Dans " Ce monde est tellement beau ", le romancier, Sébastien Lapaque offre une ode à la lumière par-dessus la noirceur, et vient célébrer les vertus de l'amitié
Lundi-Livre
Tewfik Hakem s'entretient avec le romancier Sébastien Lapaque à propos de Ce monde est tellement beau, paru aux éditions Actes Sud
" Ce monde est tellement beau, cependant. Ses merveilles méritent d’être chantées par une voix profonde, ignorée, une voix forte et claire, pure et fraîche comme un ruisseau de printemps. La voix du cœur, oubliée. C’est cet accent singulier que je me suis obstiné à chercher au cours d’un épisode tourmenté du milieu de ma vie. Je tenais mon existence pour un relevé de comptes et il m’est apparu qu’elle pouvait devenir tout un poème. " (Ce monde est tellement beau, premières lignes)
Lazare, mon personnage, n'est pas mon double, c'est un ami. J'ai été très impressionnée par cette idée grecque de l'amitié, et je pense que ce qui manque dans notre monde, plus qu'une idée de l'amour ou de l'érotisme, c'est la nécessité de l'amitié telle qu'on la découvre chez Rabelais, chez Shakespeare, chez Montaigne - l'amitié reste l'un des impensés de notre monde contemporain.
Jusqu’ici, le gouvernement gérait la crise sanitaire, tiraillé entre les enjeux de santé et d’économie. Depuis quelques temps, une troisième variable, le bien-être, semble faire son apparition.
The Economist a présenté la semaine dernière son évaluation annuelle de l’état de la démocratie dans le monde. Et l’hebdomadaire britannique relègue la France au rang de démocratie défaillante. La crise sanitaire a certes induit des mesures, mais celles-ci se sont révélées en France particulièrement coercitives. D’un point de vue subjectif, la situation ne serait guère plus réjouissante car, selon l’étude de l’Observatoire du bien-être en France en 2020, les Français seraient particulièrement peu satisfaits.
Sans instruction, Séraphine Louis, femme de ménage à Senlis, a peint une centaine de tableaux entre 1905 et 1932. Découverte par un célèbre collectionneur d'art, elle jouira de sa notoriété très peu de temps avant de finir ses jours internée à l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise.
"Elle refusait de parler de son art. Elle disait : « La peinture, c’est ma vie. C’est la lumière. Et pour vivre, il faut que je fasse des ménages ». Et elle appelait cela le travail noir", raconte en 1969, le docteur Gallot qui l'avait bien connue.
Séraphine Louis est née dans une famille modeste à Arsy dans l'Oise le 3 septembre 1864. Orpheline à l'âge de 7 ans, elle est élevée par sa sœur aînée avant d'entrer au Couvent de la Charité de la Providence à Clermont-de-l'Oise. De 1881 à 1901, elle y travaille en tant que domestique. Elle gardera de cette période de sa vie une très forte empreinte religieuse.
En 1906, Séraphine s'installe à Senlis où elle travaille comme femme de ménage dans de grandes familles bourgeoises. Quelques années plus tard, elle emménage dans un appartement situé 1 rue du Puits-Tiphaine. C'est durant cette période qu'elle commence à peindre. Elle dessine et peint sur de petites toiles, des panneaux de bois, des pots en terre cuite, du carton. Sur tout ce qu'elle peut trouver.
"Elle n'a pas pris de cours, elle a commencé à peindre parce que son ange lui aurait dit de peindre", explique Alicia Basso Boccabella, responsable des publics au Musée d'Art et d'Archéologie de Senlis. Autodidacte, elle peint exclusivement des fruits et des fleurs, semble-t-il à partir de livres de botanique qu'elle trouve dans les foyers bourgeois. "Ses peintures sont très réalistes, elles s'ancrent vraiment dans la réalité. On les reconnaît très facilement aussi parce que les fruits flottent dans l'espace, ils ne sont pas posés sur une table comme chez Cézanne par exemple. On suppose donc qu'elle s'est inspirée des planches botaniques", décrit Alicia Basso Boccabella.
En 1912, Séraphine Louis est embauchée comme femme de ménage chez Wilhem Uhde. Ce collectionneur, critique et marchand d'art, ami de Picasso et de Braque, a découvert Le Douanier Rousseau dans les années 1900. Pour lui, il est évident que Séraphine possède un immense talent pour la peinture. Seulement, en 1914, la guerre éclate. Wilhem Uhde, d'origine allemande, est contraint de quitter la France. En partant, il encourage Séraphine à persévérer dans cette voie, comme d'autres artistes autodidactes qu'il nommera plus tard les Primitifs modernes.
La nature comme seul maître
Treize ans plus tard, Séraphine produit désormais des toiles de plus grand format, pouvant aller parfois jusqu'à deux mètres de hauteur. Elle en présente six à l'exposition de la Société des Amis des Arts à l'Hôtel de Ville de Senlis. Installé désormais à Chantilly, Wilhem Uhde la retrouve et découvre cette évolution dans sa peinture. "De quelque chose de très réaliste, on est passé à quelque chose d'imaginaire. C'est toujours très symétrique, mais sa peinture est foisonnante, il n'y a plus aucun espace de libre sur la toile", précise Alicia Basso Boccabella.
Avant une prise de décision, un entretien d’embauche ou même lorsque nous sommes allongés le soir dans notre lit, les “bavardages” intérieurs rythment notre journée, au point de nous faire parfois tourner en bourrique. Cette journaliste britannique a échangé avec un spécialiste de la question pour mieux comprendre le phénomène.
Comme en témoignera volontiers Ethan Kross, neuroscientifique et psychologue expérimental américain, il n’existe probablement pas une seule personne sur Terre capable de ne pas écouter cette petite voix intérieure qui nous raconte mille choses inutiles. Une nuit, il y a dix ans, M. Kross s’est retrouvé assis chez lui, une batte de baseball à la main, à attendre un assaillant imaginaire qui, pensait-il dur comme fer, allait d’un instant à l’autre faire irruption dans sa maison – un assaillant créé de toutes pièces par son esprit, paniqué en raison de la lettre de menaces qu’un inconnu avait adressée au scientifique après l’avoir vu à la télévision. M. Kross, dont les recherches portent sur l’introspection, avait conscience que sa réaction était exagérée ; qu’il était victime de ce qu’il appelle nos “bavardages” intérieurs. Mais cela ne lui a pas du tout fait du bien de se le dire. Au summum de son angoisse, ses pensées négatives tournant frénétiquement en boucle, il s’est même mis en quête de “gardes du corps pour universitaires” sur Google.
Pierre Péju et Lionel Richerand signent avec Frink et Freud une bande dessinée sur Horace Frink, l’un des patients de Freud. Entre rêve et réalité, retour sur l’histoire des débuts de la psychanalyse aux Etats-Unis dans un album à plusieurs niveaux d’analyse.
En 1909, Freud, Jung et Ferenczi débarquent à New York pour donner une série de conférences sur une discipline encore neuve et controversée, la psychanalyse. Presque fondu dans le décor de la ville et le tourbillon de la visite des savants de la vieille Europe, Horace Frink tente de communiquer en vain avec Freud, son maître à penser. Les deux hommes ne se recroiseront qu’une dizaine d’années plus tard, à Vienne, où Frink suivra l’une des « cures » de Freud.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre de l’album, Freud n’est au final qu’un personnage secondaire. Il est très vite déchu de sa position de personnage principal de l’histoire pour revenir à celle de présence omnisciente dans la vie de Frink. Freud est d’ailleurs présenté comme quelqu’un d’égocentrique, prétentieux et colérique. Il n’a que mépris pour la jeune Amérique, qu’il souhaiterait pourtant soumettre à ses idées.
Une émission consacrée aux questions de philosophie politique et aux enjeux autour des sciences et des humanités. La technoscience est-elle une promesse ou une menace ?
