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vendredi 3 avril 2020

Coronavirus : l'Académie de médecine pour le port obligatoire du masque, même « alternatif »

| 03.04.2020

Le port d'un masque « grand public » ou « alternatif » aux masques médicaux en pleine pénurie, devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant la période de confinement et lors de sa levée, a recommandé ce jeudi l'Académie de médecine.
« Il est établi que des personnes en période d'incubation ou en état de portage asymptomatique excrètent le virus et entretiennent la transmission de l'infection. En France, dans ce contexte, le port généralisé d'un masque par la population constituerait une addition logique aux mesures barrières actuellement en vigueur », estime l'Académie.
Or, en situation de « pénurie de masques » comme actuellement en France, la priorité d'attribution des masques chirurgicaux ou FFP2 plus protecteurs doit aller aux professionnels et structures de santé, souligne l'Académie. Mais elle « recommande que le port d'un masque "grand public", aussi dit "alternatif", soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement ».

Amani Ballour, aux soins du peuple

Par Hala Kodmani, photo Rémy Artiges pour "Libération" — 2 avril 2020





Photo Rémy Artiges pour Libération



Cette pédiatre syrienne, devenue directrice d’un hôpital rebelle près de Damas, a fait l’objet d’un documentaire nommé aux oscars.

Visage de mater dolorosa échappée d’une église d’Orient. Regard encore pétrifié par tout ce qu’il a vu. Voix douce habituée à réconforter les enfants blessés. Amani Ballour que l’on retrouve au petit-déjeuner à son hôtel parisien est la même que dans les sous-sols de l’hôpital de guerre qu’elle a dirigé jusqu’en 2018 dans la banlieue de Damas sous les bombes. Dans un rare grand sourire, elle confie : «Ça me fait tellement de bien de pouvoir parler en arabe.» La pédiatre syrienne de 33 ans parcourt depuis des mois les capitales mondiales pour plaider la cause humanitaire des Syriens, à Idlib en ce moment. Elle ne change pourtant ni d’allure ni d’humeur. Foulard bien serré autour de la tête et long manteau étroit sur son corps menu, elle garde cette tenue habituelle et majoritaire des femmes des milieux conservateurs de la Syrie défavorisée. Elle s’est présentée ainsi même au milieu des stars en robes de soirée décolletées sur le tapis rouge des oscars en décembre. Le film The Cave («la grotte»), dont elle est l’héroïne, figurait parmi les cinq nommés dans la catégorie documentaire.

NUMÉRO SPÉCIAL - COVID-19 : RESSOURCES DOCUMENTAIRES POUR LA PSYCHIATRIE



COVID-19 : Ascodocpsy vous propose un accès à des ressources spécialisées en psychiatrie
Nous avons rassemblé sur notre page "Covid-19" des ressources utiles dans votre activité de soins en psychiatrie dans cette édition particulière du Fil d’Asco.


Dépression : un ancien mécanisme de défense lié à l'évolution ?

RTFLASH   01/04/2020

La dépression touche entre 15 et 20 % de la population générale et augmente le risque de suicide de 10 à 20 % chez les personnes concernées. Elle se caractérise par une tristesse pathologique quasi-permanente, une perte d'intérêt et de plaisir, une perte d'appétit, d'estime de soi, une fatigue intense, une angoisse permanente, une forte tendance au pessimisme, une perte d'énergie vitale, un ralentissement psychomoteur (dans la gestuelle, la voix, la démarche et l'initiative) ou encore des troubles de l'attention et de la concentration.
Potentiellement invalidante, la dépression peut considérablement altérer la qualité de vie des patients et devenir un vrai trouble social. On estime pourtant qu'une personne sur cinq a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie. Une tendance importante, considérée aujourd'hui comme un problème de santé publique majeur.
Le professeur Gilles Bertschy s'est interrogé sur les raisons qui font de nous des êtres si vulnérables aux risques de dépression. Il a rassemblé plusieurs éléments de réponse puisés dans la médecine évolutionniste qui considère qu'au fil de son évolution, l'être humain a optimisé certains facteurs de vulnérabilité de certaines maladies pour préserver sa survie. « Par exemple », explique Gilles Bertschy, « on pense que certains sont prédisposés au risque d’obésité dans notre société de surabondance alimentaire, parce que leurs ancêtres étaient confrontés à la disette ».

