Propos recueillis par Elisabeth Berthou Publié le 6 février 2021
Professeur de psychologie cognitive à l’université d’Aix-Marseille, membre du Laboratoire de psychologie cognitive et directeur du Centre de formation des psychologues de l’éducation nationale, Thierry Ripoll est notamment l’auteur de Pourquoi croit-on ?,publié en octobre 2020 (éditions Sciences humaines).
Vous distinguez croyance et croyance infondée. Quelle est la différence ?
Le mot « croyance » est polysémique. Dans les phrases « Je crois qu’il va pleuvoir », ou « Je crois en l’immortalité de l’âme », le mot « croire » a un sens différent. Les croyances sont infondées quand elles font l’objet d’une adhésion extrême en dépit de l’absence de données empiriques ou d’arguments théoriques. Le cas de la croyance religieuse est fascinant : elle a structuré toutes les cultures, bien qu’aucune donnée empirique ne permette de la valider. Les croyances infondées sont souvent la cause d’une mauvaise représentation du monde conduisant à se tromper sur le réel. Dès lors, les décisions, les choix, les comportements issus de ces croyances risquent de porter préjudice à la personne et à la société.
Pour autant, une croyance infondée peut apporter un bénéfice. C’est le cas des rituels. En situation de stress, beaucoup d’individus croient que leur rituel leur permet d’être plus efficaces. On le voit dans les stades : certains sportifs se signent, d’autres croisent les doigts, etc. Le rituel n’a aucun effet, mais la croyance en son pouvoir en a un, car elle contribue à modifier positivement l’état cérébral du croyant et à le rendre plus confiant et donc plus performant. C’est un véritable effet placebo.