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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 18 août 2020

Émotions musicales 5 ÉPISODES (5 DISPONIBLES)

La Série musicale d'été : podcast et réécoute sur France Culture
À PROPOS DE LA SÉRIE
Frissonner, pleurer ou même… rire ! La musique serait la langue des émotions, paraît-il, jusque dans le corps, et « La Série musicale d’été » invite toute la semaine à ressentir et comprendre ce qui nous rend bien vivants, dans les écouteurs ou en salle de concert. Peur, tristesse, colère ou extase, toutes les musiques sont conviées pour un parcours qui devrait exciter vos sens, de Franz Schubert à Donna Summer, d’Ennio Morricone à Francis Bebey.
TOUS LES ÉPISODES
59 MIN
LE 10/08/2020
La musique est-ce vraiment l'émotion pure ? Une playlist en classique, jazz, chanson, pour vous toucher évidemment, mais aussi en savoir un peu plus sur...
59 MIN
LE 11/08/2020
Aujourd’hui, on vous parle de l’émotion star de la musique, la tristesse : nostalgie, mélancolie, deuil, chagrins d’amour en tous genres… La musique partout,...
59 MIN
LE 12/08/2020
Le poil qui se hérisse, le cœur qui s'accélère… prenez garde, on vous emmène aujourd’hui dans le territoire de la peur.

Guillaume Lelong, psychologue clinicien, écrit une lettre au ministre de la Santé, concernant le statut de son métier menacé par le Ségur de la Santé qui vient de se dérouler.

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Guillaume Lelong   Psychologue clinicien


Monsieur le ministre des Solidarités et de la Santé,
Je vous adresse cette lettre ouverte suite aux conclusions préliminaires issues du Ségur de la Santé, lesquelles questionnent le statut de la profession de "psychologue clinicien".
Ma profession de psychologue clinicien, laquelle est en réalité plutôt méconnue, est fort mal représentée si ce n’est par des poncifs parfois fantasques que vous avez sans doute à l’esprit comme tout un chacun. Je souhaite interroger la dynamique à l’œuvre depuis un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), lequel a été rédigé sans qu’aucun psychologue ne soit convié à la table des discussions. Il en fut évidemment de même pour le Ségur de la Santé où Nicole Notat a préconisé des mesures concernant notre métier sans que sa légitimité en Sciences humaines et sociales (SHS) soit, me semble-t-il, établie.

