Bébés secoués : la HAS alerte les médecins
13/09/2011
La Haute Autorité de santé propose des recommandations sur une forme mal connue de maltraitance aux conséquences irréparables, le syndrome du bébé secoué. Son but est d’aider les médecins à mieux repérer les bébés en danger.
Quelque 200 bébés secoués sont recensés chaque année, chiffre que la HAS estime sous-estimé. Ce syndrome se définit comme un traumatisme crânien qui « survient lorsqu’un adulte (un homme, dans 7 cas sur 10) secoue un bébé (le plus souvent âgé de moins d’un an) par exaspération ou épuisement face à des pleurs qui ne se calment pas ». Dans près de 40 % des cas, le secouement est mortel pour l’enfant, tandis que dans les autres cas, les victimes risquent en majorité de graves séquelles.
Les recommandations de la HAS répondent à deux objectifs principaux. Le premier est d’améliorer le diagnostic et la prise en charge du bébé en le protégeant des risques de récidives (la moitié des cas). Le second est de développer, via les professionnels de santé, la prévention auprès des parents, premiers responsables de ces accidents, loin devant les baby-sitters. Cette prévention devrait s’inscrire le plus tôt possible, dès la sortie de la maternité. Face à des pleurs prolongés, le réflexe à avoir est de coucher le nourrisson sur le dos dans son lit et de quitter la pièce, indique, à titre d’exemple, le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de la HAS. « Il est naturel de s’exaspérer mais il faut prendre alors le temps de se calmer », affirme-t-il, en précisant que la HAS met à disposition des professionnels un poster sur les critères diagnostiques ainsi qu’un film vidéo de prévention (www.has-sante.fr).
Examen clinique et imagerie.
Les travaux de la HAS, qui s’appuient sur ceux de la Société française de médecine et de réadaptation (SOFMER), préconisent d’évoquer systématiquement le diagnostic de secouement devant des symptômes neurologiques mais aussi des signes moins spécifiques, comme les vomissements ou une pâleur. Le Dr Mireille Nathanson, pédiatre et spécialiste des questions de maltraitance, rappelle que l’examen clinique, sur un nourrisson dénudé, doit comprendre la palpation de la fontanelle, la mesure du périmètre crânien – qu’il faut reporter sur la courbe en cherchant un changement de couloir – et la recherche d’ecchymoses sur le corps, y compris le cuir chevelu. Le discours de l’entourage doit être pris en compte, surtout lorsque « les données de l’entretien ne collent pas avec la réalité ». En cas de doute, « il faut hospitaliser le bébé », tranche la pédiatre.
L’examen doit être complété par une imagerie cérébrale (scanner puis IRM) à la recherche d’un hématome sous-dural (souvent plurifocal) ou d’autres lésions cérébrales et par un examen du fond d’œil à la recherche d’hémorragies rétiniennes (inconstantes mais présentes dans 80 % des cas). En fonction des lésions observées, la HAS a délimité des critères diagnostiques selon quatre catégories : le secouement est« hautement probable voire certain », il est « probable », « possible » ou« écarté ».
Mais la protection de l’enfant ne s’arrête pas à l’hospitalisation : il est aussi judiciaire. « Le signalement à l’autorité judiciaire n’est jamais anodin », convient Fabienne Quiriau, responsable de la Convention nationale des associations de protection de l’enfant (CNAPE). La HAS envisage deux hypothèses : soit un signalement au procureur de la République si le diagnostic est « hautement probable » ou « probable », soit l’envoi d’une information préoccupante au président du Conseil général si le diagnostic est « possible ».
La prévention, conclut le rapport de la HAS, est l’outil le plus efficace pour enrayer ce symptôme de maltraitance. Ses résultats, dans les pays où elle a été menée, notamment aux États-Unis, ont été très encourageants.
› GRÉGOIRE TAVERNIER
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