Entre sa naissance et ses six ans, votre enfant aura appris à sourire, à marcher, à parler... D'où la tendance à forcer son bébé à exploiter ses aptitudes et sa personnalité au maximum dès sa naissance, avec pour conséquence, des enfants surstimulés et des parents inquiets !
L’association hospitalière Bourgogne Franche-Comté, qui pilote les trois services du centre Messagier dans la Cité des Princes, lance une campagne de recrutement. Elle cherche au moins 15 infirmiers et aides-soignants. Pour 2 ans d’engagement, les postulants touchent, respectivement, 5 000 et 4 000 €.
Une prime en échange de l’installation : au niveau de l’Aire urbaine, touchée de plein fouet par la pénurie médicale, le dispositif n’est pas nouveau et prend même de l’ampleur. Il n’est pas inédit non plus pour l’association hospitalière Bourgogne Franche-Comté (AHBFC). Début 2019, la structure - la plus importante de la région dans le secteur de la psychiatrie - proposait ainsi 15 000 € de prime pour les nouveaux médecins , généralistes ou psychiatres, sous réserve qu’ils travaillent au moins deux ans avec elle.
Alors que le handicap reste encore le principal motif de discrimination en France, l'inclusion des personnes en situation d'handicap, dans l'éducation ou dans l'emploi, est largement insuffisante. La société se doit donc d'être à la hauteur de cet enjeu d'égalité et d'accessibilité fondamental.
La France compte aujourd'hui 12 millions de personnes en situation d'handicap. 67% d'entre eux déplorent un manque d’accessibilité des lieux publics et déclarent avoir des difficultés à se déplacer seuls. Il est important de savoir qu'environ 80% de ces personnes souffrent d’une incapacité qui ne se repère pas facilement pour quelqu’un de non averti, soit d'un handicap physique léger, de surdité ou de troubles psychiques, ... Ces personnes peuvent, par crainte de discrimination, cacher leur situation personnelle.
Cette crainte de discrimination est absolument légitime, dans un contexte où les personnes en situation d'handicap font face à un chômage deux fois plus important que le reste de la population, de par la réticence des entreprises ou de certaines administrations d'adapter leurs unités de travail à ces besoins particuliers. La libération de la parole autour des questions d'inclusion, d'autonomisation et d'acceptation des personnes en situation d'handicap est donc un enjeu sociétal majeur en vue d'améliorer leur représentativité dans l'ensemble des structures productives et sociales.
À la chapelle Saint-Herbot, l'équipe soignante du centre médico-psychologique de Saint-Martin-des-Champs et les participants à l’atelier thérapeutique de Kerdéozer présentent leur travail, à travers l’exposition Photos-mots, du 3 au 12 décembre, plus précisément les 4, 5 11 et 12, de 14 h à 17 h. La photographie et l’écriture sont employées comme médiation thérapeutique.
La proposition de loi du député MoDem Erwan Balanant, soutenue par le gouvernement, a été adoptée mercredi en première lecture par l’Assemblée nationale.
Les députés ont voté en première lecture, mercredi 1er décembre, une proposition de loi qui crée un nouveau délit de harcèlement scolaire. Ce texte, soutenu par le gouvernement, a été adopté à l’unanimité des suffrages exprimés, soit 69 voix. Cinq députés de gauche se sont abstenus.
Emmanuel Macron avait pris l’engagement de mener à son terme un projet social sur la dépendance. Alors que son quinquennat s’achève, ce chantier a disparu de l’agenda présidentiel.
« Nous sommes en train de construire pas à pas un véritable service public de l’autonomie pour nos aînés », s’est félicité Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée, le 9 novembre. En vantant son bilan, le chef de l’Etat s’est exonéré tacitement de sa promesse de porter une « loi [relative à] la dépendance », engagement pris en juin 2018, réaffirmé fin 2020 et oublié depuis. Le quinquennat s’achève et le « marqueur social » qu’avait identifié Edouard Philippe, en juin 2019, « peut-être un des plus importants », avait insisté le chef du gouvernement à l’époque, a disparu de l’agenda présidentiel.
En France, 40% des personnes vivant avec le VIH ont plus de 50 ans. Or, après de nombreuses années de traitement, certains malades nécessitent une prise en charge spécifique, bien que non médicale. À Paris, la Maison Daélia leur ouvre ses portes.
