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mercredi 7 novembre 2012

Psychiatrie : un club pour revivre

Par figaro iconMartine Perez - le 06/11/2012
Le Clubhouse aide à l'insertion des personnes traitées pour troubles mentaux.
Ils étaient étudiants, patrons de PME, artisans ou salariés. Ils ont été diagnostiqués comme bipolaires ou psychotiques. Leur univers s'est effondré. Leurs proches confrontés à ces maladies méconnues et stigmatisées n'ont pas toujours tenu le coup et les ont parfois abandonnés. Malgré tout, pris en charge par le Clubhouse, ils ont pu se reconstruire, recréer des liens, se refaire des amis, des amours, retrouver du travail. Ils sont venus témoigner, lors d'un déjeuner organisé récemment par l'association Clubhouse France présidée par Philippe Charrier, sous l'égide de la Fondation Caritas France.
Des patrons de grandes entreprises étaient présents à cette réunion. Sensibilisés à la problématique de la maladie mentale, souvent d'ailleurs par une personne malade dans leur propre entourage, ils ont décidé de soutenir le Clubhouse en proposant des offres d'emploi de transition, des aides à l'insertion professionnelle, ou encore des dons.

Un concept américain

Le Clubhouse, lieu d'activité non médicalisé a été créé, pour l'instant seulement à Paris, pour et avec des personnes fragilisées par des troubles mentaux, toutes suivies sur le plan médical. L'objectif est de faciliter la socialisation et l'insertion professionnelle, rudement mises à mal par l'irruption de la maladie.
Le concept est né aux États-Unis en 1948 à New York, lorsqu'un généreux donateur a, pour la première fois, mis un local à la disposition de personnes ayant une maladie psychiatrique pour qu'elles puissent se rencontrer, s'entre-aider et retrouver du travail. Devant le succès de cette expérience dite «Fountain House», l'«International Center for Clubhouse Development» (ICCD) a été créé en 1994. Il y a plus de 350 clubhouses dans le monde. En France, le premier a ouvert ses portes en novembre 2011 au 80 quai de Jemmapes dans le Xe arrondissement de Paris. Il accueille désormais 50 personnes. D'autres devraient suivre.
En France, plus de 15 % de la population souffrent de troubles mentaux, mais ces affections restent mal connues. Et les idées les plus fausses circulent à leur sujet, malgré les progrès accomplis au cours des vingt dernières années. Lutter contre la stigmatisation par le biais de la réinsertion est devenu un défi à relever aussi important que la lutte contre la maladie elle-même. Faire savoir, répéter, que le patient est un être humain, victime d'une maladie, qui lorsqu'il est bien pris en charge, peut retrouver toutes ses potentialités surtout si la possibilité de les exprimer lui est offerte…

Prise en charge médicale

Le Clubhouse est un lieu d'accueil qui fonctionne cinq jours sur sept. La condition impérative pour être membre est d'être pris en charge correctement sur le plan médical. Les activités quotidiennes sont animées conjointement par les salariés et les membres. Ces derniers choisissent le travail et les activités qui leur conviennent. La vie quotidienne y est structurée sur le travail réel nécessaire au bon fonctionnement du Clubhouse, accueil des membres, contacts avec les absents, service de restauration, entretien des locaux, organisation d'activités récréatives, collecte de fonds, comptabilité et communication du club, accompagnement des membres en entreprise, formation et gestion des programmes d'emplois, aide à la recherche d'un logement… La réinsertion sociale par le travail, mise en œuvre dans le cadre d'un programme d'«emplois de transition» est adossée à des contrats de partenariats conclus avec des entreprises ou des administrations partenaires.
Un conseil scientifique qui suit et guide les activités de cette structure est coordonné par le Dr Christian Gay (composé - entre autres - des professeurs Chantal Henry à Créteil, Pierre Michel Llorca à Clermont-Ferrand, Sonia Dolffus à Caen, Fréderic Rouillon à Paris et Philippe Courtet à Montpellier). Selon les évaluations des clubhouses menées à l'étranger, par rapport à d'autres patients, les membres sont plus nombreux à trouver un emploi, occupent leur poste plus longtemps et bénéficient de salaires plus élevés. Par ailleurs, le taux d'hospitalisation est réduit d'un tiers. Enfin, un nombre significatif de membres des clubs déclarent qu'ils se sont fait des amis sur lesquels ils peuvent compter. Le financement est à 95 % privé, grâce à 220 donateurs.

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