A sa mort, en 1984, le philosophe avait laissé inachevé « Les Aveux de la chair », centré sur la façon dont saint Augustin et les autres Pères de l’Eglise concevaient le désir. Il paraît aujourd’hui.
LE MONDE DES LIVRES | | Par Elisabeth Roudinesco (Historienne et collaboratrice du « Monde des livres »)
« Les Aveux de la chair. Histoire de la sexualité 4 », de Michel Foucault, édité par Frédéric Gros, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 426 p.
Lorsque, en 1976, Michel Foucault publie le premier tome de son Histoire de la sexualité (La Volonté de savoir, Gallimard), qui se présente comme une étude générale des techniques politiques de contrôle et de normalisation de la vie, il annonce la mise en chantier de cinq autres volumes : La Chair et le Corps ; La Croisade des enfants ; La Femme, la mère et l’hystérique ; Les Pervers ; Population et race. Les thèmes en seront repris dans son cours au Collège de France, mais aucun ne paraîtra.
S’agissant de son œuvre écrite, il a entre-temps quitté sa réflexion initiale, dite « archéologique », centrée sur le XIXe siècle, pour s’intéresser aux maîtres de l’Antiquité grecque et latine – Platon, Epicure, Epictète, Sénèque, etc. – et à la manière dont ils pensent la sexualité comme expérience de subjectivation fondée sur la maîtrise des aphrodisia (« plaisirs ») et sur la nécessité de la parrêsia (« courage de dire des vérités qui dérangent »).