous les hommes s’explique par « le désir d’agir sur n’importe quoi, même sur ce qu’on ne peut atteindre », analyse le philosophe dans Les Deux Sources de la morale et de la religion (1932). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le besoin de merveilleux n’est donc pas l’apanage des rêveurs, contemplatifs et passifs. La fonction fabulatrice vise au contraire à donner aux hommes ce qu’il faut de courage pour agir dans un monde hostile, et quand l’individu se retrouve faible et désarmé. « À défaut de puissance, nous avons besoin de confiance », explique Bergson.

“Les Rencontres du Papotin” : quand l’autisme abolit les distances

Clara Degiovanni publié le  

Dans Les Rencontres du Papotinune série documentaire sur France 2, des journalistes porteurs de troubles du spectre autistique interviewent différentes célébrités. Lors de ces discussions, ces personnalités se laissent souvent aller à une forme inhabituelle de sincérité. Comment ces journalistes dits « atypiques » font-ils pour délier les langues et faire tomber les barrières ? Pistes de réponse avec Erving Goffman, penseur du stigmate et de la différence.

« Ici on peut tout dire » et « tout peut arriver »Voici les deux règles que Julien Bancilhon, psychologue et modérateur des Rencontres du Papotin, prend le temps de rappeler avant chaque entretien. La mise en scène de la rencontre est ritualisée : après avoir reçu ces informations, l’invité – tels Gilles Lellouche, la chanteuse Angèle ou plus récemment Christiane Taubira – se présente devant une cinquantaine de journalistes d’âges et de styles différents, tous porteurs d’un trouble du spectre autistique. Pendant cette mise en place, il y a toujours un peu de bruit : cris de joie, chuchotement, ou battement de mains. Divers instruments de musique trônent dans la pièce. La très belle lumière de l’Institut du monde arabe, qui accueille les rencontres, nimbe les visages et dévoile les expressions des participants. Le téléspectateur mais aussi l’invité sont immergés dans une atmosphère volubile et sensible, pleine de mouvement et de liberté.

Devenir un diamant après sa mort : l’alchimie du XXIe siècle

Octave Larmagnac-Matheron publié le 

De plus en plus d’entreprises de la « death tech » proposent à leurs clients de transformer leurs cendres post-mortem en diamant. Une manière de « vivre éternellement » qui renoue avec certains fantasmes anciens de l’alchimie orientale décrits par Carl Jung.

« Je dis chantez le diamant qui naît des cendres de la mort »

Léopold Sédar Senghor, « L’Absente »

Devenir un diamant après sa mort ? L’idée séduit de plus en plus, en Allemagne et au Japon notamment, comme le souligne un article récemment paru sur le site Korii. La technique, mise au point en 2001 par la société américaine LifeGem, est relativement simple. Les diamants sont essentiellement composés de carbone ; or, le carbone est un élément omniprésent dans le corps humain ; il est alors possible de récupérer les cendres riches en carbone d’un défunt pour les transfigurer en un petit cristal, en utilisant les techniques bien rodées utilisées dans la production de diamants synthétiques.

La technologie rejoint en fait ici de très anciens fantasmes archétypiques liés au désir d’immortalité. Qu’est-ce après tout que le diamant, sinon une substance qui, caractérisée par son extrême « dureté et son incorruptibilité », « symbolise la persistance éternelle », la victoire ultime sur la mort, comme le dit Carl Jung dans sa série de lectures prononcées entre 1938 et 1940 et regroupées sous le titre Psychology of Yoga and Meditation (Princeton University Press, 2021) ? Transformé en diamant, quelque chose de moi pourra continuer indéfiniment sans subir les affres du temps.

Comment soigner les enfants et les adolescents atteints de troubles psychiques ?

Lundi 18 décembre 2023

Provenant du podcast

La Question du jour

Selon un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge publié en mars, entre 2014 et 2021, la prise de psychotropes par les mineurs a doublé ©Getty - Bernard Bisson/Sygma

Différents faits divers ces dernières semaines, dont l’histoire de la jeune collégienne armée d'un couteau, ont replacé sous les projecteurs la question de la santé mentale des jeunes et surtout celle des soins que l’on peut y apporter.

Avec

Bernard Golse Pédopsychiatre-psychanalyste (membre de l’Association Psychanalytique de France) et Professeur émérite de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université René Descartes

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CHRU de Tours : des agents dénoncent la fermeture de lits en psychiatrie

Publié le 

Une cinquantaine d’agents de psychiatrie ont manifesté mardi 19 décembre 2023. Certains depuis la terrasse du premier étage.