UNE PROFESSION MÉCONNUE

Le psychologue clinicien est un professionnel qui a validé un master 2 en psychologie, soit un bac +5. A ceci s’ajoute une conditionnalité dans le choix du master et des stages car tout psychologue en titre n’a pas vocation à être au chevet du patient. Bon nombre des facultés ont considéré que la maitrise devait être faite en deux ans en raison des objectifs professionnels à atteindre. Ceci prolonge donc à 6 ans la durée des études, comme pour certaines professions médicales.
En licence 1, les universités ont souvent plus de 1000 étudiants. En général, ces mêmes universités n’ont que deux ou trois Masters professionnalisants qui destine l’étudiant vers la voie psychopathologie, développementale ou neuropsychologique. Sur 1000 étudiants, seuls 60 à 90 seront des "cliniciens" au sens très large du terme. Il y a donc une sélection réelle et exigeante dont le numerus clausus n’est pas sans rappeler le concours de première année en médecine à la différence près que le couperet n’est pas à l’entrée du parcours mais en cours d’un cursus déjà bien entamé.
Cette formation recouvre moult domaines et n’est pas essentiellement littéraire. Le psychologue est formé à la rigueur de la démarche scientifique qui doit être aussi rompu aux statistiques pour s’appuyer sur les publications qui jalonnent les recherches, notamment en sciences cognitives et en neurosciences (neuroanatomie et imagerie, neurophysiologie, pharmacologie, neuropsychologie…). Il est tout aussi formé à la psychopathologie et la démarche diagnostique, qu’à la rigoureuse pratique du bilan. Il est formé à la psychologie sociale et à la psychologie du développement pour saisir le sujet au contact des groupes sociaux et dans le temps. Enfin, il est aussi formé à l’épistémologie, à l’anthropologie, à la philosophie car "sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme" comme le scandait Rabelais. Ainsi le psychologue est-il garant de l’intégrité du Sujet dans un parcours de soin où le focus se concentre toujours un peu plus sur l’organe et l’organique. Le psychologue est le trait d’union entre le monde médico-scientifique et le patient.
En institution, le psychologue clinicien est très souvent un cadre A, un cadre statutaire. Ainsi le psychologue clinicien ne saurait être sous l’autorité du Cadre de Santé avec lequel il collabore. Il n’est pas d’avantage sous l’autorité du médecin dont il est un des partenaires. Le psychologue dépend directement de la Direction des établissements. Cette autonomie du psychologue est garante d’une posture essentielle à son travail, d’être à la croisée de multiples champs expérientiels, et être vecteur du discours du patient sans subordonner le patient à sa propre subordination professionnelle. Cette place du psychologue, plutôt atypique, est aussi ce qui l’émancipe de la médecine (il n’est pas un paramédical), et aussi de la philosophie (laquelle n’est pas une science). C’est un professionnel des SHS qui exerce très souvent dans le domaine de la santé.
Le psychologue clinicien est un acteur essentiel du parcours de soins pour de nombreux patients
Nonobstant, le psychologue est reconnu comme étant un acteur de soins sans être une profession de santé. Il doit avoir un numéro ADELI à l’ARS mais a un numéro APE très vague qui ne le différencie pas des soi-disant "psy", sans diplôme, se targuant de prodiguer des soins psychiques (psychopraticiens, hypnopraticiens, philopsychologues, psychomagnétiseurs, énergéticiens, coachs, dispensateurs de poudre de perlimpinpin et j’en passe…).
Le psychologue clinicien est un acteur essentiel du parcours de soins pour de nombreux patients. Sans psychologue, la question diagnostic demeure floue. Or dans de très nombreuses problématiques il est le seul à être formé et habilité à la passation de certains tests, lesquels sont essentiels aux équipes soignantes, y compris au médecin, ainsi qu’aux patients pour obtenir les aides nécessaires.
Sans psychologue, pas de psychothérapie maîtrisée autre que sauvage. Oh, je sais que pour rationaliser les coûts, moult Centres Médico-Psychologiques (CMP) délèguent cette tâche d’apparence peu exigeante à des infirmiers. C’est une erreur. Les infirmiers en psychiatrie ont bien sûr toute leur place dans le parcours de soins psychiques (ateliers thérapeutiques supervisés, temps informels du quotidien et échanges humains, soins infirmiers, dispensation médicamenteuse…) mais ils n’ont pas la formation en psychopathologie présumant d’une compétence à se faire psychothérapeutes.

Diffusion du film réalisé par Murielle Senn sur le patrimoine et les 400 ans d’histoire du Centre Psychothérapique de Nancy Chapelle Saint-Roch – Centre de psychothérapie de Nancy Laxou

https://www.unidivers.fr/wp-content/uploads/2019/12/logo-unidivers-home.png

https://www.unidivers.fr/wp-content/uploads/2020/07/chapelle-saint-roch-centre-de-psychotherapie-de-nancy-laxou-2020-09-18.jpg

Ce film a pour vocation de rappeler les événements qui ont marqué le Centre Psychothérapique de Nancy, depuis le jour où une noble dame, Anne Feriet légua une somme de 30 000 francs, afin de fonder un hôpital pour les malades atteints de la peste. C’était le 4 avril 1597. Depuis, ce lieu a connu bien des vicissitudes, mais, il ne s’est jamais écarté de sa vocation première : la lutte contre l’exclusion.


