L’hébétude dans laquelle un grand nombre d’entre nous sommes plongés depuis la soirée du 13 novembre n’a cependant nullement étouffé notre soif de comprendre. Si l’incrédulité et le sentiment d’irréalité dominent face à de tels événements, très vite la vigie de la raison s’impose pour tenter de dénouer les fils de tels actes. Outre les enjeux géopolitiques et sociaux, la science et la médecine peuvent être des outils pour tenter de décrypter l’indicible. Ainsi, très vite, sur les blogs, médecins et journalistes scientifiques ont voulu nourrir la réflexion, sans cependant pouvoir offrir de réponses définitives et parfaitement satisfaisantes face à l’irruption de cette violence hors normes.
Désillusions mortelles
Ainsi, le journaliste canadien Jean-François Cliche remarque sur son blog Sciences dessus dessous que « plusieurs médias ressortent des entrevues publiées avant les attaques au sujet de ce qui se passe dans la tête des tueurs, de ce qui pousse à commettre de pareilles atrocités ». Une démarche qui cependant se révèle quelque peu « frustrante » selon l’expression du blogueur « parce qu’il y a somme toute bien peu de travaux à se mettre sous la dent ». Ce champ a en effet été pour l’heure peu exploré par les chercheurs en psychiatrie et psychologie. Cependant, certaines études conduites auprès de sujets ayant été enrôlés dans des organisations terroristes et qui ont finalement choisi de les abandonner ne sont pas sans intérêt. John Horgan, psychologue irlandais, présenté comme un « spécialiste du terrorisme » par Jean-François Cliche s’est ainsi intéressé à ceux « qui décident de quitter leur organisation et de se repentir (…). "Le sentiment d’être pris au piège se développe rapidement et les recrues doivent apprendre à vivre avec leur désillusion d’une manière ou d’une autre, dit M. Horgan. Vous l’acceptez et vous passez par-dessus, peut-être en embrassant l’idéologie ou en cherchant un réconfort dans la camaraderie de ces groupes. Ou alors vous le cachez aux autres jusqu’à ce que vous trouviez une porte de sortie. Certains terroristes disent avoir perdu leurs illusions longtemps avant de quitter leur organisation. Ils rapportent l’impression de suffoquer " étant incapable de s’enfuir, de crainte de représailles (par leur groupe ou par l’État) et ayant peur que leur désillusions ne soit détectée par les autres"» rapporte Jean-Claude Cliche.