Le décret sur le titre de psychothérapeute enfin publié
Le président de la MIVILUDES, Georges Fenech, s’en réjouit. Le décret relatif à l’usage du titre de psychothérapeute, tant attendu depuis l’amendement Accoyer du 9 avril 2004, modifié par la loi du 21 juillet 2009, est enfin paru au « Journal officiel » (décret n° 2010-534 du 20 mai 2010).
À partir du 1er juillet 2010, l’inscription sur le registre national des psychothérapeutes « est subordonnée à la validation d’une formation en psychopathologie clinique de 400 heures minimum et d’un stage pratique d’une durée minimale correspondant à cinq mois ». L’accès à la formation est « réservé aux titulaires d’un diplôme de niveau doctorat donnant le droit d’exercer la médecine en France ou d’un diplôme de niveau master dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse ».
La formation doit permettre d’acquérir et de valider des connaissances relatives au développement, fonctionnement et processus psychiques ; aux critères de discernement des grandes pathologies psychiatriques ; aux différentes théories se rapportant à la psychopathologie et aux principales approches utilisées en psychothérapie. Les établissements autorisés à délivrer la formation « sont agréés pour quatre ans » par les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur.
Avant toute utilisation du titre de psychothérapeute, le professionnel devra s’inscrire sur la liste départementale du registre national des psychothérapeutes. Le texte précise par ailleurs, les dispositions transitoires pour les professionnels justifiant d’au moins cinq ans de pratique à la date de publication du décret. Une dérogation d’inscription peut leur être accordée par le préfet du département de leur résidence professionnelle. Ces professionnels devront présenter leur dossier d’inscription dans le délai d’un an à compter de la publication du décret.
Ce décret « participera plus efficacement à la lutte contre le charlatanisme et les dérives sectaires », souligne Georges Fenech. Le président de la MIVILUDES* estime qu’environ 2 millions sur les 12 millions de Français qui ont recours à la psychothérapie, étaient exposés à un risque d’emprise mentale et d’abandon de soins conventionnels. « En effet, assure-t-il, sur les 15 000 praticiens de la psychothérapie, environ 4 500 ne justifiaient d’aucune formation reconnue. »
› Dr L. A.
* Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
Quotimed.com, le 26/05/2010
26/05/2010
La pratique des psychothérapies sera mieux réglementée
Une formation minimale sera désormais exigée pour toute personne souhaitant user du titre de psychothérapeute
«Cela aura été le plus long de mes combats parlementaires. Pour y parvenir, il aura quand même fallu onze ans et six ministres de la santé… ». Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, ne cache pas sa satisfaction après la publication, samedi 22 mai au Journal Officiel, d’un décret réglementant l’usage du titre de psychothérapeute. Un texte attendu de longue date et qui a suscité un débat très vif dans le monde de la psychiatrie et de la psychanalyse.
C’est en 1999 que Bernard Accoyer, ORL de formation et alors simple député du RPR, se lance dans ce combat. « À cette époque, j’ai découvert que n’importe qui pouvait s’autoproclamer psychothérapeute et ‘soigner’, sans la moindre formation ni compétence, des personnes en souffrance », explique-il.
En 2004, un premier article de loi est voté, mais en pure perte, faute de décrets d’application. Il faudra le vote, à l’été 2009, de la loi sur l’hôpital et ce décret, pour en finir avec ce feuilleton au long cours.
Les psychiatres dispensés de formation
À l’avenir, toute personne souhaitant utiliser le titre de psychothérapeute devra être inscrite sur un registre départemental qui pourra être consulté par les patients. Pour s’y inscrire, elle devra avoir suivi une formation en psychopathologie clinique d’au minimum 400 heures, délivrée dans un établissement public ou privé agréé par les pouvoirs publics. Elle devra également suivre un stage pratique d’une durée minimale de 5 mois. Seront dispensés de cette formation les médecins psychiatres, qui pourront donc automatiquement s’inscrire sur le registre.
La situation sera un peu différente pour les psychologues et les psychanalystes. Les psychologues devront suivre deux mois de stage et 150 heures de formation théorique pour les cliniciens et 300 heures pour les non-cliniciens. Quand aux psychanalystes, régulièrement inscrits dans leurs annuaires, ils se verront imposer 200 heures de formation et 2 mois de stage pour utiliser le titre de psychothérapeute.