"Je suis passée tout près de la mort" : après le traumatisme de la réanimation, la longue reconstruction psychologique des patients Covid-19

franceinfo:  

Valentine Pasquesoone Mis à jour le 

Assis au bord du lit, le regard souriant, Philippe Cottereau attend le retour à sa vie normale. Ce début de soirée ensoleillé est le dernier que cet ancien de la RATP passera ici, dans cette chambre étroite du service de médecine physique et de réadaptation de l'hôpital Fernand-Widal, à Paris. Le retraité de 65 ans, le visage rond et la barbe blanche, est impatient de laisser derrière lui quatre mois d'hospitalisation. Son corps tremble encore, habité par le Covid-19 et trois semaines de réanimation. Son bras gauche est comme paralysé. "Je suis heureux, ça fait drôle de savoir qu'on a failli y passer", dit-il, ému. "Psychologiquement, aujourd'hui, c'est merveilleux par rapport à là où je suis passé."

Comme lui, de nombreux malades ayant survécu à la maladie après un séjour en réanimation en portent les traces physiques et psychiques. Ces séquelles sont "une menace réelle, dont l'importance reste mal évaluée", de l'avis de l'Académie nationale de médecine (fichier PDF). Ces patients, toujours dans "une longue convalescence""sont intensément marqués", alerte-t-elle. "En plus de la récupération fonctionnelle des organes atteints, ils ont besoin d'un soutien psychologique".


Toulouse. L’hôpital Marchant prépare ses cinq prochaines années

Publié le 
https://images.ladepeche.fr/api/v1/images/view/5f2780b3d286c221010aa9e5/large/image.jpg?v=1
Le centre hospitalier Gérard Marchant compte 
607 lits et places mais 80 % de ses patients 
sont suivis à l’extérieur, en ambulatoire. 
Ici, les bâtiments administratifs.
Le centre hospitalier Gérard Marchant, spécialisé en psychiatrie, vient de publier son projet d’établissement pour la période 2020-2024. Avec des projets à destination des jeunes et des plus âgés.
La Covid-19 et le déclenchement du plan blanc ont retardé de quelques mois la publication du projet d’établissement de l’hôpital psychiatrique Gérard Marchant. Mais le contenu n’a pas changé, l’objectif est toujours de proposer une offre de soins psychiatrique publique la plus proche des patients, dans un contexte où les moyens financiers ne suivent pas la courbe croissante des besoins. Et où la Covid-19 aura encore des répercussions.
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Michèle Delaunay, ex-ministre et médecin : « L’isolement individuel en Ehpad a été une erreur »

La crise du Covid-19 est l’occasion de mettre en évidence les insuffisances des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes dans des situations d’urgence et de fin de vie, selon l’ancienne ministre.
Propos recueillis par  Publié le 30 juillet 2020
La médecin et ex-ministre Michèle Delaunay à Hossegor (Landes), le 28 juillet.
Médecin spécialisée en cancérologie cutanée, Michèle Delaunay, 73 ans, a été députée (PS) de la Gironde de 2007 à 2012, puis ministre déléguée de François Hollande, chargée des personnes âgées et de l’autonomie, de 2012 à 2014.
Depuis 2016, elle préside le conseil d’administration de l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped) de l’université de Bordeaux. Son dernier ouvrage, Le Fabuleux Destin des baby-boomers (Plon), évoque les questions vertigineuses posées par le vieillissement et la perspective de la mort en série des 20 millions de personnes de la génération née entre 1946 et 1973.

Dès le début du confinement, vous avez alerté sur les dangers du virus dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), appelant à équiper en urgence le personnel, suggérant même aux familles qui le pouvaient de reprendre leurs proches avec eux. Pourquoi ?

D’abord pour soustraire autant que possible des résidents au chaudron de contamination que pouvait devenir un Ehpad et à l’isolement qui leur était imposé.

