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mardi 3 mars 2020

Covid-19 : la riposte est-elle plus redoutable que le virus ?

Interview du Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris


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Chapitres

Sexe en série

Mis en ligne le 10/02/2020


© Netflix

“Sex Education”, une énième série pour ados ? Pas seulement, car cette fiction, dont la deuxième saison est actuellement diffusée sur Netflix, met à nu les vicissitudes du désir, chez les jeunes… et les autres. Garanti sans carré blanc !

« La disposition aux perversions est la disposition universelle originelle de la pulsion sexuelle humaine », note Freud dans ses Trois Essais sur la théorie sexuelle. Cette disposition fait le sel de la série britannique Sex Education, dont la seconde saison est diffusée sur Netflix. Elle réunit avec un succès renouvelé une galerie de personnages autour du lycéen Otis Milburn (Asa Butterfield, photo) et de sa mère sexologue, Jean (l’excellente Gillian Anderson). L’adolescent, encore vierge, a établi un cabinet sauvage de thérapie sexuelle dans son établissement avec une camarade brillante et marginale, Maeve Wiley (Emma Mackey). Autour d’eux se greffe une kyrielle de jeunes hommes et de femmes taraudés par « la chose »… et leurs performances. Sous ses dehors de série pour ados, Sex Education n’est jamais caricaturale ni pédagogique. Elle confirme les données de la sociologie – premier partenaire rencontré dans le cadre scolaire autour de 17 ans et premiers ébats au domicile familial – mais ne grandit pas l’amour romantique, mettant l’accent sur les passions mauvaises et les désirs confus.


Vieillir : à partir de quand la vie ne vaut plus la peine d’être vécue ?

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Publié dans le magazine Books n° 102, novembre 2019. Par Ezekiel J. Emanuel.

Au-delà d’un certain âge, la vie ne vaut plus la peine d’être vécue, estime un cancérologue et bioéthicien de renom. Car, sauf exception, nous sommes diminués physiquement et intellectuellement, nous n’apportons plus rien à la société et sommes un fardeau pour nos proches.


© V. Forget / Sagaphoto

Quand on commence à avoir de l’arthrose et des difficultés à marcher, on se replie chez soi et on passe son temps à lire, à écouter des livres audio ou à faire des mots croisés.
Soixante-quinze. Je ne souhaite pas vivre au-delà de 75 ans. Ce souhait rend mes filles dingues. Il rend mes frères dingues. Mes amis me prennent pour un dingue. Ils croient que je ne pense pas vraiment ce que je dis, que je n’ai pas bien réfléchi à la question, parce qu’il y a tant à voir ou à faire dans le monde. Pour m’en convaincre, ils m’énumèrent tous les gens que je connais qui ont plus de 75 ans et se portent bien. Ils sont convaincus que, quand j’approcherai des 75 ans, je repous­serai cette limite d’âge à 80, puis à 85, peut-être même à 90.
Je maintiens ma position. La mort est une perte, c’est sûr. Elle nous prive d’expériences et de grands moments, de temps passé avec notre conjoint et nos enfants. Elle nous prive de tout ce à quoi nous attachons de la valeur 1.

Ils sont déchaînés

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YANN DIENER · 

La novlangue se développe très bien dans toutes les administrations, mais il semble qu’elle trouve un terrain particulièrement fertile dans les bureaux des agences régionales de santé, qui sont chargées de faire redescendre sur le terrain les éléments de langage produits par les génies du ministère de la Santé.
Un exemple édifiant : depuis le début de cette année, le minis­tère demande aux hôpitaux psychiatriques d’intensifier le recueil des «  données identifiantes » des patients : il s’agit pour les ­tutelles de pouvoir « chaîner le parcours du patient », voire de « chaîner les patients ».
Comment en sommes-nous arrivés là, à un tel vocabulaire ?
L’histoire officielle a retenu que c’est Philippe Pinel (1745–1826) qui a libéré les aliénés. En fait, c’est un des surveillants de l’asile de Bicêtre, un dénommé Jean-Baptiste Pussin, qui le premier a enlevé les chaînes qui entravaient les fous. Ayant constaté que les « aliénés » ne s’en portaient que mieux, Pinel initia un changement de regard sur la folie, en soutenant qu’on pouvait la comprendre et proposer un « traitement moral ».
Ensuite, au début du XXe siècle, Freud a montré qu’un savoir sur le délire et sur les symptômes est d’abord présent chez le patient. Et c’est au moment de la Seconde Guerre mondiale que François Tosquelles, un psychiatre catalan et répu­blicain réfugié en France, a remis en question la séparation entre les soignants et les soignés.

