« C’est un deuil impossible à faire quand on se lève tous les matins et l’on se dit qu’un homme est mort comme ça », souffle Mélanie Gélinas, au sujet du suicide de son frère, Jean-Sébastien Gélinas, à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas en 2018.
Depuis trois ans, au moins 17 patients se sont suicidés entre les murs d’un hôpital du Québec, selon une recension de La Presse. Plusieurs étaient justement hospitalisés en raison d’idées suicidaires. La situation risque d’empirer avec la pénurie de personnel qui sévit actuellement dans le réseau de la santé, prévient une experte.
« Comment se fait-il qu’une personne que tu envoies à l’hôpital pour une tentative de suicide soit capable de se suicider ? » C’est la question que se pose Suzy Bossé depuis que son frère, Marc Bossé, s’est donné la mort en décembre 2020 au Centre hospitalier régional du Grand-Portage de Rivière-du-Loup.
Depuis 2018, au moins 17 personnes, dont M. Bossé, se sont suicidées dans un hôpital, selon une analyse des rapports du coroner effectuée par La Presse. Les lacunes recensées sont multiples : médicaments ou produits nocifs à portée de main des patients, mauvaise évaluation du risque suicidaire, notes au dossier mal consignées. « Il s’agit d’un suicide qui aurait pu être évité », note le coroner Pierre Guilmette au sujet d’un homme qui a avalé un désinfectant toxique.
Le risque suicidaire dans les hôpitaux « inquiète énormément » Jessica Rassy, professeure agrégée à l’École des sciences infirmières de l’Université de Sherbrooke. « Je l’entends sur le terrain, raconte-t-elle. C’est une situation qui vient chercher les infirmières qui n’ont pas pu offrir les services nécessaires par manque de temps et de ressources. »
Comment éviter ces morts ? C’est la question centrale d’une enquête publique du Bureau du coroner sur la thématique du suicide, dont le volet factuel s’est terminé en octobre. Entamées en 2019, les audiences publiques ont examiné six cas. La Presse en présente deux autres, qui n’ont pas fait l’objet de l’enquête du coroner.
Certains âges, certaines catégories socioprofessionnelles, certains lieux de vie sont plus soumis que d'autres à la tentation du suicide. Comment comprendre ces phénomènes ? Comment prévenir la tentation du suicide et prendre en charge les suicidants ?
Pourquoi les hommes se tuent-ils plus que les femmes ? Les jeunes moins que les vieux ? Les urbains plus que les ruraux ? Et l'été plus que l'hiver ? Le lundi plus que le dimanche ? La France se distingue par son taux élevé de suicides : 11 000 chaque année contre 5 000 morts sur la route.
Mise en avant par le journaliste Karl Zéro dans son documentaire sur la pédocriminalité, l’estimation trouve son origine dans une ancienne campagne du Conseil de l’Europe.
Publié le 5 octobre, le rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique ne se limite pas qu’aux maltraitances au sein de l’institution mais a également présenté une estimation globale des violences sexuelles sur mineurs en France. S’appuyant sur une étude réalisée par l’Inserm pour le compte de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, le rapport note que «14,5% des femmes et 6,4% des hommes de 18 ans et plus ont été sexuellement agressés pendant leur minorité, ce qui signifie que plus de 3 900 000 femmes et de 1 560 000 hommes, soit environ 5 500 000 personnes majeures vivant dans notre pays, ont subi des agressions sexuelles pendant leur minorité».
Un cadre de santé de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris «a tenté de mettre fin à ses jours» ce lundi à l’hôpital Saint-Louis. Des sources concordantes évoquent une immolation par le feu.
En fin de matinée ce lundi, un cadre de santé de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)«a tenté de mettre fin à ses jours»àl’hôpital Saint-Louis, dans le Xe arrondissement de la capitale, a annoncé l’institution. Il y est depuis pris en charge. Plusieurs sources évoquent une immolation par le feu.