Femmes et hommes sont-ils égaux à vélo ?

cnrs-le-journal-logo - La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences
25.05.2020, par 
Utilisé à plein durant la pandémie, le vélo conforte son image de transport urbain idéal en 2020. Mais toutes et tous y accèdent-ils dans un espace public égalitaire ? Le vélo a-t-il un sexe ? Un âge ? Éléments de réponses et propositions de mesures grâce à une étude du géographe Yves Raibaud réalisée pour Bordeaux Métropole. Cette analyse fait partie des 10 contenus les plus lus sur notre site ces douze derniers mois.
Un avenir radieux est promis au vélo dans les villes qui se déconfinent dans l’inquiétude d’un rebond de l’épidémie. Distance sociale, plein air, usage individuel mi-loisir mi-utilitaire, il semble paré de toutes les vertus. Déjà vanté dans l’aménagement des villes et les bonnes pratiques du développement durable, il devient à présent un nouvel acteur de la lutte contre le Covid-19. Ainsi, après une opération similaire durant les grèves de cet hiver, l’État subventionne-t-il son achat en ce printemps létal où la peur de la contamination court les rues.
 

Déjà vanté dans l’aménagement des villes et les bonnes pratiques du développement durable, le vélo devient un nouvel acteur de la lutte contre le Covid-19.
Certains proposent l’idée que ce nouveau coronavirus pourrait agir comme un « opérateur » ou « actant »1 désorganisant et réorganisant le monde dans tous les aspects de la vie sociale. Mais dans nos sociétés, qui peut réellement faire du vélo ? Quels sont les freins à sa pratique ? Ne devrait-il pas aussi être interrogé comme un « opérateur hiérarchique » de genre ou d’âge, célébrant de façon invisible les pratiques des classes dominantes habitant le centre-ville ?

Michelle Perrot : «Selon un modèle hérité du XIXe siècle, la place des femmes a été invisibilisée»

Par Sonya Faure et Cécile Daumas — 




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Michelle Perrot : «Selon un modèle hérité du XIXe siècle, 
la place des femmes a été invisibilisée» 
Illustration Sarah Bouillaud

Si, depuis plus d’un siècle, la situation des femmes dans la société occidentale a évolué, leur occupation dans l’espace public, encore très genré, reste au cœur des revendications féministes.

Il est des mots qui se conjuguent différemment au féminin et au masculin. Le mot «public», par exemple. «L’homme public, éminent sujet de la Cité, doit en incarner l’honneur et la vertu, écrit l’historienne Michelle Perrot. Dépravée, débauchée, la fille publique est une "créature", femme commune qui appartient à tous.» La phrase résume à elle seule la dissymétrie entre les places accordées aux femmes et aux hommes dans l’espace commun. Aux uns le Panthéon, aux autres le bordel.
Depuis le XIXe siècle, la situation a évidemment bien changé. Mais l’occupation de l’espace public par les femmes est plus que jamais au cœur des revendications féministes : le harcèlement de rue commence seulement à être reconnu, les équipements sportifs publics visent (et de fait rassemblent) avant tout des garçons, et l’urbanisme a toujours du mal à répondre au sentiment de vulnérabilité des femmes (selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, en 2018, plus de la moitié des femmes ont peur la nuit dans les transports en commun).
Aujourd’hui encore, l’espace public - la rue, comme l’agora politique - est imaginé par et pour des hommes. En février dernier, un avis de Conseil économique, social et environnemental (Cese) estimait que si l’espace public était «longtemps resté à l’écart des réflexions sur les inégalités de genre», il était «urgent» que les choses changent. Il proposait notamment d’encourager l’orientation des femmes dans les métiers de l’urbanisme, de fixer un objectif de parité dans l’attribution des noms des rues, de mieux éclairer la voie, de multiplier les bus avec des arrêts à la demande, etc. Michelle Perrot, pionnière de l’histoire des femmes, mais aussi spécialiste du monde ouvrier et de la prison, publie une nouvelle édition de son livre coécrit avec Jean Lebrun, la Place des femmes (Textuel). Dans sa version beau livre, l’ouvrage s’accompagne d’une centaine de tableaux, caricatures et photographies qui illustrent l’histoire de cette «difficile conquête de l’espace public» par les femmes.
Les femmes ont sans cesse dû batailler pour se faire une place dans l’espace public. Pourtant, aussi loin qu’on remonte, elles n’en ont jamais été totalement absentes…
Leur place a en effet été largement invisibilisée. Nous avons hérité d’un modèle très ségrégué mis sur pied au XIXe siècle dans la foulée de la Révolution française. Sous l’influence notamment de la pensée anglaise, les penseurs de la démocratie occidentale organisent l’espace selon une séparation public-privé. Dans l’espace public, les hommes sont au sommet. A eux la politique. Aux femmes, la maison, la famille, le privé - mais toujours, ne l’oublions pas, sous le contrôle des hommes.