Située dans le 16e arrondissement de Paris, la Maison Daélia a été pensée en 2016 pour accueillir des personnes âgées en perte d'autonomie. Il s'agit d'un lieu qui n'est pas médicalisé, mais qui travaille en collaboration avec les médecins et les familles des bénéficiaires. Sur place, tout est fait pour que les personnes âgées soient stimulées, dans un environnement serein et bienveillant.
Aaron a consacré sa vie à élever son fils autiste Uri. Ensemble, ils vivent dans une routine coupée du monde réel. Mais Uri est à présent un jeune adulte, avec de nouveaux désirs et de nouveaux besoins.
RÉCIT Pendant l’Occupation, une procédure administrative permettait d’interner des personnes que la justice venait pourtant de déclarer libres. Environ 4 000 juifs emprisonnés à Paris ont ainsi été libérés de façon factice, puis déportés pour nombre d’entre eux. Le travail inédit d’une chercheuse aide à comprendre cette mécanique méconnue, aux conséquences dramatiques.
Sur le cliché anthropométrique, il regarde fixement l’objectif, la paupière un peu tombante, en tenant bien droit le panneau indiquant son nom : « Fruchter ». Il porte une chemise blanche sous sa veste grise, ses cheveux noirs et brillants sont soigneusement crantés, une ombre de moustache se dessine au-dessus de sa bouche. C’est un beau jeune homme triste. Il a20 ans. Il n’atteindra pas les 21.
Ernest Fruchter est pourtant un garçon ingénieux, mûr, bien décidé à vivre. Amoureux, il vient d’avoirun bébé, dit-il aux policiers. Par deux fois, déjà, il s’est extirpé des mailles du filet. Le 14 mai 1941, il est arrêté par la police parisienne lors de la rafle dite « du billet vert », en même temps que plus de 3 700 autres juifs étrangers convoqués pour ce qui est présenté comme un simple contrôle d’identité. Une souricière, en réalité. Né à Budapest en 1922, arrivé en France à l’âge de 2 ans, Fruchter a beau disposer de papiers en règle, d’un métier d’horloger, comme son père, il se retrouve interné au camp de Pithiviers, dans le Loiret. Il s’en échappe au bout d’un mois. Repris en août, renvoyé à Pithiviers, il s’évade de nouveau trois jours plus tard, à la faveur de la nuit. Il rentre alors chez lui, dans le quartier de Belleville, à Paris. Cette fois-ci, il adopte prudemment une fausse identité. Il achète des papiers au nom de Georges de Janssens, un pseudonyme qu’on croirait échappé d’un roman de Modiano.
Cette protection ne suffit pas. Le 28 juillet 1942, Ernest Fruchter est arrêté une troisième fois. Deux policiers en civil l’interpellent alors qu’avec deux amis il tente de récupérer des affaires dans l’appartement sous scellés que sa famille a dû quitter à la hâte quelques jours plus tôt : sa mère, Rachel, sa sœur, Edith, et son frère, Richard, ont tous les trois été pris lors de la rafle du Vél’d’Hiv, le 16 juillet. « Son père, lui, se cachait dans les toilettes, en croyant que la police ne prenait que les hommes, raconte aujourd’hui Paul Curtz, un membre de la famille. Il a entendu toute l’arrestation. »
Après des débats parfois houleux, la proposition de loi « visant à renforcer le droit à l’avortement » a été votée en deuxième lecture à l’Assemblée, mardi. Son adoption définitive sous l’actuelle législature reste incertaine.
Par une vaste exposition collective le Musée Tinguely présente la diversité des « tableaux écrits » par 13 artistes internationaux de l’Art Brut. Vivant le plus souvent en marge de la société, isolés ou exclus, ils créent dans leur propre univers sans savoir qu’ils évoluent dans les sphères de l’art. Des signes sont inscrits sur des surfaces diverses, des tissus sont brodés, des murs sont peints.
La France compterait 8 millions d’assurés sociaux «indus», selon le magistrat Charles Prats dans le cadre de la promotion de son livre sur la fraude sociale. Un chiffre largement repris à droite, mais contesté par les organismes sociaux qui évoquent une grande confusion sur le sujet.