Des chercheurs américains de l’Université de Pittsburgh, en analysant les données provenant du cerveau de 145 femmes d’âge moyen, dont 68 % des participantes avaient vécu un traumatisme, ont observé que les petits vaisseaux sanguins du cerveau de ces femmes semblaient avoir été abîmés, ce qui augmentait leurs risques de déclin cognitif, de démence et d’accident vasculaire cérébral.
Les chercheurs ont tenu compte d’autres facteurs qui pourraient expliquer ces dommages, comme l’âge, le tabagisme, le diabète ou l’hypertension. Ces résultats ne surprennent pas la neuropsychologue Françoise Maheu, qui étudie l’impact de la violence sur le cerveau depuis de nombreuses années. Ses propres travaux ont ainsi démontré que le cerveau d’une femme qui a été victime de maltraitance chronique entre les âges de 0 et 9 ans ne fonctionne pas normalement à l’âge de 15 ou 16 ans, quand on le compare à un groupe témoin. « Il semble vraiment y avoir des atteintes au niveau du fonctionnement et même des structures », a-t-elle dit.
L'OMS estime que l'obésité touche à présent presqu'un habitant de la planète sur six, soit plus de 650 millions de personnes dans le monde. En France, cette pathologie continue à progresser : elle touche à présent 17 % de la population adulte (8,5 millions de personnes), contre 12 % en 2012. L'obésité mobilise aujourd’hui de nombreuses recherches pour mieux en comprendre les causes sous-jacentes et ainsi mieux prendre en charge les personnes qui en souffrent. Des chercheurs de l’école de médecine de l’Université de Berlin ont mis à jour les mécanismes moléculaires impliqués dans l’activation de la "protéine de la satiété", le récepteur de la mélanocortine 4, ou MC4R. Cette protéine pourrait devenir une cible potentielle pour des interventions médicamenteuses destinées aux personnes souffrant de surpoids ou d’obésité.
Principalement présente dans le cerveau, MC4R est une protéine réceptrice qui est contrôlée par d’autres hormones qui produisent d'importants signaux de satiété en se liant à elle. C’est l'activation du MC4R par ces hormones stimulantes qui entraîne la sensation de satiété.
parCorinne Maier, Psychanalyste et essayiste. publié le 6 novembre 2021
Toutes les femmes ne sont pas égales face à l’injonction de la société à «être une bonne mère». Alléger ce travail maternel rendra service à l’enfant autant qu’aux mères fatiguées, estime la psychanalyste Corinne Maier.
par Corinne Maier, Psychanalyste et essayiste
#MeToo, ce sont des femmes qui prennent la parole pour dénoncer les violences, pressions, abus de pouvoir qu’elles subissent ou ont subi. Il était temps. Mais il faut aussi s’attaquer à l’une des racines de l’aliénation féminine : la maternité. C’est au moment où elles deviennent mères que les inégalités femmes-hommes au travail se creusent. C’est à ce moment-là, au fil des congés parentaux, des mercredis posés pour s’occuper des enfants, des rendez-vous ratés pour cause d’enfant malade, des soirées scotchées à la maison, que leur existence se rétrécit. Comme si c’était leur destin que d’avoir moins de choix que les hommes, moins de temps, moins d’argent, moins de liberté, moins de possibilités d’aller vers les autres. Pourtant, la société nous vend l’enfant qui rend heureux.
Stimuler sa créativité en art plastique, se laisser porter par l’invention du trait ou jouer avec un gentil monstre qui sort littéralement du cadre : trois ouvrages en guise de muses pour que les bambins fassent mumuse.
• Au bonheur des apprentis artistes
Auteur de plus de 80 livres jeunesse, Hervé Tullet a lancé en 2018 le concept d’« expo idéale », une méthode d’apprentissage artistique visant à stimuler la créativité des enfants par le biais de techniques basiques, exonérées de tout critère esthétique : le dessin spontané, le découpage, le pliage, le collage… Après un coffret créatif rempli de papiers à motifs (L’Expo idéale, Bayard, 2020, 19,90 euros), voici un livre en guise de vitrine des œuvres simples qu’il est possible de réaliser avec un minimum de moyens. Le jeune lecteur, apprenti artiste, s’épatera des effets graphiques produits par tout un jeu de fenêtres, languettes, miroirs, superpositions, gribouillages, taches, papiers froissés… L’adulte s’amusera, lui, à déceler des réminiscences aux rayures de Buren, aux empreintes de Viallat et autres égouttures de Pollock. Une furieuse envie d’empoigner des feutres et une paire de ciseaux prolonge la lecture de ce très ludique et très inspirant catalogue, qu’on rouvrira notamment par jour de pluie.
