Le crime et le divan
Dans « L'Interprétation des meurtres » (Panama), Jed Rubenfeld décrivait la rencontre entre Freud et un jeune psychiatre, Stratham Younger, chargé de favoriser la diffusion de la psychanalyse aux États-Unis. Frank Tallis, docteur en psychologie, consacre également une série au philosophe viennois chez 10/18, et l'on sait la complicité méthodique qui lie l'enquête à l'analyse, le rôle des symptômes que l'on peut comparer à celui des indices, le fait qu'une scène de crime au premier chapitre n'est jamais que l'épilogue d'une histoire à reconstruire.
Ce qui retient à nouveau l'attention du lecteur dans « L'Origine du silence », c'est ce mélange astucieux entre roman-feuilleton, dissertation parfois érudite sur la psychanalyse et reconstitution historique.
Le fracas des armes
Le premier épisode se situait en 1909, sur le chantier d'un siècle prometteur. C'est le fracas des armes qui va anéantir les rêves. En 1920, les protagonistes affrontent les conséquences de la Première Guerre mondiale. Ils soignent un enfant mutique, enquêtent sur des attentats à Wall Street, combattent l'affairisme corrupteur et un trafic de radium dont Marie Curie fait les frais.
Dans l'Europe en ruines, et plus précisément dans cette ville de Vienne où l'on mange les chiens en attendant de chasser les Juifs, Freud évoque pour la première fois un élément de sa théorie permettant d'interpréter le silence de l'enfant.
Et comme dans tout bon polar, ce sont les mots de la fin qui éclairent la scène du crime.
LIONEL GERMAIN
« L'Origine du silence », de Jed Rubenfeld, éd. Fleuve noir, 570 p., 20,90 €.
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