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mercredi 19 octobre 2022

Les tout-petits qui bougent sont plus performants

Pascale Santi   Publié le 12 octobre 2022

 Plusieurs études montrent que les enfants de 0 à 5 ans, physiquement actifs plusieurs fois par jour, développent de meilleures capacités motrices et de mémorisation et gèrent mieux leurs émotions.

Une classe de maternelle à Firmi (Aveyron), en janvier 2013.

Dix mille pas et plus. Attention, danger. La sédentarité a des effets néfastes, on le sait, et ceci, dès le plus jeune âge. Inversement, une étude américaine récemment publiée dans The Journal of Pediatrics a montré que les enfants de 24 mois qui pratiquent une activité physique quotidienne et passent moins de soixante minutes à regarder des écrans chaque jour sont plus performants en matière de fonctions exécutives (notamment gestion des émotions, mémoire « de travail » et contrôle des impulsions) que ceux qui ne respectent pas les recommandations.

Pour mémoire, les préconisations de l’Académie américaine de pédiatrie de 2018 et de l’OMS mentionnent que les bébés « doivent être physiquement actifs plusieurs fois par jour, principalement par le biais de jeux interactifs au sol ». Pour les enfants de 1 à 5 ans, ce temps d’activité physique doit s’élever à au moins trois heures par jour, avec au minimum soixante minutes d’activité modérée ou intense pour les plus de 3 ans.

En France, le Programme national nutrition santé préconise de laisser le bébé sur le ventre trente minutes quotidiennement pendant la première année, puis de prévoir deux à trois heures d’activité par jour dès la deuxième année, en limitant au maximum la position assise. « Souvent, le problème du bébé est qu’il est dans le transat. Or, il ne doit pas rester plus d’une heure assis en dehors des phases de sommeil », explique le pédiatre François-Marie Caron, ancien président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Conseils qui ne sont pas très connus.

Afin de préciser ces recommandations, le gouvernement mène des travaux qui viseront aussi à proposer des outils pour les moins de 5 ans. Par ailleurs, « la Fédération française d’athlétisme (FFA) propose des activités à partir de 4 ans, des baby-athlés, pour développer le socle moteur, avec des activités concomitantes pour les parents », explique Thibault Deschamps, référent national sport santé pour la FFA, convaincu que « les habitudes d’inactivité physique s’ancrent très très tôt ». Des conseils sont également donnés par le biais du site Programme-malin.com, développé par l’AFPA et la Société française de pédiatrie.

L’exposition aux écrans, un frein au développement

Même s’il y a peu de littérature sur les tout-petits, « on commence à avoir des études sur les 0-4 ans et on voit que les effets de l’activité physique sur la santé sont une formule gagnante, également sur les résultats scolaires », observe François-Marie Caron. Comme le montre une revue de la littérature qui recense 96 études, parue dans BMC Public Healthen 2017, « les interventions en matière d’activité physique ont été systématiquement, dans plus de 60 % des études, associées à une amélioration du développement moteur et cognitif »« La participation régulière, dès la naissance, à des activités physiques aide à prévenir des complications de santé, à long et à court termes, comme le surpoids, l’obésité, les maladies cardiovasculaires et les problèmes musculosquelettiques », expliquait une équipe du programme de recherche Early Start développé par l’université australienne de Wollongong, dans un article de 2020.

Sans surprise, le temps d’écran est l’un des grands freins au fait de bouger. « On sait que les enfants qui utilisent précocement des écrans ont tendance à être moins actifs plus tard, plus sédentaires, selon plusieurs travaux », observe Jonathan Bernard (Inserm). Il est coauteur d’une publication récente montrant qu’en 2013 13,5 % des parents seulement respectaient les recommandations de ne pas exposer aux écrans les enfants de moins de 2 ans. « La majorité des études montrent qu’une exposition excessive et non encadrée des enfants aux écrans est associée à des troubles pour la santé de l’enfant comme le surpoids, des troubles du sommeil, du langage et du comportement », rappelle le chercheur.

« Le problème est surtout que le temps d’écran est volé à d’autres interactions essentielles, nécessaires au développement du langage et des compétences cognitives, comme l’activité physique », insiste François-Marie Caron, qui reprend le slogan d’une campagne portée par l’AFPA : « La meilleure application pour votre enfant, c’est vous. »


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