Les infirmiers psychiatriques menacés
Youness Hamelat07/03/2011
Youness Hamelat07/03/2011
Maintien à domicile
Éric Dutech est infirmier généraliste libéral spécialisé en psychiatrie. Depuis presque quatre ans, six cabinets d'infirmiers de la région toulousaine, dont le sien, sont chargés par les hôpitaux psychiatriques (l'hôpital Marchant entre autres) de maintenir près de 300 patients atteints de graves pathologies (schizophrénie, psychoses, névrose…) à domicile.
Tous les jours, deux fois par jours, il rend visite à Marie (nom emprunté dans un souci d'anonymat), âgée de 40 ans, atteinte de schizophrénie. Outre la délivrance de traitements adaptés, Éric entretient un suivi avec sa patiente qui commence par le dialogue. « La communication est la base de notre travail, explique Éric, ce suivi nous permet de jauger son niveau de trouble et de la maintenir dans un état stable, chose que ne peuvent pas faire des infirmiers classiques. »
En effet, si ce travail permet le désengorgement des hôpitaux, il évite également une réhospitalisation des patients.
Plus de remboursement de la CPAM
En début d'année, ces infirmiers spécialisés ont appris que la Caisse primaire d'assurance-maladie ne rembourserait plus leurs prestations. Pour cause, une interprétation différente des textes de nomenclature de l'assurance-maladie, qui ne souhaite plus prendre en charge les troubles psychiques.Pour Patrice De Gelibert, du cabinet Occitan, il s'agit d'une aberration : « La CPAM voudrait que l'on travaille pour 3,15 €, soit le coût de la distribution de médicament. Ce refus ne peut être que d'ordre économique ». Le constat est plus grave selon Frédéric Pasquilini, du cabinet Sophia, qui y voit une forme de discrimination : « Avec cette interprétation, la CPAM ne veut prendre en compte que les problèmes d'ordre physique et exclut les troubles psychiques. C'est discriminatoire ! ».
Pour les hôpitaux psychiatriques, ces infirmiers fournissent un soutien considérable.
Interrogé sur le sujet, le Dr Vincent, psychiatre à l'hôpital Marchant, ne comprend pas les calculs de la CPAM : « S'ils ne sont plus là, ces patients seront forcément rehospitalisés. Quand on sait qu'une journée d'hospitalisation coûte 500 €, j'ai du mal à comprendre que l'on puisse faire des économies sur des prestations qui se chiffrent au maximum à une trentaine d'euros ». Et d'ajouter que « le secteur 1 de psychiatrie est déjà saturé en terme de lits ».
Pour l'heure, les cabinets d'infirmiers continuent leur mission bénévolement en attendant que l'affaire passe devant le tribunal des affaires sociales.
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