Le DSM-5, critiqué dans l’œuf !
Publié le 26/02/2013
Alors qu’on se rapproche de la parution de la cinquième édition du célèbre DSM, « la clameur des critiques s’amplifie » remarque un psychiatre exerçant à Randwick (Australie). Ces attaques ne se cantonnent pas aux journaux scientifiques, mais viennent aussi de la presse grand public et de l’Internet. Et la contestation du DSM-5 émane de maintes professions : « psychiatres, psychologues, philosophes, théologiens… comme des personnes concernées par un diagnostic de maladie mentale. »
L’auteur résume ces critiques :
–L’APA (American Psychiatric Association, maître d’œuvre du DSM) ne comprend (par définition) que des psychiatres américains et n’a « aucun mandat pour tracer la frontière entre le normal et le pathologique. » Dans l’idéal, cette décision devrait résulter d’un travail commun à des psychiatres venant de plusieurs cultures et même ouvert à divers professionnels, car l’étude du psychisme comprend aussi d’autres volets que le médical : psychologie, sociologie, épistémologie, etc.
–Dans la mesure où les neurosciences et le savoir psychiatrique n’ont pas encore progressé de façon considérable ces dernières années pour garantir une « révision majeure » du DSM-IV, on peut craindre que cette publication prématurée d’une nouvelle version vise davantage à « susciter un best-seller » qu’à opérer une véritable évolution scientifique.
–En abaissant le seuil de définition du pathologique pour plusieurs diagnostics, le DSM-5 ne risque-t-il pas de médicaliser abusivement certains comportements tenus jusqu’alors aux confins de la normalité ? Autrement dit, apporter sa caution officielle à des affections douteuses « au bénéfice des psychiatres et/ou de l’industrie pharmaceutique » (phénomène de disease mongering où le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité a valeur de figure emblématique).
–Le DSM-5 « continue à imposer indûment des constructions catégoriques » sur des critères parfois arbitraires ou contestables.
–La classification des maladies mentales ne tend toujours pas vers une assise scientifique (pourtant envisageable avec l’essor des neurosciences), mais le DSM-5 se contente « simplement de perpétuer et d’exacerber les défauts des précédentes classifications psychiatriques, sans contribuer à une classification vraiment scientifique. »
On le constate : les ventes du manuel de référence mondiale seront assurément au rendez-vous, mais les critiques l’attendent aussi de pied ferme…
Dr Alain Cohen
Sachdev PS : Is DSM-5 defensible? Aust NZJ Psychiatry, 2013; 47: 10–11. doi: 10.1177/0004867412468164.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire