LE 04/02/2021
À retrouver dans l'émission
LE JOURNAL DES IDÉES
par Jacques Munier
D’après une étude récente, la moitié des 7.000 langues parlées dans le monde aura disparu d'ici à la fin du siècle. Un laboratoire du CNRS a entrepris de les recenser et de les collecter dans le cadre d’une vaste bibliothèque sonore.
C’est la collection Pangloss, « véritable arche de Noé des langues ». Comme le rappelle Yann Verdo dans Les Echos.fr, « la moitié des 7,8 milliards d'habitants de la planète s'expriment ou communiquent par le truchement d’une vingtaine d'entre elles (anglais, arabe, espagnol, français, hindi, mandarin, portugais…), alors que 97 % de ces 7.000 idiomes se partagent un nombre total de locuteurs ne dépassant pas 4 % de la population mondiale ». Parmi ces milliers de langues rares, l'écrasante majorité n'a pas d’écriture, ce qui rend l’entreprise de bibliothèque sonore particulièrement salvatrice. La collection Pangloss « contient désormais plus de 3.600 enregistrements audio ou vidéo en 170 langues, dont près de la moitié sont transcrits et annotés ». Pour cela, les linguistes utilisent aussi l’intelligence artificielle, qui a fait de grands progrès dans le traitement des langues.
Réapprendre la langue des ancêtres
« Certains diront que la disparition d’un idiome pygmée leur fait autant d’effet que celle du patois berrichon », admet Antonio Fischetti dans Charlie Hebdo. Mais pour l’amateur, nombreuses sont les étonnantes particularités. L’oubykh, une langue parlée dans le Caucase et dont le dernier locuteur est mort en 1970, contenait 80 consonnes. Et comme l’explique Alexis Michaud, l’un des responsables de Pangloss, « si on a des textes, un dictionnaire et une grammaire, on pourra toujours réapprendre une langue dans le futur, à la manière du latin ou du grec ancien ».