René Frydman, propos recueillis par publié le
Pour l’auteur de la Tyrannie de la reproduction (Odile Jacob, 2024), le gynécologue-obstétricien René Frydman, les récentes avancées de la médecine ont fait naître l’idée que l’enfant était un droit imprescriptible, édulcorant ainsi les limites biologiques du corps mais aussi les difficultés physiques et psychiques inhérentes aux aides à la procréation.
L’Organisation mondiale de la santé estime qu’aujourd’hui, une personne sur six est infertile. Les Nations unies évoquent un problème sanitaire majeur. Partagez-vous ce constat ?
René Frydman : Les démographes projettent deux milliards d’êtres humains en plus en 2050 ! Je ne sais pas à quel point ce qui se passe est général ou localisé ; l’Afrique, l’Amérique latine ou l’Indonésie semblent peu concernées. Incontestablement en Europe, en Russie ou au Japon, le nombre de naissances par an est en baisse. En France en 2023, il a chuté de 6,6% par rapport à l’année dernière. Et de presque 20% par rapport à 2010. Quels sont les facteurs en jeu ? L’infertilité est incontestablement liée au recul de l’âge de la volonté d’être mère : l’allongement des études, la professionnalisation des femmes, tout cela recule le désir d’enfants, parfois au-delà des frontières du biologique. Après 42 ans, rappelons qu’il est assez exceptionnel de pouvoir enfanter.