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Pas vraiment de quoi se féliciter. Voilà ce qui ressort du premier rapport sur l'état de santé et le système de soins comparant la France aux autres pays de l'Union européenne et publié mercredi 23 mai par le Haut Conseil à la santé publique (HCSP). Une étude basée sur les indicateurs de santé dits EHCI définis par la Commission pour établir une cohérence entre les données des différents pays.
"Ce rapport favorise la prise de conscience que nous ne sommes ni seuls au monde, ni les plus privilégiés. En matière de santé, la France est aujourd'hui un pays "moyen"", a indiqué Roger Salamon, président du HSCP, dans le communiqué qui a accompagné la sortie du document. Un rapport qui pourra constituer une véritable ordonnance en matière de santé publique pour le nouveau gouvernement. On y trouve des motifs de grande satisfaction, avec un très bon positionnement pour l'espérance de vie (la France est première des 27 pays membres), le taux de natalité (troisième), ou encore les maladies cardiovasculaires - la France enregistre le taux de mortalité le plus bas d'Europe. Mais le document pointe bon nombre d'indicateurs moins réjouissants.
Parmi les points faibles, l'alcool. Certes la France n'est plus première en termes de consommation, une position qu'elle a longtemps occupée, mais elle se classe toutefois quatrième, derrière l'Estonie, la République tchèque et l'Irlande. Et le niveau de mortalité liée à l'alcool y est légèrement supérieur à la moyenne européenne.
Côté tabagisme, le pourcentage de fumeurs quotidiens s'est stabilisé chez les hommes depuis 2005 à un niveau relatif assez élevé, tandis que le pourcentage de fumeuses quotidiennes est actuellement en hausse, contrairement aux autres pays européens disposant de données sur le sujet. "Et nous enregistrons la plus grosse progression de tous les pays européens pour le cancer du poumon chez les femmes", relève Eric Jougla (Inserm), auteur du rapport.
De façon générale, la France se classe très défavorablement en termes d'incidence de cancers. "Si un tel résultat peut laisser supposer des faiblesses en matière de prévention, il peut toutefois traduire en réalité une excellente qualité de dépistage", souligne cependant le rapport.
FORTE MORTALITÉ PÉRINATALE
Concernant la mortalité infantile, le classement s'est dégradé (17e rang sur 27). Le taux français stagne à 3,9 décès pour 1 000 naissances, alors que de nombreux pays ont réussi à descendre autour de 3. Pour la mortalité par suicide, la France est là encore dans la moyenne haute. Au sein des Vingt-Sept, elle présente le septième taux de décès le plus fort pour les hommes et le cinquième pour les femmes, derrière notamment, pour ces dernières, la Lituanie, la Hongrie ou la Lettonie.
En outre, la France est le pays de l'Union européenne qui enregistre le taux de mortalité périnatale le plus élevé, avec 13,9 morts foetales et néonatales précoces pour 1 000 naissances. Une situation qui perdure. Sa politique active de dépistage des anomalies congénitales et la pratique d'interruptions médicales de grossesse relativement tardives expliquent la majeure partie de l'excès, à quoi s'ajoutent des incertitudes liées à des limites de comparaison. Il est urgent, note par conséquent le HCSP, de résoudre ces questions de méthode afin de définir la position réelle de la France et engager les actions nécessaires pour réduire enfin la mortalité périnatale.
Les résultats globaux ne doivent pas faire oublier les fortes disparités territoriales et sociales au sein des pays mêmes, estime le HCSP, qui souhaite que les futures comparaisons européennes les intègrent. En France, le plan Cancer II a mis en avant cette problématique. Mais alors que le Haut Conseil lui-même avait remis il y a plus de deux ans un rapport sur la question, l'heure semble en être encore qu'à la prise de conscience.
Laetitia Clavreul
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