Alice Winocour, réalisatrice d’un premier film, «Augustine»
Alice Winocour, réalisatrice, le 17 mai à Cannes. - Roberto Frankenberg
Alice Winocour a la générosité des premières fois. Premier long métrage, première exposition médiatique : la réalisatrice de 36 ans raconte avec élan la genèse et les multiples dimensions de son film Augustine - une gageure, tant le résultat est riche et réussi. Projeté ce samedi à la Semaine de la critique, il parle de l’hystérie, maladie attribuée aux femmes des siècles derniers, depuis disparue, ou plutôt transformée.
Augustine, 15 ans, est une jeune bonne internée à la Salpêtrière en 1885, soignée par le docteur Charcot, devenant sa «favorite» et son obsession. Un premier film en costumes, sur un personnage historique de la médecine ? Alice Winocour dit qu’elle a «subi» plus que «choisi» son sujet. Une lecture, décrivant la Salpêtrière du temps de Charcot, «2 000 femmes du peuple enfermées et observées par des hommes, avec des examens hyperviolents et une tension érotique permanente».Une image, un tableau d’André Brouillet, «où on voit le médecin en costume trois-pièces, détaillant une patiente à moitié nue devant un parterre de spectateurs». Et il ne lui a plus semblé possible de tourner autre chose.
Le film intègre des femmes non comédiennes, souffrant d’affections psychiatriques réelles. Et son propos est on ne peut plus contemporain. «L’hystérie, c’est mettre en scène sa détresse dans son corps. C’est quelque chose qui existe encore beaucoup, avec l’anorexie, l’automutilation.» Cette détresse, Alice Winocour n’en élude aucune des ambiguïtés. «Les médecins soumettent Augustine a des exhibitions d’une violence folle, mais elle cherche aussi à être l’objet de leurs regards. Comme dans une relation SM, la dominée a finalement le pouvoir.» Alice Winocour dit qu’elle a voulu faire un film sur la peur et le désir qu’inspirent les femmes. «Ça aussi, c’est quelque chose à mon avis toujours d’actualité.»
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