Aix : l'hôpital psychiatrique à l'épreuve de l'épidémie


Par L.S.  Jeudi 02/04/2020

L'hôpital Montperrin n'est pas épargné par la crise et s'adapte comme il peut pour assurer la délicate prise en charge de ses patients à l'intérieur et surtout à l'extérieur

Depuis plus de quinze jours, plus de visites ni de sorties pour ceux qui sont hospitalisés. PHOTOS SERGE MERCIER

Rassurer des personnalités troublées dans cette période incertaine n'est pas une mince affaire. La crainte qui prédomine au sein de l'équipe médicale de l'hôpital psychiatrique de Montperrin est une avalanche de décompensations, notamment chez les patients priés de rester chez eux du fait du confinement. "L'isolement ou des tensions familiales trop importantes peuvent entraîner des difficultés pour certains, avec un risque élevé de suicides à domicile par exemple. Notre souci majeur est d'assurer un soutien à distance suffisant", pose la psychiatre Françoise Antoni, chef de service.

Comme ailleurs, Montperrin s'est mis à l'heure du Covid-19 en prenant des mesures de sécurité drastiques : depuis plus de quinze jours, plus de visites ni de sorties pour ceux qui sont hospitalisés. "Dans les services, nous avons pu réduire notre capacité de 23 à 16 lits afin de respecter la règle de distanciation sociale et nous faisons désormais deux services pour les repas, explique le directeur de l'établissement, Pascal Rio. Du fait du confinement, pour le moment, nous sommes moins sollicités. Mais tout va dépendre de la durée..." Si une grande partie des dispositifs ambulatoires a été conservée, le centre d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATT) a fermé, les séances de groupe en hôpital de jour ont été supprimées et le centre médico-psychologique (CMP) privilégie désormais les consultations par téléphone, réservant néanmoins les consultations "présentielles" pour les soins.




Boris Cyrulnik : "Après chaque catastrophe, il y a un changement de culture"

Mercredi 25 mars 2020
par Léa Salamé  

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik est l'invité de Léa Salamé à 7h50. Il évoque la manière dont nous pouvons affronter l'épidémie de coronavirus, le confinement, les obsèques impossibles...

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik
Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik © Radio France
"Le prix sera élevé" pour nos sociétés, assure Boris Cyrulnik. Notamment le fait de ne pas pouvoir organiser des obsèques "comme avant". _"_Depuis que les êtres humains sont sur Terre, ils font des sépultures, ils font des rituels du deuil. Toutes les cultures en ont, et là on sera obligés de ne plus en faire. Donc ça va provoquer des angoisses et de grands malaises parmi les survivants, pendant les mois et les années qui suivent. Il y aura des culpabilités, pas toujours conscientes, avec des comportements d’auto-punition : rater un examen, rater un rendez-vous important… On n’a pas le droit d’être heureux quand on a laissé nos parents mourir tout seuls, on s’abîme nous-mêmes, on se punit."



FERNANDO NANNETTI LE CRI ÉTAIT FRESQUE PARFAITE

Par Clémentine Mercier   2 avril 2020 

Interné pour schizophrénie à la fin des années 50, l’Italien a gravé un hallucinant journal intime fait de mots, de signes étranges et de dessins sur les murs de la cour de l’ancien hôpital psychiatrique de Volterra, en Toscane. Un livre fait état de cet exemple atypique d’art brut, visionnaire et révolté.



Un hôpital de Toscane en ruine dont les murs partent en lambeaux… Fermé depuis plus de quarante ans, aujourd’hui plongé dans le silence et envahi par la végétation, l’hôpital psychiatrique et judiciaire de Volterra, un des plus grands asiles d’Italie installé dans un ancien couvent, a vu naître en son sein coercitif une œuvre mystérieuse qui s’efface petit à petit. La pluie, le vent, le délabrement ont peu à peu raison d’une immense et étonnante fresque. Pendant neuf ans (de 1959 à 1961 et de 1968 à 1973), le patient Fernando Oreste Nannetti a gravé son journal intime sur les murs de l’institution qui l’a tenu enfermé. Sur 70 mètres de parois, dans la cour de l’hôpital-prison qui servait de lieu de promenade aux malades, Nannetti a composé une œuvre fascinante en inscrivant sur la pierre des mots, des signes étranges et des dessins. Graffiti prodigieux et quasi cabalistique, ce journal de pierre magnétise encore aujourd’hui les professionnels de l’art et les amateurs de récits singuliers. Lucienne Peiry, ex-directrice de la Collection de l’art brut à Lausanne, publie à ce sujet le Livre de pierre. Pour éviter que l’artiste graphomane ne tombe dans l’oubli, car, dans peu de temps, il ne restera rien de ce «véritable livre à ciel ouvert», la Suissesse, historienne de l’art, lui a dédié un mince et délicat ouvrage illustré. Alors qu’elle était encore directrice de la Collection de l’art brut, elle lui a aussi consacré une rétrospective et travaille chaque année sur le sujet avec ses étudiants de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Pour la première fois, une vingtaine d’œuvres au stylo bille de Nannetti sont publiées, sauvées de la destruction par le fils d’une infirmière de l’hôpital. Nannetti aurait réalisé plus de 1 600 œuvres sur papier. La plupart sont aujourd’hui détruites.