Bonjour,
Vous nous avez interrogés à propos des déclarations du magistrat Charles Prats dénonçant un surnombre d’assurés sociaux en France. «Vous savez que nous sommes 67,1millions d’habitants en France. Et vous savez combien nous avons d’assurés sociaux pris en charge ? 75,3millions. Donc il y a un problème», affirmait sur RMC le magistrat, actuellement en tournée dans les médias pour son ouvrage Cartel des fraudes 2. Même propos dans une interview au Figaro en octobre : «On peut débattre de tout, sauf des chiffres : dans notre pays de 67,1million d’habitants, nous prenons en charge 75,3 millions d’assurés sociaux selon les investigations de la Cour. Qui sont ces 8,2 millions de personnes ?» Cette statistique spectaculaire a été reprise par LCI dans un visuel estimant à 8,2 millions le nombre de «bénéficiaires indus» de l’assurance sociale en France. Un visuel que Charles Prats contribue volontiers à faire circuler sur les réseaux sociaux, ici ou là, la présentant comme une donnée «factuelle». Au grand dam des organismes sociaux, qui évoquent une grande confusion sur le sujet.
Aujourd’hui à 17h30, la singulière Joséphine Baker fait son entrée au Panthéon dans un cercueil aux couleurs de la France.Le monde honore la mémoire de l’héroïne aux multiples facettes née en 1906 : parente de douze enfants adoptés sur toute la surface du globe, figure du music-hall et de la résistance, du combat antiraciste et de l’émancipation féminine, cassant tant les codes du noir que du blanc : la liste est longue. Pourtant, drôle de nouvelle, son cercueil sera… vide.
Si sa dépouille restera au cimetière marin de Monaco,où elle est enterrée aux côtés d’un de ses enfants et de son dernier mari, son cercueil, lui, est en réalité rempli d’une terre censée la représenter.Pas n’importe laquelle, donc : une terre venue des quatre lieux qui symbolisent sa vie. De Saint-Louis dans le Missouri où elle est née, de Dordogne où elle a vécu, de Paris qui fut son amour et de Monaco où elle est enterrée. C’est là toute la force du symbole, qui tient lieu de réalité lorsque celle-ci est absente.En ce sens, qu’est-ce qu’un symbole et que nous apprend-il ?
Il y a trois symboles en jeu dans cette cérémonie :la panthéonisation d’une héroïne cosmopolite dans une société en proie à des remontées de nationalisme identitaire, le Panthéon lui-même, et la terre dans le cercueil vide. On connaît l’origine grecque du terme du verbe sumbállô(συμβάλλω) littéralement « jeter ensemble », qui renvoie aux deux parties d’un objet coupé en deux, conservées respectivement par leurs hôtes pour signifierleur engagement antérieur. Concrètement, le symbole est là pour rappeler une réalité qui ne va pas de soi, comme une piqûre de rappel, et pour incarner une idée abstraite, un engagement ou une valeur morale.
Dans un entretien à l'AFP, le président de la Croix-Rouge critique la stratégie vaccinale des pays occidentaux, qui prive de vaccins les pays les plus pauvres et favorise l'apparition de variants comme Omicron.
L'émergence du variant Omicron du coronavirus est la "preuve ultime" du danger des inégalités face à la vaccination dans le monde, a estimé vendredi 3 décembre le président de la Croix-Rouge. "Les scientifiques ont mis en garde la communauté internationale à plusieurs reprises contre les risques de variants très nouveaux dans des endroits où le taux de vaccination est très faible", a déclaré à l'AFP Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Une étude menée sur plus de 300 000 Israéliens de plus de 40 ans confirme l’impact positif de la dose de rappel.
L’effet protecteur de la troisième dose de vaccin – ou dose de rappel – contre le Covid-19 fait désormais l’objet d’un large consensus dans la communauté scientifique compétente et au sein des autorités sanitaires. Des travaux américano-israéliens publiés mardi 30 novembre dans la revue JAMA Internal Medicineproposent une estimation chiffrée de la protection attendue du « booster » pour prévenir l’infection par le coronavirus, confirmant les conclusions de travaux précédents : les personnes ayant reçu une troisième dose du vaccin à ARN de Pfizer/BioNTech auraient un risque diminué de plus de 85 % d’être positifs au SARS-CoV-2, par rapport à celles qui n’ont reçu que les deux premières injections.
Les auteurs ont mené une étude sur plus de 300 000 Israéliens de plus de 40 ans et ont comparé la probabilité d’être positif à un test RT-PCR en fonction du statut vaccinal – deux ou trois doses reçues. Les chercheurs ont estimé l’évolution de cette probabilité en fonction du temps écoulé depuis la troisième piqûre.