Adèle Van Reeth : «L’expérience de la grossesse est un jeu de cache-cache avec le réel»

Par Anastasia Vécrin et Clara Hage, (Dessin Fanny Michaëlis) — 
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Dessin Fanny Michaëlis pour Libération

A travers son expérience personnelle de la grossesse, la journaliste spécialiste en philosophie aborde, dans son dernier ouvrage, «l’Ordinaire», ces trois fois rien de la vie quotidienne dont il faut savoir se défaire.

Accoucher, revivre, changer de vie, refaire sa vie amoureuse ou professionnelle ? Cet été, Libération explore ces aurores de la vie, moments charnières pendant lesquels les individus naissent, donnent naissance ou renaissent à eux-mêmes. Quel qu’il soit, l’acte comporte une puissance régénératrice et dérangeante.
C’est un «objet hybride», à mi-chemin entre l’essai, la narration, le récit autobiographique. Dans son livre la Vie ordinaire (Gallimard), la philosophe et journaliste Adèle Van Reeth scrute ces «trois fois rien» et petits événements qui balisent notre existence, nous berçant dans une répétition confortable, parfois à la limite du supportable. Comme si le minuteur pour l’eau des pâtes prenait soudain la forme d’une bombe à retardement. Peu considéré par la philosophie, l’ordinaire n’est ni le banal, ni le quotidien, ni un concept, c’est un «rapport au monde». Dès lors, comment le saisir ? A travers des expériences personnelles comme celle de la grossesse, Adèle Van Reeth enquête sur les petites choses immuables du quotidien pour mieux s’en délivrer. Un combat contre le règne domestique pour naître à soi-même ?
Votre livre est d’un genre hybride, pour enquêter sur les «trois fois rien» de la vie, vous livrez beaucoup de votre vie personnelle. La Vie ordinaire ne pouvait-elle s’écrire qu’à la première personne ?
Je voulais être le plus intime possible mais je distingue la notion de vie intime et celle de vie privée. L’intimité, paradoxalement, est souvent le chemin le plus court vers l’universel : c’est quand on puise au plus profond de soi qu’on peut s’adresser à tout le monde. D’où le choix d’une narratrice qui dit «je» et qui incarne le cheminement intellectuel dans des expériences qui n’appartiennent qu’à elle mais interpelleront le lecteur dans sa propre intimité. C’est un parti pris philosophique auquel je tiens. Le propos n’est pas de dire «voilà qui je suis et ce que je pense», mais : «Suivez-moi dans mes expériences, car elles sont le seul moyen d’élucider un problème que je nomme dès le début du livre : l’ordinaire».

C'est l'histoire de Ferdaous, 23 ans, clouée dans son fauteuil par l'ascenseur en panne

Par Ramsès Kefi — 




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Photo Boby pour Libération

Une jeune Nanterrienne à mobilité réduite raconte le calvaire qu'elle subit dans son logement. Un problème qui illustre les pannes à répétition perturbant la vie des habitants de HLM.

Ferdaous Najar, en chaise roulante, au deuxième étage d’une tour qui en compte 16, ramène ses problèmes au rapport de force : le bruit médiatique est le chemin le plus court pour faire bouger un bailleur social trop occupé, peu pressé ou débordé. Elle nous a écrit un long message étayé. Jurisprudence d’hiver : une vidéo virale d’elle en début d’année lui a permis, assure-t-elle, de recevoir deux offres de relogement (qui ne convenaient pas) quelques semaines plus tard. Après plus de deux ans d’attente.

