LA PSYCHIATRIE EN SOUFFRANCE RÉCLAME DES MOYENS |
17-03-2013
Les six centres médico-psychologiques adultes de l’hôpital Edouard Toulouse à Marseille, couvrant les quartiers Nord et le Nord du centre ville, Septèmes et les Pennes Mirabeau enregistrent une hausse de 10% du nombre de patients, soit 500 sur les 5500 au total.
La présidente de la commission médicale d’établissement, la psychiatre Dolorès Torres décrit les besoins d’une population fragilisée, des personnels sous pression et réclame une reconnaissance, via des moyens pour le service public. Il manque par ailleurs 1200 postes de psychiatre en France, six postes existants sont actuellement vacants dans l’établissement.
"L’hôpital Edouard Toulouse ne dessert pas que les quartiers Nord. Dans les 1er, 2e et 3earrondissements, derrière la gare St Charles, la grande précarité est là, excepté la partie Joliette. On a des gens en errance et il y a beaucoup de SDF. Les indicateurs sont actuellement très élevés. La situation est difficile sur le plan social sur la Belle-de-Mai, Saint-Mauront, Félix Pyat, les boulevards de Strasbourg et National. Donc, nous couvrons tous les quartiers difficiles. La demande est très forte et on a du mal à accueillir les patients, avec un problème de logement très fort : 1 patient sur 2 à Edouard Toulouse n’en a pas ", résume le Dr Dolorès Torres, présidente de la commission médicale d’établissement (CME). Elle préside également de l’association Arpsydemio qui dans le cadre de la semaine d’information en santé mentale (18 au 24 mars), pointera cette année les problématique d’accès au logement.
L’établissement a développé "une politique de secteur" qui permet une prise en charge en ambulatoire, des soins gratuits dans les six centres médico-spychologiques adultes. "La porte d’entrée pour la psychiatrie ce sont les CMP avec l’accueil par une équipe pluridisciplinaire, psychiatre, psychologue, assistante sociale, c’est la structure pivot et les infirmiers sont en première ligne", permettant de réduire les délais d’attente. 500 patients de plus en trois ans, soit une augmentation de 10%, confirme M. Testard, directeur adjoint d’Edouard Toulouse.
"Nos centres de consultations sont embolisés, les CMP La Viste (15e) et Belle de Mai sont en difficulté. Le taux de recours progresse ". Une file active de 5500 patients au total dans les CMP adultes dont bon nombre de migrants. " Ils sont engagés dans un parcours du combattant et ne s’attendaient pas à ce que ce soit aussi difficile. Il faut voir ce qu’ils ont traversé. Donc, du stress traumatique et puis, les pathologies psychotiques car on sait que plus l’environnement est précarisé plus ces pathologies émergent ", développe le Dr Torres. Les professionnels sont face d’une part " aux troubles psychiques " et à d’autre part à " la souffrance psychique que l’on ressent quand on est confronté aux difficultés de la vie ".
La souffrance au travail est une nouvelle donne.
"C’est prégnant, on ne rencontrait pas cela avant. Les gens sont écrasés par leur boulot. Quand on voit ce qu’ils racontent, la pression psychologique qu’ils subissent, on pense vraiment que tout est fait pour faire exploser les gens. Nous n’avons pas réalisé d’enquête épidémiologique mais je suis étonnée de voir cette émergence. Le phénomène s’accélère ".
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