Des chiffres cohérents
Dans la première semaine suivant le rappel, l’effet est faible et les auteurs mettent en garde contre de possibles biais brouillant le résultat. Entre sept et treize jours suivant le rappel, la probabilité de présenter un test positif baisse de 60 %, et chute de plus de 85 % dès la fin de la deuxième semaine. Comme pour toute étude observationnelle, les résultats doivent être considérés avec prudence, les auteurs n’excluant pas des modifications de comportement des individus après la troisième dose (se faire moins tester, par exemple).
Cependant, ces chiffres sont cohérents avec ceux publiés fin octobre dans The Lancet par une autre équipe israélienne : baisse de plus de 90 % des admissions à l’hôpital une semaine après la troisième dose et environ 80 % de réduction du risque de mortalité. Détail important : les analyses concernent la période comprise entre début août 2021 et début octobre 2021, au cours de laquelle le variant Delta était largement dominant en Israël. Ces résultats ne valent donc pas pour le variant Omicron qui menace de supplanter le Delta dans les prochains mois.
Les débats autour d’une loi du Mississippi interdisant l’IVG au-delà de quinze semaines de grossesse semblent dessiner une orientation défavorable aux droits des femmes.
La Cour suprême des Etats-Unis avait rendez-vous avec l’histoire, mercredi 1er décembre. En examinant une loi du Mississippi interdisant l’avortement au-delà de quinze semaines, ses neuf juges ont aussi mis en balance, en creux, l’un de ses textes les plus emblématiques datant de 1973 : l’arrêt Roe v. Wade, qui a établi un droit constitutionnel des femmes à disposer de leur corps et à avorter.
Aujourd’hui dominée par les conservateurs (six juges contre trois), la Cour a semblé pencher, dans ses délibérations, en faveur d’une révision de ce droit.
Un abandon complet serait dramatique, estiment les défenseurs des droits des femmes. Selon eux, une telle décision – attendue en juin 2022 – mettrait en exergue la politisation sans précédent de la plus haute institution judiciaire du pays. « Cette institution survivra-t-elle à la puanteur que créerait, dans la perception publique, l’idée que la Constitution et sa lecture ne sont que des actes politiques ?, a averti la juge libérale Sonia Sotomayor. Si les gens croient que tout est politique, comme allons-nous survivre ? Cette Cour survivra-t-elle ? »
En 1973, la Cour suprême avait fait de l’avortement un droit constitutionnel, au nom du droit à la vie privée. L’arrêt Roe v. Wade estimait que les Etats ne pouvaient, seuls, décider d’une telle interdiction avant que le fœtus ne soit viable. Aujourd’hui, d’un point de vue médical, cela signifie que l’avortement est autorisé jusqu’à environ la vingt-deuxième semaine de grossesse. Roe v. Wade a été consolidé en 1992, lors d’une nouvelle décision, Planned Parenthood v. Casey. Elle a considéré que les lois pénalisant ou limitant l’avortement ne devaient pas créer ou entraîner pour la femme enceinte une « charge excessive » (undue burden).
Cheval de Troie
La loi du Mississippi, adoptée en 2018 par une majorité républicaine à l’Assemblée locale, n’a jamais été appliquée, en raison des recours en justice. Elle prévoit une interdiction de l’avortement au-delà de quinze semaines, sauf urgences médicales. Selon les données officielles, plus de 93 % des avortements dans cet Etat ont été pratiqués, en 2018, avant quatorze semaines de grossesse, mais les cas au-delà de ce délai sont souvent les plus dramatiques, en termes sociaux et médicaux.
Les concepteurs de cette législation ne sont pas focalisés sur ce délai. Ils envisagent le texte comme une sorte de cheval de Troie, pouvant potentiellement mettre à bas Roe v. Wade, en profitant de la nouvelle majorité conservatrice à la Cour suprême, consolidée sous Donald Trump. Si tel était le cas, estime l’organisation Guttmacher Institute, référence sur ce sujet, vingt et un Etats pourraient mettre en œuvre immédiatement une interdiction complète de la procédure, ou bien des restrictions radicales. Parmi ceux-ci, neuf disposent encore de législations antérieures à 1973, gelées ensuite, tandis que douze autres ont adopté des textes automatiquement suspendus ces dernières années.
S’ajoute à cela le cas particulier du Texas. Une loi très répressive y est entrée en vigueur le 1er septembre, interdisant l’avortement au-delà de six semaines, et faisant appel aux dénonciations en justice de simples citoyens. La Cour suprême est saisie de ce texte, mais elle n’en a pas suspendu l’application.