La délicate préparation de la sortie du confinement



Paris, le mercredi 1er avril 2020 – Le Conseil scientifique mis en placepour guider l’exécutif dans sa réponse face à l’épidémie de Covid-19 prépare déjà depuis plusieurs jours et de plus en plus activement la sortie du confinement, même s’il n’est pas envisagé avant plusieurs semaines. Il s’agit d’un sujet particulière complexe.

Attendre la baisse du nombre d’hospitalisations

La première question qui préoccupe tant l’ensemble des Français que les professionnels de santé et les experts concerne la date de cette sortie. On le sait, les annonces successives des politiques successives n’offrent aucune certitude. En tout état de cause, on ne peut envisager un assouplissement progressif des mesures strictes de distanciation sociale que « lorsqu’on sera dans la pente descendante du nombre d’hospitalisations » remarque Yves Coppieters, épidémiologiste à l’École de santé publique de l’Université libre de Bruxelles, cité par le Journal du Dimanche. Par ailleurs, pour chaque pays, l’appréciation du niveau de diminution à atteindre pour envisager un allégement des mesures dépend de ses capacités hospitalières et de réanimation. 

« La Terre peut se débarrasser de nous avec la plus petite de ses créatures »

Le philosophe Emanuele Coccia explique, dans un entretien au « Monde », pourquoi la pandémie actuelle réinscrit l’homme dans la nature et comment l’écologie doit être repensée, loin de toute idéologie patriarcale fondée sur la « maison ». 
Propos recueillis par Nicolas Truong  Publié le 3 avril 2020

« Saint Jérôme dans le désert », huile sur toile d’Artus Wolffort (1581-1641), école flamande (collection des Beaux Arts de Lille).
« Saint Jérôme dans le désert », huile sur toile d’Artus Wolffort (1581-1641), école flamande (collection des Beaux Arts de Lille). WIKIMEDIA COMMONS
Philosophe, Emanuele Coccia est maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et l’un des intellectuels les plus iconoclastes de son époque.
Auteur, aux éditions Payot et Rivages, des ouvrages La Vie sensible (2010), Le Bien dans les choses (2013), La Vie des plantes. Une métaphysique du mélange (2016), il vient de publier Métamorphoses (Payot et Rivages, 236 pages, 18 euros), ouvrage qui rappelle comment les espèces vivantes – notamment les virus et les hommes – sont reliées entre elles, car « nous sommes le papillon de cette énorme chenille qu’est notre Terre », écrit-il.
Il analyse ici les ressorts de cette crise sanitaire mondiale et explique pourquoi, même si elle nécessaire, « l’injonction à rester à la maison est paradoxale et dangereuse ».

Des mesures importantes sont déployées afin que l’économie ne s’effondre pas. Faudrait-il faire de même pour la vie sociale ?

Face à la pandémie, la majorité des gouvernements ont pris des mesures fortes et courageuses : non seulement la vie économique a été en grande partie arrêtée ou fortement ralentie, mais la vie sociale publique a été largement interrompue. La population a été invitée à rester chez elle : les rencontres, les repas partagés, les rites de l’amitié et de la discussion publique, le sexe entre non-concubins, mais aussi les rites religieux, politiques, sportifs ont été interdits.
C’est tout d’un coup la ville qui a disparu ou, pour mieux dire, elle a été retirée, soustraite à l’usage : elle gît face à nous comme si elle était dans une vitrine. Plus d’espace public, plus de terrains de libre circulation, ouverts à toutes et à tous et aux activités les plus disparates vouées à la production d’une félicité à la fois individuelle et partagée.
La population s’est retrouvée seule face à cet énorme vide, elle pleure la ville disparue, la communauté suspendue, la société fermée avec les magasins, les universités, les stades : les directs Instagram, les applaudissements ou les chants collectifs au balcon, la multiplication arbitraire et joyeuse du jogging hebdomadaire sont surtout des rites d’élaboration du deuil, des tentatives désespérées de la reproduire en miniature.

