Dans un établissement de Seine-Maritime, des résidents et des soignants racontent le traumatisme de l’isolement et la joie de pouvoir se retrouver après trois mois de crise due au coronavirus.
« Et après tout ça, on fera une grande fête », s’enthousiasme la directrice au milieu du restaurant de la maison de retraite Les Aubépins, à Maromme, petite ville ouvrière de la banlieue de Rouen. Ce jour-là, les boules à facettes n’ont pas encore remplacé les lustres du plafond, et la musique se résume à quelques cliquetis de cuillères contre les bols de fromage blanc du dessert. Les résidents sont sagement assis à leur table, séparés par le mètre barrière de la réglementation sanitaire en vigueur. « Les soignants ont été courageux, mais vous aussi vous avez été très courageux de rester dans vos logements pendant tout ce temps », félicite Marie-Pascale Mongaux, avant que retentissent les applaudissements.
C’est aujourd’hui le premier jour de la libération pour les 80 habitants de cet Ehpad. Après trois mois à prendre leurs repas dans leur chambre, ils peuvent enfin déjeuner tous ensemble. Depuis le 16 juin, le déconfinement progressif des maisons de retraite est en cours sur tout le territoire. Visites sans rendez-vous, reprise de la vie sociale à l’intérieur, sorties à nouveau autorisées… les derniers confinés de France retournent prudemment à une vie normale, sous l’égide des directeurs d’établissement qui décident du protocole de sortie de crise à l’échelle de chaque structure.