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Les états de grande détresse psychologique, en particulier dans le cadre d’une maladie psychiatrique, semblent favoriser la survenue d’un accident vasculaire cérébral (AVC) aigu, selon des mécanismes qui restent à préciser. Plusieurs plublications récentes ont en effet attiré l’attention sur cette association qui reste plus suggérée qu’établie, car elle repose sur un petit nombre d’études dont les effectifs sont de surcroît restreints. Par ailleurs, ces dernières prêtent le flanc à de multiples critiques méthodologiques : à titre d’exemples, des critères diagnostiques un peu flous pour ce qui est de la définition des états de détresse psychologiques, mais aussi l’existence fréquente de biais notamment de mémorisation.
Une étude réalisée en Californie, entre 2007 et 2009, présente à cet égard deux avantages : un effectif considérable fourni par une base de données administratives, celle du Healthcare Cost and Utilization Project for the state of California, d’une part, le passage par un hôpital psychiatrique (HP) qui est en soi un marqueur de la sévérité des troubles psychiatriques et de facto, de l’intensité de la détresse psychologique. L’approche transversale est du type cas-témoins. Une analyse par régression logistique conditionnelle a permis de calculer les odds ratios (ORs) correspondants, avec leurs intervalles de confiance à 95 % (IC). Les AVC ischémiques et hémorragiques ont été pris en compte et combinés et leur fréquence estimée respectivement dans les 15, 30, 90, 180 et 365 jours qui sont suivi le séjour en HP, en rapport avec une maladie psychiatrique définie selon les critères et codes de l’ICD-9 (International Classification of Diseases, Ninth Revision).
Danger maximum dans les 15 jours qui suivent
Une hospitalisation en HP a été constatée une année avant l’AVC chez 2 585 (5,3 %) des 48 558 patients victimes de cette affection neurologique. Le fait d’avoir séjourné en HP a été associé à un risque élevé d’AVC qui a varié selon la période : (1) 0-15 jours: OR, 3,5; IC, 2,6-4,8; (2) 0-30 jours: OR, 3,0; IC, 2,4-3,8; (3) 0-90 jours: OR, 2,3; IC, 2,0-2,7; (4) 0-180 jours: OR, 2,2; IC, 2,0-2,5; (5) 0-365 jours: OR, 2,6; IC, 2,4-2,8).
Cette étude cas-témoins de grande envergure plaide donc en faveur d’une association significative entre un séjour en HP et le risque de survenue d’un AVC : c’est à court terme, dans les 15 jours qui suivent la sortie que ce risque culminerait, l’OR étant alors de 3,5. Une hypothèse qu’il serait intéressant de confirmer par une étude de cohorte longitudinale.
Dr Philippe Tellier
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