120 ans de psychiatrie
L'histoire du Centre hospitalier Charles Perrens à découvrir jusqu'au 30 septembre.
Dans le cadre de la célébration des 120 ans du centre hospitalier Charles Perrens, le 18 septembre, une exposition se tient jusqu'à la fin du mois, tous les après-midis, dans l'ancien self du personnel de l'hôpital. Elle sera inaugurée lundi à 18 heures. « On a loupé les 100 ans, on fête les 120 ans ! » plaisante Antoine de Riccardis, le directeur de l'hôpital, qui a confié le bébé à Francis Baudy et la mise en lumière et en sons du site à Eric Le Collen.
D'Asclepios à Charles Perrens
Historien du quartier, Francis Baudy est l'homme de toutes les situations. On lui doit des livres et plusieurs expositions fameuses sur et dans le quartier Saint-Augustin nord et sud et la première randonnée pédestre commentée du site hospitalo-universaire, l'an dernier, pour les Journées du patrimoine.
Cette fois, son travail sur la mémoire de l'hôpital pour l'expo « D'Asclepios à Charles Perrens » lui a pris des mois de recherche. Sa collection personnelle d'objets et de pièces rares - 1 500 clichés du quartier, notamment et de souvenirs : son frère était ambulancier à l'hôpital, sa grand-mère y travaillait -, n'ont pas suffi. Il a fallu la complicité des équipes de l'hôpital, de responsables d'institutions, de collectionneurs et de riverains comme Simone Berchon et l'aide précieuse du personnel des archives, Sophie Vauzelles et Fabienne Cantau, pour retrouver la vie quotidienne de ce qui fut autrefois « l'asile des aliénés de Château-Picon ».
Exclusivement féminin de 1845 à 1972, l'hôpital tenait le registre de ses pensionnaires : « marchande ambulante, fille soumise, cultivatrice, garde barrière, rentière, mercière, ouvrière… » Véritable petite ville autonome, « des familles entières du quartier, pendant des générations, ont travaillé là », dit Francis, l'établissement avait et a toujours sa chapelle, ses dortoirs, ses cuisines, ses bains, ses lieux de soins, sa lingerie, sa crèche et son jardin. Avec autrefois les légumes, des poules, des vaches et des cochons.
« On a trouvé des merveilles ! » : les vieux dossiers du médecin chef de l'époque, les rapports médicaux du Dr Pons, une photo inédite de Jean-Jacques Valleteau, l'architecte qui a construit l'hôpital et que l'on voit devant son domicile bordelais. On a des images des « sœurs reposantes », les religieuses de Nevers qui ont toujours dirigé l'asile, jusqu'en 1963. Et celles de pensionnaires qui brodaient, aidaient à la cuisine, à la laverie, au potager, pour payer leur prix de journée. 70 photographies, des registres aux belles écritures pourpres et des objets de l'époque ou de soins, souvent effrayants, donnent l'ambiance : moules à suppositoires, clystères monstrueux utilisés pour les lavements, piluliers pour fabriquer les cachets, mortiers en porcelaine, vieux flacons à sirop ou carnet à souche pour les stupéfiants.
Aujourd'hui, un lieu ouvert
Mixte en 1972, château Pichon est devenu le Centre hospitalier Charles Perrens deux ans plus tard, du nom d'un de ses médecins chefs (1920 à 1952) et professeurs à la faculté de médecine. « La psychiatrie a beaucoup évolué au cours des ces trente dernières années, les portes sont ouvertes, on peut traverser l'enceinte sans problème, mais ça ne se sait pas. Je pense que des gens vont venir voir comme s'ils venaient visiter la prison de Gradignan », dit Francis Baudy qui se souvient de Casimir, le concierge d'autrefois, le maître des clés. C'est lui qui ouvrait la porte de l'établissement et filtrait le personnel qui entrait.