L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) s'apprête à diffuser de nouveaux outils afin de renforcer la qualité des données du Recueil d'information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) et construire une base de connaissance structurée sur l'activité, permettant le parangonnage.
À l'occasion d'une première journée d'échange sur le Recueil d'information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) organisée le 18 juin*, l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) a présenté aux participants, essentiellement des médecins et responsables de Département de l'information médicale (DIM), de nouveaux outils pouvant être utilisés dans le cadre du recueil. En préambule, le Dr Anne Buron-Fosse, chef de projet à l'ATIH, a présenté le taux d'exhaustivité des remontées des établissements. Avec 95% des établissements transmetteurs en 2011 (lire encadré ci-dessous), ces remontées ont été qualifiées "d'excellentes" par cette dernière, qui a présenté rapidement les outils fonctionnels déjà mis à disposition des établissements depuis la mise en place du recueil initié en juillet 2006. Puis, a été présenté un premier outil, issu des travaux avec les experts du groupe "Qualité", le DALIA-psy. Il s'inscrit dans un travail plus large sur la qualité, qui vise à consolider l'existant (reformulation du guide méthodologique, refonte des tableaux MAPsy...) et à identifier des axes d'amélioration, en adaptant le recueil aux évolutions de la législation (la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement, par exemple), et aux évolutions des pratiques.
Nouvelles consignes de codages et de recueil
DALIA-psy est un outil informatique qui permettra aux établissements d'identifier les erreurs de saisie des données et d'identifier les situations justifiant une mise en alerte du DIM. Il comportera à terme, fin 2013, quatre modules, dont trois sont finalisés ce mois de juin : "identification des erreurs", "identification des atypies", "restitution" et, à venir, "requêteur libre". Le module de restitution permettra d'identifier "aisément" dans le Système d'information hospitalier (SIH) de l'établissement les dossiers repérés par les tests, et produira des rapports détaillés et des rapports de synthèse. Le module "identification des erreurs" permettra la mise en cohérence avec le guide méthodologique. Il reprendra les tests du logiciel Pivoine, et y intégrera 7 à 8 nouveaux tests, dont "en priorité, des tests sur la cohérence des dates, la qualité du chaînage, les contrôles interfichiers et la cohérence avec les tableaux MAPsy". Le module "identification des atypies" permet d'identifier ce qui présente un risque d'erreur de codage. Il permettra de repérer les incohérences, incompatibilités (âge et mode légal de soins, par exemple), associations inhabituelles et codages imprécis, en matière de diagnostics notamment. Pour l'année à venir, le groupe de travail va se pencher sur des consignes de codage explicitant certaines situations cliniques. Il s'agit en priorité des soins somatiques des patients en psychiatrie, les cas de pharmaco-résistance et les difficultés socio-économiques (logement, emploi, isolement...) des patients. Il va également travailler à de nouvelles consignes de recueil concernant les Prestations inter-activités (PIA), les Prestations inter-établissements (PIE), le lien entre forme d'activité et lieu de l'acte, les urgences et les activités de liaison.
Travail sur les addictions en lien avec la DGOS
Le Dr Buron-Fosse a par ailleurs annoncé qu'un travail était en cours, en lien avec la DGOS, dans le champ de l'addictologie, sur les modalités de recueil, apparemment très disparates, de l'activité aux urgences générales liées aux patients souffrant d'addiction, notamment liée à l'alcoolisation. Plusieurs médecins DIM de l'auditoire ont témoigné de difficultés à identifier parfois les périmètres concernés par la remontée d'information entre psychiatrie et MCO. Ils ont évoqué des "gros établissements et des CHU qui codent des activités externes dans le fichier RSF-ACE car ça rapporte des recettes" via la T2A, ou des "zones de flou" liées à des activités comme la sismothérapie, qui nécessite l'appui de réanimateurs, ou transversales comme l'addictologie. Le Dr Éric Chomette, chef de DIM du CH Saint-Anne à Paris, représentant du Collège national de l'information médicale (CNIM) au sein du Comité technique psychiatrie de l'ATIH, a indiqué que dans son établissement l'addictologie était prise en charge, de façon claire, en MCO. "Pour ce qui est du contrôle sur consultations dans les établissements, c'est à l'assurance maladie de faire son travail", a-t-il commenté. Enfin, un travail sera réalisé par le groupe de travail "Qualité" sur la nomenclature des actes, l'évaluation de la dépendance psychique ou encore la structure du recueil, en matière de séquences ou de réflexion sur le diagnostic principal/longitudinal.
Base de connaissance partagée en psychiatrie
Les travaux du groupe de travail "Restitution médico-économique" ont ensuite été présentés, aboutissant à la mise en place d'un nouveau logiciel, adossé au Système national d'information sur l'hospitalisation (SNATIH). Il permettra aux établissements et aux tutelles (ARS, DGOS...) d'accéder à des fiches établissements décrivant la patientèle, la production de soins et les ressources financières de la structure, des fiches sur les populations dans une zone géographique donnée, ou d'opérer des comparaisons dans un agrégat d'établissements sur des critères donnés (exemple, activité adulte/enfants, forme d'activités, etc.). Précision d'importance, a expliqué le Dr Axelle Menu de l'ATIH, les établissements pourront accéder à leur fiche d'établissement mais pas à celle d'une autre structure. "Cela n'est pas autorisé à ce stade", a-t-elle souligné. Cependant ils pourront comparer leur positionnement régional et national sur certains critères, agrégeant au moins trois autres établissements. Par ailleurs, les données financières ne sont signalées pour l'heure que pour les établissements sous Dotation annuelle de financement (DAF) et pas pour les établissements anciennement sous Objectif quantifié national (OQN). L'ATIH, qui travaille à cet outil depuis près de deux ans, a annoncé que cette base de connaissance partagée en psychiatrie serait mise à disposition des utilisateurs début septembre.
Caroline Cordier
*Devant le succès rencontré par cette première journée, une seconde doit être organisée le 26 juin à Paris, sur le même thème.
Quelques chiffres sur le RIM-P
L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) a présenté quelques données nationales du Recueil d'information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) en 2011. Il présente un taux d'exhaustivité de 95%, seule une trentaine d'établissements, petits essentiellement, ne feraient pas remonter leur activité. Le périmètre de recueil du RIM-P concerne 454 établissements publics et 183 établissements privés. En 2011, les établissements publics ont effectué 15,8 millions environ de journées d'Hospitalisation temps complet (HTC), 6,1 millions de journées d'Hospitalisation temps partiel (HTP) et près de 17,5 millions d'actes en ambulatoire, pour une file active de 1,9 million de patients. Les établissements privés ont réalisé 4,5 millions de journées d'HTC et 275 000 journées d'HTP, pour quelque 103 000 patients.C.C.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire