Publié le 10 mai 2022
En réponse au texte de La Presse Canadienne « Manifestation pour réclamer l’abolition des électrochocs en psychiatrie », publié le 7 mai
JEAN-PHILIPPE MIRON, PAUL LESPÉRANCE ET DIDIER JUTRAS-ASWADPSYCHIATRES ET CHERCHEURS*
En tant que psychiatres et chercheurs au CHUM, nous avons lu avec intérêt l’article paru dans La Presse le 7 mai dernier au sujet de l’électroconvulsivothérapie (ECT)1. Nous nous permettons donc de contribuer au débat.
Il nous semble d’emblée nécessaire de mentionner que nous croyons profondément que ce type de prise de parole de la part des personnes avec une expérience vécue des troubles de santé mentale est essentielle pour faire avancer la compréhension et les traitements pour ces conditions. Les ECT, inventés il y a près de 85 ans, ont connu une évolution importante depuis les quatre dernières décennies et restent parfois encore aujourd’hui le dernier espoir pour certaines personnes souffrant de troubles mentaux sévères. Tel que confirmé par un nombre important d’études scientifiques, les ECT sont maintenant plus sécuritaires, généralement bien tolérés, et s’avèrent une thérapie fort efficace dans les cas de dépression réfractaire sévère.
Certaines statistiques présentées dans l’article nous semblent aussi devoir être mieux contextualisées. Il est notamment attendu que les ECT soient davantage administrés à des personnes plus âgées étant donné l’évolution naturelle de la dépression majeure, qui peut se compliquer en vieillissant (épisodes plus longs, plus sévères et plus réfractaires à travers le temps). De plus, on peut s’attendre à une certaine surreprésentation des femmes en ECT, puisque deux fois plus d’entre elles souffrent de dépression que d’hommes, peu importe la culture.2
Bien que les troubles cognitifs induits par ce traitement se résorbent dans la vaste majorité des cas3et que plusieurs individus voient même au contraire leur mémoire s’améliorer4, nous comprenons les inquiétudes générées par les ECT.
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