Par Rebecca Fitoussi LE 16 AVR 2020
Un jour, un regard sur la crise du Covid-19. Public Sénat vous propose le regard, l’analyse, la mise en perspective de grands experts sur une crise déjà entrée dans l’Histoire. Aujourd’hui, le regard de… Jean-Luc Chassaniol, Directeur du GHU Paris psychiatrie & neurosciences dont fait partie l’hôpital Sainte-Anne. S’il admet que la période rend les choses plus compliquées pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques, il appelle surtout à ne pas les stigmatiser davantage.
Dans une crise sanitaire de cette ampleur, la société est déjà très occupée par la protection du plus grand nombre… Mais il y a aussi ceux que l’on ne voit pas… Les patients hospitalisés en psychiatrie peuvent en faire partie… Est-ce le cas ? Sont-ils les oubliés de cette crise ?
Il est d’abord nécessaire de rappeler qu’en moyenne 1 français sur 5 a ou aura recours dans sa vie aux services de soins en psychiatrie. 90% des personnes suivies le sont en ambulatoire, c’est-à-dire qu’ils consultent en centres médico-psychologiques et/ou en hôpitaux de jour. La question du suivi se pose donc autant pour les personnes hospitalisées que pour celles qui vivent chez elles. Aux premiers jours de l’épidémie, la pénurie de masques était générale et les FFP2 réservés aux services de réanimation. Beaucoup se sont émus de l’attention qui devait être apportée à des populations déjà stigmatisées : les personnes souffrant de troubles psychiques. Les réponses sont venues et depuis plusieurs semaines déjà, l’ensemble de la communauté sanitaire fait front commun pour faire face à la pandémie. En revanche, il y a des spécificités : isolement, soins médico-légaux sous contraintes, difficultés d’adaptation sociale, d’observance des traitements etc… Se sont donc mises en place des procédures spécifiques. In fine, la prise en charge d’une personne Covid et en psychiatrie est plus complexe que pour d’autres pathologies, car reste pour certains patients l’impossibilité d’un maintien à domicile.