Front commun contre la dépénalisation du cannabis
lequotidiendumedecin.fr 13/06/2012
Dans une déclaration conjointe, l’Académie nationale de médecine et l’Académie nationale de pharmacie rappellent que le cannabis est une vraie drogue, qui a des effets délétères sur la santé et mettent en garde contre toute dépénalisation. « La légalisation du cannabis est une revendication qui réapparaît périodiquement depuis une quarantaine d’années, malgré les données neurobiologiques, cliniques et épidémiologiques validés qui justifient son interdiction, et cela en dépit des statistiques de plus en plus alarmantes d’accidents liés à sa consommation, notamment sur la route et au travail », soulignent les académiciens.
L’intervention des deux académies fait suite à la déclaration de la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot, qui s’est prononcée en faveur de la dépénalisation. Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche (PRG), est intervenu dans le débat, en faveur de la légalisation, pour proposer de vendre la substance en pharmacie. Le président de la république a rappelé à plusieurs reprises qu’il était contre une telle dépénalisation et qu’il n’était pas question qu’il change de position.
« C’est en France que l’on fume le plus de cannabis en Europe », insistent les académiciens. Selon eux, « on peut raisonnablement en déduire qu’une dépénalisation de sa consommation aura des conséquences délétères sur la santé publique dans notre pays, plus particulièrement sur les jeunes, en laissant entendre qu’il s’agit d’une habitude sans conséquences nocives ». En outre « la "pipe à eau" est un nouveau mode d’absorption, particulièrement redoutable, qui délivre presque instantanément au cerveau des quantités importantes de THC suscitant délire et hallucinations », précisent-ils.
Pas un médicament
Les deux académies précisent que le cannabis n’est pas une drogue douce, et qu’elle contient 5 à 10 fois plus de principe actif, le tétrahydrocannabinol ou THC, qu’il y a 40 ans. Sa consommation augmente les risques de cancers, provoque des artérites, infarctus ou des AVC, une altération de la mémoire, de l’anxiété ou de la dépression. Le cannabis déprime l’immunité et double le risque de symptôme psychotique à terme.
Les académiciens ajoutent que le cannabis n’est pas un médicament,« n’en déplaise à ceux qui vont jusqu’à proposer de confier sa commercialisation aux pharmaciens ». Ils lui reconnaissent des activités thérapeutiques, mais précisent qu’un médicament doit avoir une dose thérapeutique utile connue avec précision, et un rapport bénéfice/risque qui penche en faveur des bienfaits que pourra en retirer le patient.« S’agissant du cannabis/THC, alors que les effets pharmacologiques sont d’une intensité modeste, les effets secondaires sont nombreux et très souvent adverses », ajoute les deux académies.
La santé publique est aussi en jeu, puisque comme le rappellent les académiciens, le cannabis augmente le risque d’accident de la route et le risque d’accident du travail. « Le combat contre le tabac est loin d’être gagné ; faut-il y ajouter la toxicité du cannabis avec 8 fois plus de goudrons cancérigènes et passer d’une addiction à une autre, plus dangereuse, puisqu’elle abolit la volonté, annihilant tout effort personnel de désintoxication ? », s’interrogent-ils. L’Académie de médecine et l’Académie de pharmacie rappellent également que les quelques pays qui ont une législation tolérante sont en train de faire marche arrière.
› CÉCILE RABEUX
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire