Barrage à l'entrée des blocs opératoires
Les grévistes se sont massés tôt le matin, devant les accès de trois blocs opératoires.
En raison d'une grève, hier matin, trois blocs de l'Hôtel-Dieu n'ont pas pu fonctionner normalement. Un nouveau clignotant sur le tableau des conditions de travail à l'hôpital.
Reportage
Depuis 7 h, à l'étage des blocs opératoires d'un secteur de l'Hôtel-Dieu, c'est l'effervescence. Environ 80 personnes, infirmiers et aides-soignants pour la plupart, font barrage aux entrées de trois blocs : urologie digestive ; ORL ; orthopédie, neuro-traumatologie et stomatologie.
À l'appel du syndicat FO qui encadre l'action, les grévistes mettent une nouvelle fois l'accent sur un manque « de 10 postes d'infirmiers anesthésistes et six postes d'infirmiers de bloc opératoire, sans compter les remplacements d'arrêts pour ces professions et celle des aides-soignants... »
Personnels assignés
La voix pleine de colère d'un cadre résonne dans les couloirs placardés d'affiches sur le mouvement. Elle qualifie l'action « d'irresponsable et honteuse ». Sur le même ton, des grévistes fustigent à leur tour « le refus de négocier... »
Dès le préavis de grève connu la semaine dernière, la direction du CHU a déclenché une procédure d'assignation massive des grévistes, appliquée dès ce lundi. La réquisition passe mal : « On a l'impression d'être en Chine, c'est un retour à la corvéabilité », lance une infirmière. À ses côtés, Sylvie, infirmière anesthésiste depuis 30 ans, ajoute : « Les blocs vont être regroupés à l'échéance 2013, question de rentabilité. On veut nous imposer une réorganisation, avec des horaires variables. Ce qui signifie une nouvelle dégradation de nos conditions de travail... » Et de détailler le stress quotidien, qu'on soit infirmière, aide-soignante ou agent de service hospitalier ; la vie professionnelle qui empiète sur la vie personnelle ; la pression permanente « pour aller toujours plus vite... » Au risque de commettre des erreurs.
La sécurité des soins d'abord
Les revendications affichées font référence à un souci constant de « préserver la sécurité des soins aux patients... »
Jacqueline, aide-soignante depuis près de 20 ans, parle de l'accueil du patient et de son installation, « dans un temps de plus en plus réduit ». Car il faut derrière, assurer d'autres tâches comme l'hygiène des locaux. Et là encore, on manque de bras. « On essaie de rester consciencieux, mais c'est difficile... »
Le bien-être du patient est aussi la préoccupation de Bertrand, infirmier au bloc des urgences (lequel fonctionne malgré la grève). Dans son univers dit-il, il n'est pas rare d'enchaîner une astreinte de nuit au terme d'une journée de travail et de réattaquer le lendemain.
Des opérations reportées
La direction, elle, considère qu'une ligne jaune a été franchie : « Cette action est choquante. Là, on sort du droit de grève... Des programmes opératoires n'ont pas pu être réalisés comme prévu et des interventions ont été reportées... »
Dans le but de contrer les assignations de grévistes, le syndicat FO a déposé un recours pour atteinte au droit de grève, au tribunal administratif de Nantes. La porte de la négociation s'est néanmoins ouverte lundi après-midi. Deux heures de discussion qui laissent les représentants des grévistes sur leur faim. Ces derniers ont demandé entre autres, le paiement des astreintes, en cas de changement d'horaires imposé.
La grève reconduite
« Nous n'avons pas trouvé d'accord définitif », traduit la direction qui ne ferme pas dit-elle, la porte des négociations. Le mouvement, très suivi par les personnels des blocs opératoires, a été reconduit hier soir. Par ailleurs, la grève entamée voilà bientôt trois semaines dans le service hématologie, se poursuit également.
Jocelyne RAT.
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