Le corps des femmes n'est pas en libre-service
Point de vue
24.11.10
Le corps des femmes est-il en libre service ? Il semblerait que beaucoup d'hommes, en France, considèrent que c'est le cas, puisque, chaque année, plus de 198 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol, selon l'Observatoire national de la délinquance.
Selon les représentations courantes, le viol est le fait de psychopathes qui s'attaquent à des inconnues dans des endroits isolés. En fait, dans la plupart des cas, les femmes violées connaissent leur agresseur : mari ou compagnon, collègue, voisin… Les violeurs sont des hommes ordinaires. Cela n'a rien de surprenant, puisque la croyance qu'il existerait des "pulsions sexuelles irrépressibles" des hommes – mais pas des femmes – reste extrêmement répandue ; le viol serait en partie excusable, quand, soi-disant, "on ne peut pas se retenir".
En réalité, le viol n'a rien à voir avec la biologie : il est inscrit dans une conception culturelle et construite de la sexualité hétérosexuelle. Malgré l'émancipation des femmes durant ces quarante dernières années (notamment grâce à la contraception et à l'avortement), la sexualité hétérosexuelle continue à être imaginée et vécue de manière profondément inégalitaire : elle est censée tourner autour du désir et du plaisir masculins, et le désir et le plaisir féminins ne sont que secondaires – la cerise sur le gâteau en quelque sorte. Ainsi, un rapport sexuel sans pénétration ne sera souvent pas considéré comme un véritable rapport sexuel, mais un rapport sexuel sans orgasme féminin, si.
Toutes nos représentations collectives véhiculent l'idée qu'un homme doit "conquérir" sa partenaire ; il est le chasseur et elle est la proie. Combien de films, de livres, mettent en scène cette répartition traditionnelle des rôles : dès le plus jeune âge, on donne pour modèle du couple La Belle au bois dormant – la princesse attend passivement, tandis que le prince pourfend, combat, enfonce la porte. Qui n'a en mémoire des scènes de films où le héros force l'héroïne à l'embrasser, voire plus – et finalement elle est ravie. Sans parler de la publicité et de ses stéréotypes…
Le désir et la parole des femmes doivent avoir la même place, la même valeur que ceux des hommes. "Quand je dis non, c'est non" : un principe tout simple qui doit enfin être respecté !
Pour que la honte ne pèse plus sur les victimes mais bien sur les violeurs, pour que chacune et chacun prenne conscience que le viol est un comportement criminel qui s'ancre dans la domination masculine persistante de nos sociétés, Mix-Cité, Osez le féminisme et le Collectif féministe contre le viol lancent une pétition. Tous et toutes, nous pouvons décider de choisir un autre type de relations femmes-hommes.
Béatrice Gamba, Mix-Cité, Caroline De Haas, Osez le féminisme !, Emmanuelle Piet, Collectif féministe contre le viol
Point de vue
24.11.10
Le corps des femmes est-il en libre service ? Il semblerait que beaucoup d'hommes, en France, considèrent que c'est le cas, puisque, chaque année, plus de 198 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol, selon l'Observatoire national de la délinquance.
Selon les représentations courantes, le viol est le fait de psychopathes qui s'attaquent à des inconnues dans des endroits isolés. En fait, dans la plupart des cas, les femmes violées connaissent leur agresseur : mari ou compagnon, collègue, voisin… Les violeurs sont des hommes ordinaires. Cela n'a rien de surprenant, puisque la croyance qu'il existerait des "pulsions sexuelles irrépressibles" des hommes – mais pas des femmes – reste extrêmement répandue ; le viol serait en partie excusable, quand, soi-disant, "on ne peut pas se retenir".
En réalité, le viol n'a rien à voir avec la biologie : il est inscrit dans une conception culturelle et construite de la sexualité hétérosexuelle. Malgré l'émancipation des femmes durant ces quarante dernières années (notamment grâce à la contraception et à l'avortement), la sexualité hétérosexuelle continue à être imaginée et vécue de manière profondément inégalitaire : elle est censée tourner autour du désir et du plaisir masculins, et le désir et le plaisir féminins ne sont que secondaires – la cerise sur le gâteau en quelque sorte. Ainsi, un rapport sexuel sans pénétration ne sera souvent pas considéré comme un véritable rapport sexuel, mais un rapport sexuel sans orgasme féminin, si.
Toutes nos représentations collectives véhiculent l'idée qu'un homme doit "conquérir" sa partenaire ; il est le chasseur et elle est la proie. Combien de films, de livres, mettent en scène cette répartition traditionnelle des rôles : dès le plus jeune âge, on donne pour modèle du couple La Belle au bois dormant – la princesse attend passivement, tandis que le prince pourfend, combat, enfonce la porte. Qui n'a en mémoire des scènes de films où le héros force l'héroïne à l'embrasser, voire plus – et finalement elle est ravie. Sans parler de la publicité et de ses stéréotypes…
Le désir et la parole des femmes doivent avoir la même place, la même valeur que ceux des hommes. "Quand je dis non, c'est non" : un principe tout simple qui doit enfin être respecté !
Pour que la honte ne pèse plus sur les victimes mais bien sur les violeurs, pour que chacune et chacun prenne conscience que le viol est un comportement criminel qui s'ancre dans la domination masculine persistante de nos sociétés, Mix-Cité, Osez le féminisme et le Collectif féministe contre le viol lancent une pétition. Tous et toutes, nous pouvons décider de choisir un autre type de relations femmes-hommes.
Béatrice Gamba, Mix-Cité, Caroline De Haas, Osez le féminisme !, Emmanuelle Piet, Collectif féministe contre le viol
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