Depuis l'automne 2020, les médias s'émeuvent d'une augmentation des gestes suicidaires chez les moins de 15 ans. La cause est toute trouvée: les confinements successifs. Pour autant, si les chiffres sont là –«davantage d'enfants sont morts par suicide pendant la crise sanitaire qu'à cause du Covid, et on a constaté que les tentatives de suicide chez les enfants sont plus graves qu'à l'accoutumée», explique le Pr Delorme, chef du département psychiatrique pour enfants et adolescents à l'hôpital Debré à Paris– nous aurions tort d'attribuer ces actes à une cause unique.
Julie Rolling, psychiatre, médecin référent du Centre d'accueil médico-psychologique pour adolescent (CAMPA) aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, martèle: «Ce sont des facteurs multiples qui s'accumulent, et qui contribuent à créer un état de souffrance extrême où l'enfant ne voit pas d'autres solutions.» Même si nous tentions de décliner l'ensemble des facteurs généraux inhérents à la crise sanitaire –désociabilisation, temps passé sur les écrans, cyberharcèlement, climat anxiogène, etc.– nous n'aurions pas le début d'une explication sur les causes de ces passages à l'acte. Nous pourrions, a contrario, nous dire qu'ils sont simplement davantage pris en compte par les parents et les proches alors qu'ils sont à l'accoutumée tus ou conservés sous le couvercle du tabou.