En 1943, le chimiste suisse Albert Hofmann découvre l’acide lysergique diéthylamide, plus connu sous le nom de LSD. Son "enfant terrible", comme il le surnommait, entraîna dans les années 1950 et 1960 une prolifération d’études sur les psychédéliques, et de premières thérapies utilisant ces substances contre l'alcoolodépendance, l’anxiété, la dépression ou les troubles obsessionnels compulsifs. Peu après cela, les psychédéliques furent détournés pour l’usage récréatif qu’on leur connaît et furent prohibés un peu partout dans le monde, à partir des années 1970.
Ces dernières années, la recherche autour des thérapies psychédéliques a retrouvé un engouement certain. Un essai clinique de phase III, mené aux Etats-Unis et en Israël, et dont les résultats ont été publiés récemment dans la revue Nature Medicine, a ainsi montré que la MDMA – molécule active de l’ecstasy – réduisait significativement le trouble du stress post-traumatique (TSPT). Dernière phase de développement avant la commercialisation d’un médicament, la phase III correspond à l’évaluation de l’effet thérapeutique sur un nombre important de patients – 104 dans le cadre de cette étude – et la part que joue l’effet placebo. Dans une autre région du globe, l’Australie a autorisé le 1er juillet 2023 l’usage médical de la MDMA et de la psilocybine (principe actif des champignons hallucinogènes) pour traiter la dépression et le TSPT.
La Suisse à la pointe de la recherche sur les psychédéliques en Europe
En Europe, c’est en Suisse que les travaux sur les psychédéliques sont les plus avancés. "Les antidépresseurs, le LSD et la psilocybine ont été découverts en Suisse, rappelle Daniele Zullino, chef du service d’addictologie et responsable des psychothérapies assistées par psychédéliques aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Dans les années 1980-1990, l’activité sur ces produits s’est poursuivie, malgré l’interdiction."