jeudi 2 avril 2020

Décryptage.Vaccin, médicaments : le point sur les pistes envisagées contre le Covid-19

Publié le 
Exploiter des molécules existantes, en développer de nouvelles, mettre au point un vaccin : ce sont les pistes examinées pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Chacune a ses avantages, mais aussi ses inconvénients.

Depuis le début de l’année, des universitaires et les laboratoires pharmaceutiques du monde entier sont lancés dans une course contre la montre pour trouver un traitement au Covid-19, la maladie infectieuse provoquée par le nouveau coronavirus, qui, dans les cas les plus graves, provoque une pneumonie insensible aux thérapeutiques habituelles.
Le New York Times rappelle que, pour le moment, “quand une personne est infectée, le mieux que les médecins puissent faire, c’est de soulager ses symptômes – lui donner suffisamment d’oxygène, gérer la fièvre et la mettre sous respirateur en cas de besoin – pour donner au système immunitaire le temps de combattre l’infection”.
Les virologues cherchent à comprendre précisément comment fonctionne le virus pour trouver des traitements qui puissent agir sur un ou plusieurs aspects en même temps : l’empêcher de pénétrer nos cellules, l’empêcher de s’y multiplier, aider notre propre système immunitaire à le combattre. Plusieurs pistes de traitement sont examinées en parallèle :
  • Exploiter des médicaments existants

De nombreux essais cliniques sont en cours dans le monde pour tester des médicaments qui ont déjà fait leur preuve pour d’autres maladies. C’est le cas notamment de la chloroquine (un antipaludéen connu depuis les années 1950), du Regeneron (un médicament contre l’arthrite) ou encore du remdesevir, un antiviral qui bloque de nombreux virus à ARN “en les empêchant de construire de nouveaux gènes”, explique le New York Times. Ils pourraient être utilisés seuls ou en cocktail, c’est-à-dire en associant plusieurs molécules entre elles.

Les nouvelles fractures sociales

Mis en ligne le 01/04/2020

SDF à Paris © Alexandra Breznay/Réa
Un sans domicile fixe à Paris, le 23 mars 2020. © Alexandra Breznay/Réa

Avec le confinement, entre SDF verbalisés et caissiers contaminés, les inégalités sociales se révèlent ou prennent un aspect frappant. Elles mettent en tout cas nos vulnérabilités en relief, expliquent la travailleuse sociale, le philosophe, la syndicaliste et la sociologue que nous avons rencontrés. Enquête.

« Restez chez vous » : cette injonction n’a pas le même sens selon que l’on vit en couple dans un loft ou à six dans un T2, selon que l’on peut profiter d’une résidence secondaire à la campagne ou que l’on est confiné entre les quatre murs de son studio urbain, selon que l’on peut télé-travailler ou que l’on est forcé d’assurer une livraison ou un chantier. Elle n’a même aucun sens quand on n’a pas de toit.
L’annonce du confinement, Sergueï l’a accueillie avec un haussement d’épaules. Depuis « un bout de temps » qu’il fait la manche à l’angle de la rue des Martyrs et de la rue Victor-Massé dans le IXe arrondissement de Paris, il ne voit pas bien comment respecter l’ordre du gouvernement sans mettre en danger sa propre survie. C’est que les passants, soudainement, sont devenus beaucoup plus généreux et bienveillants. Rares sont ceux qui n’accordent pas au moins un sourire, laissent une pièce, voire proposent de faire quelques courses. « Les gens me remarquent », note Sergueï, un brin amusé. Une façon pudique de souligner qu’il y a encore quelques jours, la plupart lui marchaient presque dessus.
À présent que les rues des grandes villes se sont vidées, difficile de les ignorer. On a beaucoup ri de ses joggeurs qui semblent soudainement jaillir du bitume comme auparavant les marchands de parapluie à la moindre goutte d’eau tombée du ciel. Désormais ne restent que ceux qui courent… et ceux qui font du sur-place, faute de chez-soi où aller. Leur présence bien visible atteste d’une chose : « Comme d’habitude, les sans-abris, les plus fragiles, ont été les grands oubliés », déplore Frédérique Kaba, directrice des missions sociales à la Fondation Abbé Pierre. Une forme de déni qui va jusqu’à la verbalisation de certains d’entre eux, parfois devant des bénévoles de la Fondation. Sergueï, lui, a eu de la chance : « Le flic était de bonne humeur. » 

