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samedi 16 juin 2012



La nouvelle loi sur l'hospitalisation sous contrainte risque de créer de l'emploi. Mais plutôt dans la justice et la police que dans le secteur psychiatrique. Par Frédéric Martin, infirmier à Paris


Mes amis, réjouissons-nous, car en ces temps de crise, il est enfin un secteur qui revitalise notre marché du travail. Un secteur surprenant, d’ailleurs, tant la psychiatrie est connue pour s’inviter au journal de 20 heures et non pour créer des emplois. La dernière loi relative à l’hospitalisation sous contrainte offre en effet des retombées inattendues. Conçue afin de satisfaire à la mode « ceinture et bretelles » en vigueur dans le monde politique actuel, elle met en œuvre des compétences professionnelles particulièrement aiguisées…

La loi prévoit l’audition des personnes hospitalisées sous contrainte par le juge des libertés dans les quinze jours suivant la mesure. Si le patient n’est pas en état de comparaître, ou s’il s’en moque, il est représenté par un avocat payé par l’intéressé, ou par l’aide juridictionnelle en cas de revenus trop faibles. Premier bénéfice en termes d’emploi : du boulot pour le barreau. Du boulot spécialisé, très précis, presque de la nanotechnologie : il est demandé à l’avocat d’examiner, non pas la pertinence de la mesure, mais le respect de la procédure. Le voilà donc traquant le vice de forme ou la faute de frappe ; la date doit correspondre, le numéro du décret doit être à sa place… Un travail d’orfèvre, où l’on coupe les cheveux en quatre. La nanotechnologie judiciaire demande un personnel hautement qualifié ! La loupe est indispensable, le microscope vivement recommandé. En cas de virgule oubliée, ou si la photo du passeport est dans le mauvais sens, il est prévu de remettre le patient en liberté, dans son biotope habituel. Résultat : avocat 1- juge 0. Le prochain match se déroulera à l’occasion de la prochaine hospitalisation.

Deuxième bénéfice en termes d’emploi : il faut du personnel pour ramener le patient à l’hôpital dès qu’il se remet à troubler l’ordre public. Un boulot moins spécialisé ; un flic un peu réactif suffit pour faire le job. Bref, la psychiatrie et la justice s’unissent pour créer des emplois, et c’est là l’essentiel.

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