par Charles Delouche-Bertolasi publié le 8 avril 2024
Avec ses opérations «Place nette XXL», le gouvernement reste fidèle à une vision répressive qui guide depuis les années 70 la lutte contre le trafic et la consommation de stupéfiants. Chargée de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et chercheuse au Centre d’étude des mouvements sociaux, Marie Jauffret-Roustide analyse les limites de cette stratégie pour la santé publique.
En quoi la politique française en matière de stupéfiants est-elle guidée par une répression historique des usagers de drogue ?
La loi du 31 décembre 1970 qui statue sur la lutte contre la toxicomanie, la répression du trafic et de l’usage illicite de stupéfiants est ambiguë. Elle considère que les usagers de drogues sont des délinquants et les pénalise, tout en proposant un dispositif de soins adapté. Ce texte voté post-Mai 68 permet de comprendre l’approche moralisante des drogues qui existe encore aujourd’hui. Réprimer les drogues revenait à contrôler la jeunesse contestataire pour certains parlementaires.