Par Harry Bellet Publié le 30 avril 2024
L’Académie de France à Rome présente quelque 180 œuvres d’artistes considérés comme marginaux, issues de la collection Bruno Decharme.
« Vous remarquerez que les petites filles nues dessinées par Henry Darger ont des zizis. Tout simplement parce qu’il n’en avait jamais vu autrement qu’habillées, et pensait qu’elles étaient faites comme les petits garçons. Voilà qui devrait suffire à éteindre les polémiques sur ses prétendues obsessions sexuelles… » Désarmant, Bruno Decharme : en trois phrases, il recadre son auditoire. L’art brut, dont il est un des plus importants collectionneurs au monde, n’est pas comme les autres.
Pourtant, il l’introduit au milieu d’un temple, comme on place le loup dans la bergerie : à l’Académie de France à Rome, la Villa Médicis, avec une exposition intitulée « Epopées célestes », 180 œuvres (il en a accumulé plusieurs milliers, dont 961 ont été données en 2021 au Centre Pompidou). Et, tout en étant réticent – avec raison – à définir l’art brut, il tente cependant une classification dans son exposition et le catalogue qui l’accompagne : « Journaux du monde » ; « Anarchitectures » ; « Rencontres avec les fantômes » ; « Hétérotopies scientifiques » ; « “Je” est un autre » ; « Cartographies mentales » sont les six sections d’une exposition dont l’accrochage n’a pas dû être simple, placée qu’elle est dans l’escalier latéral de la villa, qui fut conçu pour être gravi à cheval…