« Une expo idéale », Hervé Tullet, Bayard jeunesse, 48 pages. Dès 4 ans.
• L’origine du trait
Il y a quelque chose de magique dans ce petit album, un classique de la littérature jeunesse américaine, qui s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires aux Etats-Unis depuis sa sortie, en 1955. Harold a des envies, et il a un crayon : cela suffit pour faire un monde. Il veut marcher au clair de lune, alors il se dessine une lune, et un sol sur lequel poser les pieds. Il veut une forêt, mais avec un seul arbre, pour ne pas avoir peur : ce sera un pommier. Mais le dragon qu’il dessine lui-même pour protéger ses pommes le terrorise, il en tremble, et son sol bien droit devient une mer agitée, dans laquelle il tombe. Il faut alors un bateau, et ainsi de suite. Autrement dit, c’est la création dans sa définition la plus pure : la satisfaction d’un désir lié à l’attente et les peurs que suscite cette satisfaction. Cet ouvrage fait penser à la série d’animation télévisée italienne La Linea, diffusée en France à partir de 1975, où le personnage est dessiné dans le même trait de crayon que la ligne horizontale sur laquelle il évolue. Même concept : le monde n’a peut-être pas été créé en un jour, mais en un trait, si !
« Harold et le crayon violet », de Crockett Johnson, traduit de l’anglais par Lou Gonse. Editions MeMo, 72 pages, 15 euros. Dès 3 ans.
• La p’tite bête qui se montre
Elle commence à jouer dès la couverture noire du livre, où elle se cache derrière une petite porte. La voilà qui apparaît, bestiole rose et bleue aux yeux ronds, dessinée à gros traits. Et une fois qu’elle est là, eh bien, elle squatte. La petite créature de ce livre en occupe chaque page, en très gros plan (« mince ! trop près ! ») ou dans un recoin, réclamant une histoire ou qu’on lui gratte le dos. Elle perd l’équilibre quand on tourne une page, et la voilà coincée dans le pli, à demander de l’aide. Elle grignote des bouts de page (que l’on peut détacher), se bagarre avec des cauchemars phosphorescents et des nuages qui fuient. Et à la fin, comme toute créature curieuse qui se respecte, elle creuse un trou dans le bouquin pour se faire la malle et rejoindre le lecteur. Qui sait ? Peut-être la trouverez-vous à côté de votre enfant sur l’oreiller demain matin.
« La Petite Créature », de Marjolaine Leray. Editions courtes et longues, 112 pages. Dès 3 ans.
D’innombrables bactéries jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de l’organisme humain.Pourrait-on aller plus loin, et envisager l’incorporation de bactéries non seulement pour nous maintenir en bonne santé, mais pour guérir activement, de l’intérieur, les cellules dans lesquelles elles sont hébergées ? C’est tout l’enjeu d’un programme de recherche de la Michigan State University, qui est parvenue à modifier un Bacillus subtilis, «une bactérie normale du microbiote», afin qu’elle pénètre dans certaines cellules immunitaires de la souris sans être détruite, et modifie le comportement de celle-ci à l’aide d’une protéine. De quoi ouvrir de nouvelle perspective sur notre compréhension du médicament et de la guérison.
Dans notre société, grandir ne fait plus envie, et vieillir semble presque pire que mourir. Pourtant, toutes les études consacrées au sujet montrent que l’on devient plus heureux avec le temps. Comment expliquer cette défiance envers l’âge adulte, et comment redonner envie aux jeunes de grandir ?