Reste le cas des médecins non-psychiatres. Lors du débat, un certain nombre d’observateurs s’étaient inquiétés du fait qu’au nom de l’omnivalence du diplôme de médecine, n’importe quel praticien, par exemple un généraliste ou un dermatologue, puisse se lancer dans la pratique de la psychothérapie. Les médecins non-psychiatres devront donc suivre 200 heures de formation et 2 mois de stage pour s’inscrire sur le registre.
«Renforcer le droit des patients»
« À nos yeux, c’est notoirement insuffisant. Ce décret va entraîner une déqualification de la psychothérapie et même d’une partie de la psychiatrie », estime le docteur François Kammerer, vice-président de l’association française de psychiatre et du syndicat des psychiatres français.
Une certaine souplesse a été prévue pour les professionnels déjà en exercice et pouvant justifier d’au moins cinq ans de la pratique de la psychothérapie. Ils pourront être inscrits sur le registre, par dérogation, après avoir fait valider leur expérience devant une commission composée de psychiatres, de psychanalystes ou de psychologues.
« Notre seule volonté est de renforcer le droit des patients et de mettre un terme aux agissements, souvent dangereux ou sectaires, de tous ces psychothérapeutes autoproclamés », assure Bernard Accoyer.
Pierre BIENVAULT
La pratique des psychothérapies sera mieux réglementée
Une formation minimale sera désormais exigée pour toute personne souhaitant user du titre de psychothérapeute
«Cela aura été le plus long de mes combats parlementaires. Pour y parvenir, il aura quand même fallu onze ans et six ministres de la santé… ». Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, ne cache pas sa satisfaction après la publication, samedi 22 mai au Journal Officiel, d’un décret réglementant l’usage du titre de psychothérapeute. Un texte attendu de longue date et qui a suscité un débat très vif dans le monde de la psychiatrie et de la psychanalyse.
C’est en 1999 que Bernard Accoyer, ORL de formation et alors simple député du RPR, se lance dans ce combat. « À cette époque, j’ai découvert que n’importe qui pouvait s’autoproclamer psychothérapeute et ‘soigner’, sans la moindre formation ni compétence, des personnes en souffrance », explique-il.
En 2004, un premier article de loi est voté, mais en pure perte, faute de décrets d’application. Il faudra le vote, à l’été 2009, de la loi sur l’hôpital et ce décret, pour en finir avec ce feuilleton au long cours.
Les psychiatres dispensés de formation
À l’avenir, toute personne souhaitant utiliser le titre de psychothérapeute devra être inscrite sur un registre départemental qui pourra être consulté par les patients. Pour s’y inscrire, elle devra avoir suivi une formation en psychopathologie clinique d’au minimum 400 heures, délivrée dans un établissement public ou privé agréé par les pouvoirs publics. Elle devra également suivre un stage pratique d’une durée minimale de 5 mois. Seront dispensés de cette formation les médecins psychiatres, qui pourront donc automatiquement s’inscrire sur le registre.
La situation sera un peu différente pour les psychologues et les psychanalystes. Les psychologues devront suivre deux mois de stage et 150 heures de formation théorique pour les cliniciens et 300 heures pour les non-cliniciens. Quand aux psychanalystes, régulièrement inscrits dans leurs annuaires, ils se verront imposer 200 heures de formation et 2 mois de stage pour utiliser le titre de psychothérapeute.
Reste le cas des médecins non-psychiatres. Lors du débat, un certain nombre d’observateurs s’étaient inquiétés du fait qu’au nom de l’omnivalence du diplôme de médecine, n’importe quel praticien, par exemple un généraliste ou un dermatologue, puisse se lancer dans la pratique de la psychothérapie. Les médecins non-psychiatres devront donc suivre 200 heures de formation et 2 mois de stage pour s’inscrire sur le registre.
«Renforcer le droit des patients»
« À nos yeux, c’est notoirement insuffisant. Ce décret va entraîner une déqualification de la psychothérapie et même d’une partie de la psychiatrie », estime le docteur François Kammerer, vice-président de l’association française de psychiatre et du syndicat des psychiatres français.
Une certaine souplesse a été prévue pour les professionnels déjà en exercice et pouvant justifier d’au moins cinq ans de la pratique de la psychothérapie. Ils pourront être inscrits sur le registre, par dérogation, après avoir fait valider leur expérience devant une commission composée de psychiatres, de psychanalystes ou de psychologues.
« Notre seule volonté est de renforcer le droit des patients et de mettre un terme aux agissements, souvent dangereux ou sectaires, de tous ces psychothérapeutes autoproclamés », assure Bernard Accoyer.
Pierre BIENVAULT
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