"Nous croyons à l'histoire en extrapolant ce qui se fait dans les sciences" écrit Michel Serres, car nous n'avons la preuve qu'il y ait vraiment de l'histoire que parce qu'il y a une histoire des sciences. La science, stock et fonction de raison, garantie seule désormais par ses résultats, ses conquêtes et ses triomphes qu'il y ait quelques progrès. La science progresse et fonde les croyances dans l'avancée générale de l'esprit. A Vincent Le Biez, ancien et très brillant élève de l'Ecole polytechnique, qui publie Platon a rendez-vous avec Darwin et au docteur Laurent Alexandre, dont le dernier livre s'intitule Jouissez jeunesse ! petit manuel à l'intention de ceux qui choisiraient de ne pas croire à la fin du monde, je demanderai d'abord si cette alliance des sciences et du progrès tient toujours. Les spectaculaires innovations scientifiques qui pleuvent sans discontinuer et qui changent notre vie nous font-elles vivre encore, aujourd'hui plus que jamais, dans la perspective d'un temps prometteur ?
Les enfants ont toujours peuplé les placards de créatures redoutables. Avec la pandémie et le confinement, notre surconsommation d’infos anxiogènes déteint sur leur imaginaire.
Souvent, au moment de s’endormir, mon fils cadet me fait part de ses angoisses enfantines. Il y aurait « des monstres dans le placard », dit-il, en désignant les deux portes battantes de la penderie. Incroyablement vivace, la peur du monstre est récurrente chez l’enfant, puisque ce dernier, jusqu’à un certain âge, ne fait pas vraiment de différence entre le fruit de son imagination et le monde réel. « Chez les enfants, les peurs apparaissent souvent comme des étapes de maturation et sont liées à des émotions archaïques comme l’abandon ou la dévoration », explique la thérapeute Stéphanie Couturier, dans son ouvrage Aider votre enfant à maîtriser ses peurs. Exercices et outils pour apaiser ses émotions (Marabout, 2017).
A l’heure de la retraite, le docteur Vincent Lecarme revient sur ses quarante ans de pratique en Haute Maurienne dans «Sentiers de vie», une biographie faite de saynètes et anecdotes.
«Après une longue inspiration, semblable à un râle, il reprend conscience. Merci mon Dieu! Je retourne rapidement au chevet du nourrisson, en laissant ouvertes les portes des deux bureaux pour entendre les alarmes du scope. Toujours pas de nouvelles de l’ambulance, mais la maman assure et le bébé a repris couleurs et vitalité. A quelques mètres de distance et quatre-vingt-quatorzeans d’intervalle, deux êtres luttent, à l’orée et au crépuscule de leur existence, deux flammes vacillent de concert, toutes deux uniques et néanmoins unies dans le même combat. En cet instant partagé, c’est le fil de leur vie que je tiens entre mes mains…»
Mis en place fin 2020, le dispositif permet de géolocaliser une personne à protéger et un auteur de violences conjugales. Si elle s’est encore peu démocratisée, cette surveillance électronique vient combler la période délicate entre le moment où les faits sont signalés et celui où la justice se prononce.
«Emma», victime de violences conjugales, séparée de son compagnon qui porte le bracelet pour garantir son éloignement. (Thierry LAPORTE/pour Libération)
Après sept ans de violences, elle s’était décidée à partir le jour où son conjoint l’avait frappée devant ses enfants. Plus la sortie de prison de son ex-compagnon approchait, plus la peur l’envahissait à nouveau. «Mais grâce au bracelet électronique antirapprochement, j’ai retrouvé une vie normale et sereine. Je suis moins stressée, moins angoissée: se sentir en sécurité change tout.» Depuis qu’Emma (1) a été équipée du dispositif, le 17 décembre, un petit boîtier GPS ne quitte jamais son sac. Un bracelet antirapprochement a été placé à la cheville de son ex-conjoint dès le lendemain. Un cran de protection au-dessus du téléphone grave danger (TGD) dont elle disposait déjà. Géolocalisé en permanence, il ne peut pas s’approcher à moins de six kilomètres d’elle – la zone de pré-alerte –, sous peine d’être rappelé à l’ordre par le téléopérateur. S’il franchit la limite des trois kilomètres, une alerte est envoyée à Emma et la police intervient pour la mettre en sécurité et interpeller l’ancien compagnon.
Dans « La Quantique autrement », le physicien Julien Bobroff réussit à expliquer de manière vivante et accessible les concepts-clés et les phénomènes contre-intuitifs de cette discipline ardue.
