Hyperactivité de l'enfant : les régimes peu probants
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Régimes excluant les colorants alimentaires ; "neurofeedback"... Face à un enfant avec un trouble de l'attention ou une hyperactivité, de nombreux parents sont tentés par des approches non médicamenteuses, soit en association avec la méthylphénidate (Ritaline), seule molécule recommandée actuellement, soit comme alternative à celle-ci. Mais une revue de la littérature menée par un groupe d'experts européens, publiée en ligne le 30 janvier dans l'American Journal of Psychiatry, montre que la plupart des stratégies non pharmacologiques n'ont pas démontré d'efficacité thérapeutique sur ce trouble neurologique.
Caractérisé par des difficultés à se concentrer, une agitation et une impulsivité, le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité ou TDAH touche 3 à 5 % des enfants d'âge scolaire en France. Dix à 20 % sont traités par Ritaline, un psychostimulant dont l'efficacité et les conséquences à long terme font toujours l'objet de débats.
54 ÉTUDES RANDOMISÉES
Edmund Sonuga-Barke (université de Southampton) et ses collègues ont examiné les 54 études randomisées publiées - comparant un groupe traité et un groupe contrôle - concernant les traitements non médicamenteux du TDAH. Ces derniers étaient fondés soit sur des approches diététiques (régimes avec exclusion d'aliments impliqués dans des allergies, régimes sans colorants artificiels, supplémentation en oméga-3 et 6), soit sur des approches d'ordre psychologique (remédiation cognitive, neurofeedback, interventions en thérapies comportementales).
Les différentes méthodes obtiennent des résultats positifs sur les symptômes du TDAH lorsque les investigateurs sont informés des modalités d'attribution des traitements. Quand ils ne le sont pas (procédure à l'aveugle), des différences statistiquement significatives ne sont retrouvées que pour la supplémentation en acides gras oméga-3 et 6, et pour les régimes avec exclusion des colorants artificiels, l'impact restant modeste.
MANQUE DE PUISSANCE
"Ces résultats ne signifient pas que les approches non pharmacologiques sont inefficaces, mais que les études menées jusqu'ici manquent de puissance pour démontrer un effet significatif sur les symptômes du TDAH, commente le pédopsychiatre Michel Lecendreux (CHU Robert-Debré, Paris), coauteur. Nous avons besoin de nouveaux essais, basés sur des méthodologies robustes, pour mieux mesurer l'efficacité thérapeutique de ces stratégies." Il conseille à ses patients un régime alimentaire équilibré, suffisamment riche en acides gras polyinsaturés mais aussi en protéines et en minéraux dont le fer, cofacteur de la dopamine, principal neuromédiateur impliqué dans le TDAH.
"En tant qu'association, nous sommes souvent questionnés sur les traitements non médicamenteux, et ce n'est pas anodin car certains, comme les régimes d'exclusion, peuvent être très contraignants, observe Christine Gétin, présidente de TDAH France (www.tdah-france.fr). Il est important d'avoir des publications solides comme celle-ci pour répondre, d'autant qu'on lit parfois tout et n'importe quoi. Il faut expliquer aux parents la différence entre un témoignage positif et une étude randomisée en double aveugle. Ce n'est pas parce qu'un effet bénéfique est observé qu'une méthode est efficace ; l'amélioration peut provenir d'autre chose, de l'intérêt porté à l'enfant tout simplement."
Sandrine Cabut
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