Paris, le samedi 9 mai 2015 – Quarante femmes journalistes ont révélé cette semaine quelques secrets d’alcôve plus édifiants que croustillants sur l’attitude des responsables politiques. Des témoignages qui confirment la persistance de réflexes primaires chez certains hommes de pouvoir. Comme beaucoup l’ont fait remarquer, même si la sphère politique connaît quelques particularités (le sentiment d’impunité pourrait y être plus développé que dans d’autres domaines), elle n’a pas l’apanage du sexisme. La recherche scientifique et la médecine peuvent ainsi donner elles aussi des exemples récurrents de manifestation du machisme ordinaire.
Faites-vous aider par des hommes !
Régulièrement, la blogosphère s’alarme de comportements plus qu’entachés de sexisme dans le milieu scientifique et médical. Ces derniers mois, les alertes n’ont cependant pas concerné l’évocation d’allusions à caractère sexuel totalement déplacées ou de gestes peu recommandables, mais se sont concentrées sur la dépréciation de la qualité professionnelle des femmes… uniquement en raison de leur sexe. Le journaliste du Monde Pierre Barthélémy est ainsi revenu il y a quelques jours sur les révélations faites par la généticienne britannique Fiona Ingleby (université du Sussex). « Avec sa consœur Megan Head, biologiste à l'Australian National University, Fiona Ingleby a conçu et rédigé une étude consacrée aux différences de traitement entre hommes et femmes dans le délicat passage de la thèse au post-doctorat » expose le journaliste. La revue à laquelle a été adressée l’étude l’a refusée et certaines des explications données par le relecteur manquaient quelque peu de pertinence scientifique. Outre la critique d’un travail «méthodologiquement faible », Fiona Ingleby, document à l’appui, signale comment il leur a été conseillé de « trouver un ou deux biologistes masculins avec lesquels travailler (ou du mois d’obtenir d’eux qu’ils relisent l’étude ou, mieux encore, qu’ils en soient les actifs co-signataires) ». Raison de cette suggestion iconoclaste: « cela permettrait d’éviter que l’étude ne s’écarte trop loin des données et glisse vers "des hypothèses idéologiquement biaisées" » écrit encore le relecteur !