Un groupe ressource Psy/Covid-19 est créé pour soutenir les établissements

Publié le 01/04/20

La Conférence des présidents de CME de CHS a mis en place un groupe ressource pour réaliser régulièrement un état actualisé de la situation de la psychiatrie dans le contexte épidémique et contribuer à élaborer des orientations stratégiques. Des outils sont disponibles. L'ambition est aussi de sensibiliser les pouvoirs publics.
Les CH spécialisés traversent la crise sanitaire en adaptant leurs organisations. Un groupe ressource peut désormais les épauler.
Les CH spécialisés traversent la crise sanitaire en adaptant leurs organisations. Un groupe ressource peut désormais les épauler.

Depuis le début de la crise sanitaire, des unités de psychiatrie dédiées aux malades du Covid-19 sont créées partout en France et les organisations au sein des établissements publics de santé mentale s'adaptent. Derniers en date, par exemple, l'établissement public de santé mentale départemental de l'Aisne, le CH Charles-Perrens de Bordeaux (Gironde) ou encore le CH Henri-Laborit de Poitiers (Vienne). Des initiatives organisationnelles qui s'ajoutent à une liste déjà fournie. Cette mobilisation a d'ailleurs été saluée par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) le 27 mars (lire notre dossier).

« Le confinement peut avoir de graves conséquences », prévient la psychiatre Chantal Bergey



Publié le 1 Avril 2020

Chantal Bergey, cheffe d'un pôle de psychiatrie d'urgence au centre hospitalier Charles Perrens de Bordeaux (Gironde), évoque les effets du confinement sur la santé mentale.

Chantal Bergey, cheffe d’un pôle de psychiatrie d’urgence au sein de l’hôpital Charles Perrens à Bordeaux (Gironde), décrypte les dangers de l’épidémie de coronavirus sur la santé mentale de la population.

Coordinatrice du centre régional psycho-traumatisme pour le sud de la Nouvelle-Aquitaine, la docteure craint de « graves conséquences à long terme » pour certaines personnes fragiles.

« Docteure, vous êtes responsable d’une nouvelle plateforme téléphonique d’écoute et d’accompagnement psychologique en Gironde, inaugurée le 26 mars 2020, avec la mise en place d’un numéro vert. Pourquoi avoir créé ce dispositif ?
Dès le début de l’épidémie, on s’est rapidement rendu compte qu’il allait falloir qu’on prenne en compte l’impact psychologique sur la population générale de cette crise sanitaire inédite, depuis un siècle. En particulier depuis l’annonce du confinement.

Coronavirus : «n’oubliez pas la psychiatrie !» l’appel des médecins et du personnel de l’hôpital de Novillars



Par France Bleu Besançon  
Mercredi 1 avril 2020

Les médecins et le personnel du centre hospitalier spécialisé de Novillars adressent un appel aux pouvoirs publics : ils demandent des moyens supplémentaires pour gérer la crise du Covid-19 sur le plan psychiatrique.
Un patient dans un hôpital psychiatrique - photo d'illustration.
Un patient dans un hôpital psychiatrique - photo d'illustration. © Maxppp - PQR/LA PROVENCE
La psychiatrie sera-t-elle laissée pour compte en cette période de crise ? C’est la crainte de la communauté médicale et des syndicats CGT, FO et SUD du Centre Hospitalier de Novillars près de Besançon. Ils publient une lettre ouverte  pour alerter les pouvoirs publics sur les conditions d'exercice et d'accueil, rendues difficiles par la situation sanitaire actuelle.

