Avec Partenaires, jusqu’à ton dernier souffle (JC Lattès), Isabelle Filliozat ouvre le livre de son intimité familiale. Elle a tenu, pour son entourage, un carnet de bord durant les cinq mois où elle a accompagné, jusqu’à la mort, son mari atteint d’une tumeur au cerveau.
Elle nous prend à témoin du combat à la fois thérapeutique, émotionnel et spirituel que le couple livre, main dans la main, face à la maladie. La psychothérapeute qui a enseigné à des centaines de familles et aux éducateurs l’écoute et l’accompagnement des émotions déploie son expérience et son intuition des ressorts humains.
Comme si les quarante années passées à approfondir l’intelligence du cœur l’avaient préparée à ces seuls instants. Écoute des émotions, combat contre la maladie, réconciliation, vigilance mais aussi solidarité familiale et gratitude…
Nous avons demandé à Isabelle Filliozat de revenir sur ces ressources qui peuvent nous guider lorsqu’on accompagne un proche jusqu’à son dernier souffle et pour donner sens à une fin de vie.
Comment est né ce récit intime et réaliste, témoignage d’une traversée, où vous mettez l’amour au centre ?
J’avais un livre en préparation sur notre histoire de couple, mais lorsque la maladie de Jean-Bernard s’est déclarée, j’ai créé un compte Facebook pour donner des nouvelles à tous nos amis et notre famille.
Pour ce groupe de près de 150 personnes, j’ai raconté au jour le jour ce que nous vivions, nos recherches, nos espoirs, notre quotidien à Jean-Bernard, à moi et à nos deux enfants. C’est ce premier texte que mon éditeur a lu et a voulu publier.
Avec votre mari, vous avez partagé un amour profond et une vraie connivence. Lorsque se déclare sa tumeur, vous allez l’accompagner de jour en jour dans l’accueil de son ressenti. Comment ?
Notre qualité relationnelle était nourrie de 25 ans d’intense vie de couple. J’ai mis en œuvre au quotidien ce que j’avais construit depuis toujours.
C’est-à-dire ne pas fuir. Ne pas fuir les conflits, ne pas fuir les questions, ne pas fuir les émotions. Mais vivre et exprimer pour avancer.
En quoi est-ce si important de rester, jusqu’au bout de la vie, au plus près de ses émotions ?
Elles sont faites pour nous guider. L’émotion, quand elle n’est pas parasite, est la réaction de l’organisme pour aider notre moi à s’adapter à ce qui se passe.
Elle nous guide pour traverser la maladie, la peur, le chagrin, en restant au plus près de notre être profond. Mais rester à l’écoute de ses émotions, cela s’apprend.
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