Mercredi, les juges ont écouté en premier le solliciteur général du Mississippi, Scott Stewart. Son principal argument a consisté à dire que « la Constitution place sa confiance dans le peuple », et qu’il fallait s’en remettre à ce dernier, Etat par Etat, pour déterminer la ligne en matière d’avortement.
Roe v. Wade n’est plus intouchable
Voilà pourquoi les organisations cherchant à interdire cette pratique fondent depuis des mois d’immenses espoirs dans cette affaire. Si la Cour suprême revenait sur sa propre décision de 1973, et confiait à chaque Etat le soin de légiférer à sa guise, l’avortement ne serait plus un droit garanti. Seuls des circuits parallèles, par Internet, permettraient aux femmes du Mississippi d’avorter, en ayant recours à des pilules comme le misoprostol. Ou alors, elles devraient avoir les moyens de se rendre dans un autre Etat.
Julie Rikelman, au nom du Centre des droits reproductifs, a défendu Roe v. Wade, suivie par la représentante du ministère de la justice, Elizabeth Prelogar. Les juges, eux, se sont penchés sur la possibilité, pour la Cour, de renverser ses propres décisions, sur le lien entre l’avortement et la Constitution, qui évidemment n’en fait pas mention. Il était clair, à l’écoute des interventions des juges conservateurs, que Roe v. Wade n’était plus intouchable.
S’ajoute à cela le cas particulier du Texas. Une loi très répressive y est entrée en vigueur le 1er septembre, interdisant l’avortement au-delà de six semaines, et faisant appel aux dénonciations en justice de simples citoyens. La Cour suprême est saisie de ce texte, mais elle n’en a pas suspendu l’application.
Mercredi, les juges ont écouté en premier le solliciteur général du Mississippi, Scott Stewart. Son principal argument a consisté à dire que « la Constitution place sa confiance dans le peuple », et qu’il fallait s’en remettre à ce dernier, Etat par Etat, pour déterminer la ligne en matière d’avortement.
Roe v. Wade n’est plus intouchable
Voilà pourquoi les organisations cherchant à interdire cette pratique fondent depuis des mois d’immenses espoirs dans cette affaire. Si la Cour suprême revenait sur sa propre décision de 1973, et confiait à chaque Etat le soin de légiférer à sa guise, l’avortement ne serait plus un droit garanti. Seuls des circuits parallèles, par Internet, permettraient aux femmes du Mississippi d’avorter, en ayant recours à des pilules comme le misoprostol. Ou alors, elles devraient avoir les moyens de se rendre dans un autre Etat.
Julie Rikelman, au nom du Centre des droits reproductifs, a défendu Roe v. Wade, suivie par la représentante du ministère de la justice, Elizabeth Prelogar. Les juges, eux, se sont penchés sur la possibilité, pour la Cour, de renverser ses propres décisions, sur le lien entre l’avortement et la Constitution, qui évidemment n’en fait pas mention. Il était clair, à l’écoute des interventions des juges conservateurs, que Roe v. Wade n’était plus intouchable.
Les trois juges libéraux, en minorité – Stephen Breyer, Elena Kagan et Sonia Sotomayor –, observaient, impuissants, les nuances entre leurs collègues, dont certains, en évoquant les « droits du fœtus », ont clairement exprimé leurs convictions religieuses, au détriment des certitudes médicales. Le juge Brett Kavanaugh s’est interrogé à plusieurs reprises sur l’intérêt pour la Cour de revenir à une « position de neutralité » sur un sujet fortement polarisant. Avec son collègue Samuel Alito, il a invoqué d’autres dossiers emblématiques, dans lesquels la Cour suprême avait fini par se déjuger.
Le plus modéré des juges conservateurs, John Roberts, a semblé chercher une voie médiane, entre une annulation pure et simple de Roe v. Wade et le statu quo, en se concentrant sur la notion de viabilité du fœtus. La barre des quinze semaines maximum prévues par la loi du Mississippi lui paraît défendable. Mais une telle approche abolit l’interdiction de principe faite aux Etats de décider seuls. Au nom du gouvernement fédéral, Elizabeth Prelogar a rétorqué que la Cour n’avait « jamais révoqué un droit si fondamental pour autant d’Américains et si central pour leur capacité à participer pleinement et également à la société ».