Coronavirus : les acteurs de l’aide à l’enfance inquiets des effets du confinement

Un enfant de 6 ans habitant Tremblay-en-France est mort dans la nuit de dimanche à lundi, deux jours après avoir été frappé par son père.
Par  Publié le 1er avril 2020
Des appartements à Paris, pendant le confinement, le 17 mars.
Des appartements à Paris, pendant le confinement, le 17 mars. MARTIN BUREAU / AFP
Deux jours après avoir été violemment frappé par son père, un garçon de 6 ans, habitant de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), est mort à l’hôpital Necker, à Paris, dans la nuit de dimanche à lundi. Le principal suspect, déjà condamné en 2017 pour des violences sur une de ses filles aînées, a été mis en examen et placé en détention provisoire. Il doit être présenté jeudi 2 avril au juge des libertés et de la détention. Que s’est-il passé au domicile familial, ce vendredi après-midi, qui a conduit à la mort d’un enfant ? Il faudra plusieurs jours, peut-être plusieurs semaines, au juge d’instruction saisi par le parquet, pour reconstituer les événements. A ce stade de l’information judiciaire, les explications du père sont « trop imprécises pour faire l’objet d’une communication », indique le parquet de Bobigny.
Mais, d’ores et déjà, ce drame interroge sur une possible recrudescence des maltraitances au sein des familles en cette période de confinement lié à l’épidémie de Covid-19. De la même manière que les associations venant en aide aux victimes de violences conjugales, les professionnels de l’enfance craignent une dégradation des situations.

Confinement, comment minimiser l’impact psychologique sur les populations ?


  • Par Agnès Lara
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À retenir
  • Les données de la littérature font ressortir que, lors des épidémies, les périodes de confinement ont nécessairement un impact psychologique négatif considérable qui peut parfois être ressenti des mois, voire des années plus tard.
  • Ce constat incite à prendre des mesures immédiates pour en minimiser les conséquences.
  • Les personnes ayant des antécédents psychiatriques et les personnels de santé exposés puis confinés sont plus à risque de troubles psychologiques ultérieurs et justifient la mise en place d’interventions de soutien précoces.
  • Les différents facteurs de stress ont d’autant plus d’impact qu’ils sont vécus sur une plus longue durée. Celle-ci doit donc être limitée au strict minimum.
Le confinement que nous vivons représente non seulement une interdiction d’aller et venir à sa guise, mais impose également une séparation d’avec les proches et le tissu social. Ajoutez à cela la peur d’être malade et l’ennui, et cela peut conduire chez les plus fragiles à des situations très difficiles (suicides, violences, etc.). Dans l’objectif de guider les décisions publiques, une équipe britannique vient de réaliser une revue de la littérature pour évaluer les conséquences du confinement sur le bien-être mental et l’équilibre psychologique.

Coronavirus : la tension devient forte dans certains centres d’hébergement d’urgence à cause du confinement

« L’épidémie rend tout le monde plus anxieux, parfois agressif », dans les centres où sont confinés les sans domicile fixe. Les salariés, eux, manquent de masques et de gel hydroalcoolique. 
Par   Publié le 2 avril 2020
Distribution de produits alimentaires et d’hygiène à un sans abri par Les Restos du cœur, à Orléans, le 26 mars.
Distribution de produits alimentaires et d’hygiène à un sans abri par Les Restos du cœur, à Orléans, le 26 mars. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
« Ils n’ont pas le droit de m’empêcher de sortir, c’est inhumain… Et je ne mangerai pas de leur merde ! » Pas facile de faire respecter le confinement à Suzanne (son prénom a été modifié), 60 ans. L’ancienne fonctionnaire des écoles qui s’est retrouvée à la rue après une expulsion pour dettes est, depuis octobre 2019, hébergée en centre d’urgence dans l’Est parisien. Elle n’ignore rien de la situation liée à l’épidémie de Covid-19 mais ne veut pas renoncer à son habitude : aller, chaque jour, déjeuner aux Restos du cœur de La Villette, un des rares encore ouverts.
Depuis le début de la crise sanitaire, Suzanne a pris en grippe les conditions de vie qu’elle appréciait pourtant lorsqu’elle est arrivée, il y a six mois. « On nous prend d’autorité la température, le centre ne nous donne pas toujours d’attestation de sortie, l’entrée est contrôlée, la grille fermée avec un antivol de moto et il y en a qui l’escaladent la nuit… Et quand on s’énerve, ils jouent au psychologue, ils nous font des tests. C’est du harcèlement moral », proteste-t-elle.
La tension devient forte dans certains centres d’hébergement d’urgence, ne serait-ce que pour les personnes déjà psychologiquement fragiles ou les accrocs au tabac et à l’alcool, des denrées devenues compliquées à acheter.