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Le masculin l’emporte accord et encore Photo Marie Rouge
La grammaire n’est pas apolitique. Notre langue reste un lieu où l’on assigne l’autre à la subordination. Où les femmes ne sont pas légitimes.
Je ne suis pas chez moi dans la langue où j’écris, la langue de mon pays, la langue qui m’a faite, dont j’ai fait mon métier, moi, qui suis enseignante, chercheure et écrivain. Ecrivain. Pas écrivaine. Parce qu’un jour un homme (un parmi beaucoup d’autres) a dit à la radio d’un ton très légitime qu’«écrivaine», ça n’est pas un mot de langue française, et que ce serait idiot de se dire écrivaine, car ça rime avec «vaine» (comme si «écrivain» ne rimait pas avec «vain»).
Ma langue me dit que «femme», ça n’est pas légitime. Que le masculin noble l’emportera toujours, même en minorité. Qu’il faut donc accorder 100 femmes à un seul homme, s’ils sont dans la même phrase. Allez faire l’expérience de grandir dans cette langue qui subordonne tout au masculin régnant, et revenez débattre ensuite de l’héritage, de la littérature, de la culture même. Voyez si vous trouvez vos phrases légitimes, autant que celles deceux qui peuvent tout accorder au genre qui est le leur.