LE 09/11/2021
À retrouver dans l'émission
L'INVITÉ(E) DES MATINS
par Guillaume Erner
Dans notre société, grandir ne fait plus envie, et vieillir semble presque pire que mourir. Pourtant, toutes les études consacrées au sujet montrent que l’on devient plus heureux avec le temps. Comment expliquer cette défiance envers l’âge adulte, et comment redonner envie aux jeunes de grandir ?
La crise sanitaire a souvent été lue comme la consécration d’une tendance de nos sociétés vers la gérontocratie : les personnes âgées sont celles qui votent le plus, et qui décident donc des politiques publiques. Elles seraient aussi celles qui ont été privilégiées face à l’arrivée de l’épidémie, puisque l’on aurait « enfermé » les jeunes générations, qui ne couraient pourtant pas de grands risques, afin de prendre soin des plus âgés.
Mais ne pourrait-on pas renverser la perspective et considérer que si l’on a envisagé le confinement comme un « enfermement » des jeunes, c’est parce que l’on considère la jeunesse comme l’âge d’or de l’existence ? N’est-ce pas l’occasion d’interroger nos représentations sur l’âge adulte et la vieillesse, mais aussi de rendre ces étapes de la vie plus enviables ?
C’est ce que propose de faire Susan Neiman dans son premier essai à être traduit en français, Grandir. Eloge de l’âge adulte à une époque qui nous infantilise (Premier parallèle). Elle y montre que l’âge adulte n’est certes pas l’insouciance naïve de l’enfance, mais pas non plus la révolte tumultueuse de l’adolescence : il est cette étape où nous comprenons enfin que si nos idéaux ne sont pas déjà inscrits dans le réel, il nous appartient néanmoins de tout faire pour les y actualiser.