La crise sanitaire a souvent été lue comme la consécration d’une tendance de nos sociétés vers la gérontocratie : les personnes âgées sont celles qui votent le plus, et qui décident donc des politiques publiques. Elles seraient aussi celles qui ont été privilégiées face à l’arrivée de l’épidémie, puisque l’on aurait « enfermé » les jeunes générations, qui ne couraient pourtant pas de grands risques, afin de prendre soin des plus âgés.
Mais ne pourrait-on pas renverser la perspective et considérer que si l’on a envisagé le confinement comme un « enfermement » des jeunes, c’est parce que l’on considère la jeunesse comme l’âge d’or de l’existence ? N’est-ce pas l’occasion d’interroger nos représentations sur l’âge adulte et la vieillesse, mais aussi de rendre ces étapes de la vie plus enviables ?
C’est ce que propose de faire Susan Neiman dans son premier essai à être traduit en français, Grandir. Eloge de l’âge adulte à une époque qui nous infantilise (Premier parallèle). Elle y montre que l’âge adulte n’est certes pas l’insouciance naïve de l’enfance, mais pas non plus la révolte tumultueuse de l’adolescence : il est cette étape où nous comprenons enfin que si nos idéaux ne sont pas déjà inscrits dans le réel, il nous appartient néanmoins de tout faire pour les y actualiser.
Explorer nos limites, interroger notre devenir en tant qu’humain et plus globalement envisager le devenir de la planète, tel est le vaste champ d’exploration proposé par la nouvelle exposition du Musée de l’Homme : Aux frontières de l’humain.
Les frontières du vivant sont instables et les spécificités humaines se sont brouillées, tant par une meilleure connaissance de notre lointain passé – nous ne sommes que des primates parmi les autres – que par la dynamique des innovations technologiques qui repoussent nos limites humaines. Paradoxalement, voilà l’humain aujourd’hui plus proche de l’animal et en même temps loin de sa propre nature : réparé, augmenté, connecté.
Par son ancrage dans des préoccupations contemporaines, Aux frontières de l’humain s’inscrit dans une programmation dont l’orientation a été initiée en 2017, avec l’exposition Nous et les autres, des préjugés au racisme. Le Musée de l’Homme affirmait ainsi son positionnement en tant que musée de société, dont la programmation entre en résonance avec les grands axes développés dans l’exposition permanente de la Galerie de l’Homme : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?
Fidèle à la fille romantique et rebelle qu'elle était, Yzabel n'a jamais hésité à se lancer dans l'aventure pour trouver l'amour fou. Quand elle se retrouve célibataire à 50 ans, elle se branche sur un site de rencontre... Entre réalité virtuelle et sentiments foudroyants, attention aux mirages !
Yzabel, réalisatrice, scénariste et anciennement actrice, rencontre en ligne un beau brun ténébreux qui lui plaît... Son cœur d'artichaut s'emballe pour ce médecin célèbre qui travaille aux Etats-Unis. Mais malgré un premier contact très romantique, tout ne se passe pas exactement comme prévu.
IDE depuis 2007 et titulaire d’un DU de psychotraumatologie, Emmanuelle Mercier reçoit des adolescents en entretien individuel au sein du service de consultations de pédopsychiatrie au CH d’Aurillac (Cantal) depuis 2014. Rencontre avec l’autrice d’« Avec des mots », qui prône l’importance de la parole pour aider les ados à se libérer.
Pourquoi avoir choisi de travailler en psychiatrie ?
J’ai fait une école d’infirmière pour travailler en psychiatrie. J’ai toujours été intéressée par la santé mentale et le soutien psychologique. Aider l’autre par la parole c’est quelque chose qui est en moi et qui est essentiel dans le métier d’IDE. J’ai bien sûr appris la technicité dans ma formation mais aujourd’hui, mon soin est relationnel et passe par les entretiens thérapeutiques. J’ai commencé par la gérontopsychiatrie puis la psychiatrie adulte mais j’avais toujours l’impression d’arriver trop tard dans le parcours des patients. Depuis 2014, je suis des adolescents dans le cadre d’une prise en charge individuelle inscrite au sein du service de consultations de pédopsychiatrie au CH d’Aurillac, établissement où j’ai réalisé l’ensemble de mon parcours.