La séquence raconte sa vie à Nanterre quand l’ascenseur lâche. Sa mère qui tape aux portes des voisins pour savoir si ces derniers peuvent l’aider à la descendre – son matériel médical pèse autour des 100 kilos. Elle, l’immobilisée qui craint d’être virée de son service civique à Pôle Emploi si elle ne parvient pas à sortir de l’immeuble.
Ferdaous y voit quelque chose relevant du «tout ça pour ça» : décevoir un patron, après l’avoir convaincu d’être aussi compétente que n’importe qui, est une charge mentale aussi lourde que rageante. Certitude d’été : sans une responsable compréhensive, elle aurait fini à la porte, déroule-t-elle dans son salon. Soit une dépendance supplémentaire, celle à l’empathie.

Manque d'effectifs, patients en attente de prise en charge... : la psychiatrie déprime dans la Nièvre

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Publié le 30/07/2020

Manque d'effectifs, patients en attente de prise en charge... : la psychiatrie déprime dans la Nièvre
Les agents du centre hospitalier spécialisé Pierre-Lôo, à La Charité, manifestent leur inquiétude depuis plusieurs mois. © Pierre DESTRADE

Des moyens et des effectifs insuffisants. Des patients qui attendent une prise en charge depuis des mois. Voici ce que dénoncent des professionnels de la santé mentale dans la Nièvre. La problématique est nationale et le département n'est pas épargné.

Ils sont fatigués, frustrés de ne pas pouvoir exercer leur métier correctement et ils veulent en parler. Nos confrères du Monde s’en sont fait l’écho dans plusieurs articles ces dernières semaines : les professionnels de la psychiatrie, plus particulièrement dans le public, disent manquer de moyens. Moyens matériels, avec une baisse du nombre de lits (voir ci-dessous). Moyens humains surtout, avec des effectifs en baisse. Et ce alors que de nouveaux patients frappent à leur porte pour des pathologies développées avec le confinement. L’entonnoir se bouche, la pression monte et la Nièvre n’est pas épargnée. En témoignent plusieurs professionnels du département. 
Cela fait des mois que des gens en souffrance n’ont pas de prise en charge.
« Depuis quinze ans, les effectifs ont baissé au CHS (centre hospitalier spécialisé, NDLR), que ce soit pour les infirmières, les psychiatres, etc. Et cela fait des mois que des gens en souffrance n’ont pas de prise en charge », constate Corinne, psychologue en centre médico-psychologique (qui dépendent du CHS). Les patients sont pris en rendez-vous par ordre d’arrivée de la demande. Certains attendent depuis octobre, soit neuf mois. « On se sent sous pression car on ne peut pas répondre aux besoins de la population. Même si on le fait bien avec ceux que l’on reçoit, on ne peut pas s’occuper des autres », regrette-t-elle. 

Le martyr et l’héroïsme des médecins francs-maçons

PUBLIÉ LE 14/08/2020




Résistant, combattant ou collabo en 39-45

Dès l’été 1940, de nombreux médecins sont victimes de la traque visant les francs-maçons et les juifs, organisée par les autorités de Vichy. Une douzaine d’entre eux, répertoriés par « Le Quotidien », sont morts en déportation, d’autres sont entrés en résistance. Cet été, « le Quotidien » retrace l'histoire de médecins qui se sont illustrés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Loi 16 août 1940
Loi du 16 août 1940 excluant de l’exercice médical les praticiens n’étant pas « né de père français »
Crédit photo : DR

« Nos lecteurs remarqueront l’effroyable proportion de juifs parmi les francs-maçons, qui dirigeaient le noyautage des professions médicales en France. » Extraite de « La médecine et les Juifs » – torchon éditorial publié fin 1940 et qui vaudra à son auteur, le Dr Fernand Querrioux de parader à l’exposition antisémite du Palais Berlitz en 1941 – la phrase ne vaut que pour l’anecdote, incidente dans un chapitre consacré à la « Collaboration judéo-maçonnique », figure de rhétorique obligée pour le champion de l’antisémitisme médical hystérique des débuts de l’Occupation.