Par Yann Bouchez Publié le 18 mai 2020
ENQUÊTE Marie-Alice Dibon, 53 ans, a été tuée par son compagnon en avril 2019, au terme d’une relation toxique dont ses proches décryptent aujourd’hui le mécanisme.
Sur sa page Facebook, Marie-Alice Dibon avait choisi une poignée de mots pour se résumer : « Free bird and happy nerd ». Voilà comment elle se voyait et se présentait aux autres : « Oiseau libre et passionnée de sciences ». Au-dessus de la phrase en anglais, sa photo : la cinquantaine, cheveux mi-longs teints en blanc, les traits fins, le sourire impeccable. Seules quelques rides d’expression, au coin des yeux et sur les joues, esquissaient joliment le passage du temps.
Quand ses proches évoquent aujourd’hui cette consultante en biotechnologies de 53 ans, les qualificatifs flatteurs se succèdent : « Cultivée », « brillante », « sociable », « féministe convaincue »… « “Free bird”, c’était elle, confirme Hélène de Ponsay, sa sœur. Ce n’était pas quelqu’un qui se laissait enfermer dans une cage. » Un mot, en revanche, ne vient pas spontanément : « Victime ».
Jetée dans l’eau
Le 22 avril 2019, le corps de Marie-Alice Dibon a été retrouvé, recroquevillé dans un grand sac de voyage flottant dans l’Oise, près de la base de loisirs de Cergy-Pontoise, au nord-ouest de Paris. Luciano Meridda, 66 ans, son compagnon, s’est enfui en Italie après l’avoir empoisonnée puis jetée à l’eau, faisant d’elle la cinquante et unième victime de féminicide en France cette année-là. Trois semaines plus tard, le 10 mai, il s’est suicidé.
Hélène de Ponsay, la sœur de Marie-Alice, chez elle, à Louveciennes
(Yvelines), le 21 février. La veille, cette dernière aurait fêté ses 54 ans.
CAMILLE GHARBI POUR « LE MONDE »