Alors que les infirmiers manquent à cause notamment de la pandémie de Covid-19, le Salon infirmier qui se tient à Paris de lundi à mercredi est l'occasion pour les hôpitaux de courtiser les étudiants en fin de parcours.
Attirer les infirmiers dans leurs services : tel est l'objectif des hôpitaux publics et privés d'Île-de-France lors du Salon infirmier, qui se tient du 8 au 10 novembre au parc des Expositions de la porte de Versailles, à Paris. Des milliers de professionnels ont démissionné ou sont en arrêt maladie à cause de la pandémie de Covid-19 ou des conditions de travail.
En parallèle, les structures peinent à trouver des candidats et se livrent une concurrence féroce. Ce type de salons est l'occasion pour elles de rivaliser d'arguments pour inciter les centaines de candidats qui déambulent dans les allées à venir les rejoindre.
Le neuroscientifique Stanislas Dehaene propose une plongée dans l’univers cérébral pour comprendre, grâce aux techniques d’imagerie, ce qui se joue dans notre boîte crânienne.
Livre. Une image-choc s’impose dès l’ouverture du livre de Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive au Collège de France et directeur du centre d’imagerie cérébrale NeuroSpin (Saclay) : le cerveau de l’auteur, scanné puis reconstruit en 3 D. Suit une définition de l’écrivain corrosif Ambrose Bierce, en 1906 : « Cerveau, appareil avec lequel nous pensons que nous pensons. » Le ton est donné et le lecteur saisi à la vue des cent extraordinaires représentations du cerveau, chacune accompagnée d’un texte permettant une meilleure compréhension de l’activité des 86 milliards de neurones propres à l’être humain. Au fil des pages, sont déclinés les progrès des techniques d’exploration, notamment de l’imagerie cérébrale, et les avancées qu’elles ont permises dans la connaissance des liens avec l’esprit.
FRAGMENTS DE FRANCE La maison d’accueil des Matins bleus, en Provence, offre un refuge à des enfants que la vie a déjà malmenés. Certains parviennent à y briser les mécanismes de la reproduction et puisent dans leur parcours une force supplémentaire.
« Pardon, monsieur ! » La balle n’est pas passée loin. En cet après-midi ensoleillé de septembre, une poignée d’adolescents improvisent une partie de foot sur le terrain de la maison d’accueil des Matins bleus, à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Arthur (le prénom a été changé) a 12 ans. Avec sa petite taille, son allure fluette, son visage rieur, il en fait trois de moins. Il s’en est amusé quand on l’a croisé, un peu plus tôt : « Vous ne devinerez jamais mon âge ! » Il vient chercher la balle, s’excuse encore, repart à toute vitesse.
Huit jeunes gens de 8 à 15 ans vivent dans la maison. Leurs familles, en morceaux, dépassées, parfois violentes, souvent incestueuses, s’en sont vu retirer la garde par la justice, qui a confié les enfants aux Matins bleus, une des grosses associations d’éducation spécialisée de la région. Elle s’occupe de six autres foyers similaires, mais aussi d’accompagnement des familles, de placement en famille d’accueil et d’appartements où de jeunes majeurs vivent de manière autonome, sous la supervision des éducateurs.
A 27 ans, Audrey Brante est passée par la plupart de ces structures. Il n’y a que six ans qu’elle a quitté la dernière d’entre elles, un des appartements de l’association, et a gardé des liens avec les équipes. « On ne peut pas avoir des éducateurs toute sa vie, mais moi, ça m’aide de leur parler. C’est mon histoire », souligne-t-elle. Alors, quand on lui a proposé de venir revoir la maison de Saint-Rémy, où elle a passé son enfance, avant d’aller, non loin, dans la maison d’adolescentes de Châteaurenard, elle a sauté sur l’occasion.