Publié le 17/03/2014
Concernant 2 à 3 % des individus, le trouble bipolaire constitue une maladie « commune et sévère », associée de surcroît à un taux élevé de comorbidités psychiatriques (comme des troubles obsessionnels compulsifs) mais surtout somatiques : problématiques cardiovasculaires ou respiratoires, troubles métaboliques ou endocriniens (obésité, diabète, affection thyroïdienne). La prévalence importante de ces affections organiques associées contribue à dégrader la qualité de la vie des patients bipolaires, à majorer les coûts de leur prise en charge et à réduire leur espérance de vie (estimée à « plus de 30 % plus courte que dans la population générale»).
Dans le cadre de l’étude LiTMUS[1] visant à évaluer l’intérêt d’ajouter une dose modérée de lithium (de l’ordre de 600 mg/jour pendant deux mois) au traitement « optimisé » de la maladie bipolaire, une recherche conduite aux États-Unis a évalué le poids de ces problèmes somatiques associés sur le cours de la maladie bipolaire, pour confirmer leur impact sur une plus grande fréquence et une plus forte intensité des épisodes dépressifs et/ou maniaques.
Cette étude corrobore l’hypothèse épidémiologique des auteurs sur l’incidence péjorative des comorbidités somatiques dans l’évolution de la maladie bipolaire et l’efficacité des traitements proposés. Plus de la moitié (53 %) de ces patients bipolaires connaissent une « charge élevée de comorbidités médicales » se déclinant surtout en obésité, migraines, hypertension artérielle, hyperlipidémie ou/et asthme. Et 69 % des intéressés sont « en surpoids ou obèses », avec un indice de masse corporelle (IMC) élevé, notamment chez les personnes d’origine afro-américaine (présentant une «obésité de stade 2 avec un IMC ≥ 35 »).
Malgré la fréquence importante de l’obésité chez ces sujets, les auteurs observent que ceux-ci sont « rarement informés des anomalies cliniques » associées à leur trouble bipolaire : hypertension artérielle, hyperlipidémie, IMC élevé, etc. Suggérant aux auteurs que des « opportunités thérapeutiques » seraient « souvent ratées » dans la prise en charge globale des patients, ce constat les incite à « plaider pour une approche pluridisciplinaire de la gestion du trouble bipolaire » intégrant bien sûr la pharmacothérapie et les interventions psychosociales, mais également « les soins médicaux généraux, dans un effort pour améliorer l’évolution à long terme » de la maladie bipolaire.
Dr Alain Cohen
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