Le livre. Il n’est jamais trop tard pour s’informer sur la mécanique quantique, cette théorie déconcertante de la matière. En septembre 2020 est paru le dernier livre du physicien Julien Bobroff consacré à ce sujet et il serait dommage de ne pas s’y plonger, tant les propos de l’auteur sont instructifs, plaisants et foisonnants. C’est loin d’être un coup d’essai car le physicien remue ses idées sur la vulgarisation de la quantique depuis des années.
Un psychanalyste, cinq patients et 35 épisodes qui durent le temps d'une séance. En Thérapie, diffusée sur Arte ce soir à 20h55, s'inspire de la série israélienne Be Tipul. Elle se déroule dans le huis clos d'un cabinet parisien, au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Alors qu'en pensent les psy ?
Plusieurs millions de vues moins d'une semaine après sa mise en ligne."Série à succès" pour Télérama, "huis clos magistral" selon LCI, "un psychiatre qui crève l'écran" titre encore le Journal du dimanche. La série "En thérapie", réalisée notamment par le duo Éric Tedano et Olivier Nakache cartonne déjà, alors qu'elle sera diffusée pour la première fois à la télé, ce jeudi soir, à 20h55, sur Arte. Pendant 35 épisodes, cette fiction nous plonge dans le huis clos du cabinet parisien d'un psychanalyste, au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Que pensent les psy de cette adaptation, de ce regard sur leur profession ? On leur a posé la question.
En interrogeant cinq jeunes psychanalystes, nous nous sommes mis dans la peau de ceux qui accueillent leurs premiers analysants.
Première diffusion 16/10/2012 dans l'émission "Sur les docks"
La première fois que j'ai allongé un patient, après l'avoir eu en face à face, j'ai été extrêmement dérouté, je me suis senti perdu. J'ai eu le sentiment de lâcher le patient mais plus encore que le patient me lâchait
Ce qui va être intéressant c'est de voir à travers la façon dont le patient cherche à nous approcher, à être dans une proximité plus familière, chaleureuse, qu'est-ce que cela nous dit de lui ? Ce qui intéresse le patient, c'est lui
Comment sait-on que cela collera entre le psychanalyste et soi ? Opter pour un homme ou pour une femme ? Pour un bavard ou pour un taiseux ? Il y a autant...
Pendant la cure, le patient découvre le transfert, qui lui permet de confondre son analyste avec son père, son amant, sa mère. C’est souvent une bonne...
Qui est vraiment Sigmund Freud ? Pas un dieu tout-puissant ni un charlatan, mais un Freud qui rêve tout haut, dissèque les anguilles, prend de la cocaïne, cite Shakespeare, aime l’humour juif et cultive la compagnie des femmes d'esprit. Un Freud inédit qui parle à la première personne.
Jusqu’ici, tous les chemins que nous avons empruntés nous ont conduits vers la lumière; à partir de maintenant, tous les chemins débouchent sur l’obscurité.
Sigmund Freud
Né dans une petite ville de Moravie, fils d’un colporteur de tissu peu doué pour les affaires, “Siggi” grandit dans le quartier juif et pauvre de Vienne. Adolescent romantique et féru de mythologie, étudiant tiraillé entre les sciences et les humanités, le jeune Freud travaille dur pour échapper à sa condition et met plus de vingt ans avant de découvrir le nouveau continent de l’inconscient. Explorateur de la vie psychique, Freud tâtonne, dialogue avec lui-même et avec ses maîtres : écrivains, philosophes, médecins, morts ou vivants, comme Goethe, Nietzsche, Charcot ou Schnitzler.
Depuis le 1er février, les jeunes étudiants français ont désormais droit au chèque psy. Trois séances de 45 minutes leurs sont offertes afin de faire face à cette crise.
Depuis hier, lundi 1er février, les étudiants français ont droit à un chèque psy. En effet, la crise sanitaire a eu un terrible impact sur ces derniers, qui ont énormément de mal à joindre les deux bouts. Manque d’argent, étude à distance, manque de lien social, les jeunes font face à de nombreuses barrières qui les empêchent de pleinement s’épanouir. Face à la montée de leur désespoir, les gouvernement a donc annoncé la mise en place de chèque psychologie. Ces chèques permettront aux plus démunis de se rendre dans centres et cabinets spécialisés afin de discuter avec un psychologue. Un geste important quand on sait qu’une séance peut revenir jusqu’à 60 euros !