Rejetant les théories sexistes et racistes de l'anthropologie de l'époque, la militante féministe consacrera sa vie à soigner les pauvres et défendre l'IVG.
Elles ont été les Premières! 100 femmes exceptionnelles paraît le 4 mars 2021 aux Éditions de La Martinière. Nous en publions ci-dessous un chapitre.
Dans la maison familiale, on ne roule pas sur l'or. Le père est cocher de fiacre, la mère marchande de légumes. La fillette doit donc arrêter l'école à l'âge de 12 ans. Mais, très vite, elle s'intéresse à la politique, fréquentant dès ses 15 ans les milieux anarchistes. Déçue par ces idées, Madeleine Pelletier comprend toutefois l'intérêt d'avoir une bonne éducation. Elle décide de reprendre ses études afin de passer le bac, en solitaire. Dur, dur !
Ses parents étant morts, elle trouve un appui intellectuel et financier auprès de l'anthropologue Charles Letourneau, issu lui aussi d'un milieu défavorisé. À l'université, en 1898, elle fait partie des 129 femmes présentes sur 4.500 étudiants!
Elle se tourne ensuite vers l'anthropologie, en acceptant, un peu interloquée quand même, les théories qui font alors autorité. Par exemple, celle de l'anthropologue Paul Broca selon laquelle l'intelligence se mesure à la taille du cerveau. Il affirme: le cerveau est plus gros chez les hommes éminents que chez les médiocres, chez les races «supérieures» que chez les races «inférieures» et, bien sûr, chez les hommes que chez les femmes.
Puis, la nature rebelle de l'apprentie étudiante reprenant ses droits, Madeleine Pelletier finit par s'opposer à ces idées et abandonne l'anthropologie. Elle veut s'inscrire au concours des internats des asiles, mais c'est impossible! Il faut pour cela jouir de ses droits politiques, autrement dit, pouvoir voter. Ce qui est encore interdit aux femmes. Elle se battra donc pour abolir cette règle, soutenue par le quotidien féministe La Fronde de Marguerite Durand.