Une cinquantaine d’agents de psychiatrie ont manifesté mardi 19 décembre 2023. Certains depuis la terrasse du premier étage.
© (Photo NR, Cécile Lascève)

Pour contester la fermeture de douze lits en psychiatrie B sur le site de Trousseau, une cinquantaine de soignants du CHRU de Tours ont manifesté devant l’unité, mardi 19 décembre 2023.

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Les ARS doivent décliner leur feuille route santé mentale et psychiatrie 2023-2025

Publié le 

Une instruction vise à accompagner les ARS pour élaborer leur Feuille de route régionale santé mentale et psychiatrie (voir notre article), pour les deux années à venir. Les ARS doivent donc identifier toutes leurs actions régionales engagées ou programmées en santé mentale qui se rattachent aux actions de la feuille de route nationale et qui sont appelées à constituer de facto leur « feuille de route régionale ». Les modalités de suivi de ces « feuilles de route régionales » et d’échanges entre les ARS et le niveau national sont décrites

Depuis 2018, la feuille de route « santé mentale et psychiatrie » fixe le cap de la politique de santé mentale et de psychiatrie. Elle a été enrichie des 30 mesures annoncées le 28 septembre 2021 à l’issue des Assises de la santé
mentale et de la psychiatrie. La présente instruction vise, dans le respect des marges de manoeuvre permettant aux ARS
d’adapter les différentes actions à leur territoire :

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Santé En 2022, plus de 6 700 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en France

par LIBERATION et AFP   publié le 13 décembre 2023

Depuis fin 2016, près de 29 800 lits ont été supprimés, correspondant en majorité à la présidence d’Emmanuel Macron. Beaucoup plus que sous François Hollande mais nettement moins que durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
publié aujourd'hui à 7h22

Plus de 6 700 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en 2022, poursuivant la baisse constatée ces vingt dernières années, selon le bilan de la direction statistique des ministères sociaux (Drees) publié ce mercredi 20 décembre. Au total, près de 29 800 lits ont été supprimés sur la période fin 2016-fin 2022, correspondant en majorité à la présidence d’Emmanuel Macron. Soit beaucoup plus que sous son prédécesseur François Hollande (-15 000 entre fin 2012 et fin 2017) mais nettement moins que durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy (-37 000).

La rémunération, principal facteur de santé mentale au travail

Serge Cannasse  14 déc. 2023

Depuis une quinzaine d’années, la santé mentale au travail s’est progressivement installée comme un problème majeur de santé publique, abordée avec des notions comme le stress, le risque suicidaire, le burn-out, le harcèlement moral et aujourd’hui, les risques psychosociaux. Pour savoir ce qu’en pensent les principaux intéressés, les travailleurs, la Fondation Jean Jaurès a piloté une enquête auprès d’un échantillon représentatif de 1.002 personnes, interrogées par questionnaire auto-administré en ligne du 7 au 9 novembre 2023.

La rémunération, facteur principal d’épanouissement au travail

Alors que nombre de commentateurs avancent la perte de sens au travail comme le principal facteur de désengagement des salariés, avancé par 27% des sondés, l’enquête montre que le principal facteur d’épanouissement professionnel est la rémunération pour 59% des sondés et l’ambiance au travail pour 57% d’entre eux. Pour les auteurs, cela n’est guère étonnant : « La rémunération n’a pas seulement une fonction économique et financière, permettant de donner à chaque travailleur un pouvoir sur sa vie. Elle représente aussi une reconnaissance pour l’investissement au travail, les efforts réalisés, et les compétences requises qui se comparent à d’autres rémunérations. » Elle participe aussi au sentiment d’appartenance à l’entreprise.

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Qui sont les consommateurs de CBD ?

Serge Cannasse      27 janv. 2023

En novembre 2020, la Cour de justice de l’Union européenne rendait un arrêt affirmant que le cannabidiol (ou CBD) n’était ni un médicament, ni un stupéfiant. En conséquence, l’interdiction française de le vendre était une atteinte à la libre circulation des marchandises. Même si la transformation du cannabis reste interdite en France, vendre du CBD est devenu légal. Depuis, les boutiques de vente se sont multipliées et l’engouement pour ce produit ne semble pas ralentir.

Plusieurs enquêtes ont montré que les effets recherchés sont souvent de réduire stress et anxiété. Une équipe de chercheurs (en santé publique et économie) a cherché à préciser qui sont les utilisateurs de CBD. Pour cela, elle a réuni un panel de 197 d’entre eux, ce qui lui a permis d’identifier 4 sous-groupes :

  • Des mères éduquées en bonne santé (71 usagers).
  • De jeunes fumeurs (68 usagers).
  • Des personnes âgées rurales et en mauvaise santé (33 usagers)
  • Des hommes en difficulté financière, en mauvaise santé ou usagers d’alcool (25 usagers).