Afin de se remettre de cette «fatigue», de ce sentiment de vacuité de toute chose – et de l’art en premier lieu – dans lequel l’a jeté le deuxième confinement, Franck Balland en a fait le sujet même et le titre d’une exposition collective, une trilogie, entamée en novembre à la galerie Florence Loewy et dont voici le dernier chapitre. On s’est dit d’emblée que c’était un bon sujet, tant on a l’impression que cette humeur, avec ou sans le renfort aggravant du Covid, s’abat sur tout le monde (ou bien n’est-ce que sur nous ?). Georges Vigarello montrait dans sa récente Histoire de la fatigue, l’évolution contemporaine de cet état qui n’est «plus la fatigue physique venant envahir le mental au point de le hanter, mais la fatigue psychologique venant envahir le physique au point de le briser». Dans son texte d’intention, Franck Balland cite encore le philosophe Byung-Chul Han, qui dans la Société de la fatigue, en décèle les causes dans le culte de la performance et dans l’excès de positivité : dire oui à tout, non à rien, prouver sans cesse qu’on est capable et disponible.