Psychiatrie : ces patients dont personne ne veut...
On les appelle les UMD, les unités pour malades difficiles, dangereux. Tous hospitalisés d'office. Mais ils y sont parfois maintenus de façon injustifiée, affirme Jean-Marie Delarue.
Il en existe désormais dix en France, dont quatre construites en 2011 et 2012. Capacité d'accueil, 530 malades. Celle de Plouguernével (Côtes-d'Armor) dispose de quarante lits pour accueillir les patients du Grand Ouest.
Quatre possibilités
À 80 reprises en quatre ans, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a été saisi pour séjours prolongés de patients guéris. Ils ne sont plus dangereux, mais ils ne quittent pas l'UMD pour autant. Le contrôleur a reçu des plaintes de malades, de familles, de psychiatres. À cinq reprises, il a alerté le ministère de la Santé. Sans réponse. Si bien qu'il publie aujourd'hui un « avis » au Journal officiel pour « atteinte portée aux droits fondamentaux » de ces patients.
Comment quitte-t-on une UMD ? Une commission médicale de suivi est saisie et le préfet signe un arrêté de sortie. Jean-Marie Delarue cite le cas d'un malade qui a été maintenu deux ans et demi en UMD alors que les médecins avaient demandé sa sortie, acceptée par le préfet. Non pas en pleine nature, mais vers l'établissement d'origine, en l'occurrence un hôpital psychiatrique classique.
Quatre possibilités s'offrent aux psychiatres. Fin des soins si les traitements intensifs ont été efficaces. Transfert dans un établissement de santé proche du domicile. Retour à l'hôpital psychiatrique d'origine. Ou, s'il y a condamnation pénale, retour en prison.
Le problème ? Les établissements rechignent à reprendre un malade qui a été étiqueté « dangereux ». Le préfet lui-même tergiverse parfois et personne ne tranche la question de savoir qui doit l'accueillir.
Ces séjours prolongés en UMD éloignent des patients souvent jeunes - moyenne d'âge 33 ans - un peu plus de leur milieu familial. « Ces séjours devenus injustifiés, dans des conditions proches de la détention, compromettent leurs chances de réinsertion, leur droit à bénéficier de soins aussi normaux que possible », rappelle Jean-Marie Delarue.
Cette question relance d'ailleurs un débat au sein de la psychiatrie française. Certains médecins craignent, en effet, que la multiplication des Unités pour malades difficiles ne conduise à des enfermements psychiatriques de plus en plus longs.
Bernard LE SOLLEU.
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