C’est une guerre qui est menée contre la parole

À l’hôpital de Saint-Alban (Lozère), il a libéré les patients des représentations et des chaînes signifiantes stigmatisantes, et ouvert un demi-siècle de psychiatrie humaniste, avec des pratiques qui se sont laissé chambouler par les questionnements cliniques et politiques des années 1970. Il y eut l’anti­psychiatrie, et le désaliénisme ; et puis il y eut une politique de secteur, qui permit d’organiser un accueil de proximité, dans des centres de consultation insérés dans la ville, pour éviter d’isoler les patients dans des asiles loin de chez eux, et pour permettre l’accueil de paroles singulières.
Ce dispositif fonctionnait très bien, mais il est systématiquement démantelé par les ministres de la Santé successifs depuis vingt ans. Sous couvert d’économies budgétaires, c’est une guerre qui est menée contre la parole. Le secteur et les intersecteurs de pédopsychiatrie : écrabouillés. La psychanalyse : jetée au bûcher de la Haute Autorité de santé. En plus du retour en force de la contention physique et des chambres d’isolement, ce sont maintenant des chaînes informatiques qui entravent le sujet et sa parole.
« Chaîner » est un terme importé directement du marketing. Il y a encore quelques mois, à l’hôpital, il était question de tracer le patient – comme de la viande de bœuf. On nous a ensuite demandé d’établir la « chaîne de soins ». Et puis je me souviens avoir lu – avec peine – un article exemplaire du glissement vers la marchandisation du soin, intitulé « Chaînage de données hospitalières de patients produites en routine avec leurs données issues du registre national d’identification des personnes physiques : retour d’expérience ».
Comme souvent dans la construction de la novlangue, il y a donc eu un écrasement sémantique : pour aller plus vite, les gestionnaires ont raccourci la phrase « il faut chaîner les données du patient », et dans les mails et les conversations, c’est devenu « il faut chaîner les patients ».
Pussin, reviens, ils sont devenus fous !

Que faire face aux souffrances psychiques de l'enfant ?

Par Eric Favereau — 


Photo C. Lyttle. Getty Images

Dans un livre mesuré et pédagogique, le professeur Bruno Falissard donne des répères pour épauler les enfants dans leurs souffrances mentales.

Bruno Falissard est une personnalité à part. Il a beau diriger l’une des plus importantes unités de recherche sur la psychiatrie, être professeur de santé publique, avoir fait l’Ecole polytechnique puis être devenu psychiatre, il a beau être membre de l’Académie nationale de médecine et être ancien président de l’Association internationale de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, il a acquis une sorte de modestie peu commune dans un univers bien souvent enclin aux prises de position péremptoires. Et cela est encore plus vrai dans le monde de la pédopsychiatrie où les querelles d’école ont bien souvent fossilisé les positions des uns et des autres.
Son livre – Soigner la souffrance psychique des enfants – en est un parfait exemple. Voilà un livre tranquille, sans esbroufe, pédagogique à souhait. Commençons par un rappel : «En France, au milieu du XVIIIe siècle, un enfant sur trois mourait avant son premier anniversaire, et un sur deux ne dépassait pas l’âge de 5 ans, essentiellement du fait de maladies infectieuses.» Aujourd’hui, le panorama a complètement changé : ces morts prématurées durant l’enfance ou l’adolescence ont presque totalement disparu. Pour autant, il y a des points noirs ; les enfants ne vont pas toujours si bien que cela.

La psychiatrie carcérale s’enfonce dans la crise




Paris le 2 mars 2020 – Un rapport publié jeudi dernier dénonce le manque de moyens et de places dont bénéficient les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) pour la prise en charge des détenus souffrant de troubles psychiatriques.

Le rapport, rédigé conjointement par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de la justice (IGJ) en décembre 2018, n’a été publié que ce jeudi sur le site de l’IGAS, un délai qui dénote a priori l’embarras des pouvoirs publics face à l’état critique de la situation. Il faut dire que le tableau dressé n’est pas élogieux : manque de places et de moyens, désorganisation… : les UHSA, que l’on pourrait rapidement présenter comme des hôpitaux-prisons, créées en 2002, n’ont pas réussi, loin s’en faut, à régler le problème de la prise en charge psychiatrique des détenus, dont le nombre ne cesse d’augmenter ces dernières années.

Créer 150 nouvelles places…qui seront insuffisantes

Ce que dénonce avant tout le rapport, c’est le manque flagrant de places en UHSA eu égard au nombre de détenus. Ainsi, les neuf UHSA que compte la France totalisent en tout 440 lits. Pourtant, une évaluation de 2005 estimait déjà à 8 000 le nombre de détenus dont l’état mental nécessitait une hospitalisation psychiatrique. Depuis, le nombre de prisonniers a fortement augmenté, passant de 60 000 à 70 000.


Art brut : de l'effroi de l'asile aux cimaises des musées

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Illustration Art brut : de l'effroi de l'asile aux cimaises des musées
Source/crédits : H A. Müller. LHomme aux mouches 
et le Serpent.( Y. A.)

QUAND, OÙ ?
  • le 12/03/2020 à 18h00
  • Musée de la Cour d'Or
2, rue du Haut-Poirier
Metz
ORGANISATEUR
  • Société des Amis des Arts et du Musée de La Cour d'Or

Une conférence du Dr Yvon Atamaniuk, psychiatre, organisée par les Amis des Arts et du Musée de La Cour d'Or.

Depuis toujours, des originaux, parfois fous, fréquemment privés de liberté ou juste isolés, ont griffonné, dessiné, peint, sculpté, créé, de bric et de broc. Ils tentaient ainsi de rendre compte de leur vision singulière du monde en trompant, par la même occasion, le terrible ennui, le profond dénuement ou l’humiliation extrême de leur existence marginale.



Les données de santé, un trésor mondialement convoité

Par Laure Belot  Publié le 2 mars 2020







Nous sommes tous concernés mais le phénomène est tellement discret qu’il est difficile d’en prendre la pleine mesure. La planète est devenue, en quelques années, une gigantesque chambre d’enregistrement où une multitude d’informations relatives à notre santé, que nous soyons malade ou bien portant, sont stockées et potentiellement analysées par des algorithmes dont la puissance et l’intelligence ne cessent de croître.
Selon l’article « Sizing up big data » (« dimensionner les données massives ») publié dans Nature Medecine de janvier, ces données de santé représentent un volume en croissance exponentielle, qui a plus que décuplé depuis 2013 : il s’agit tout autant de renseignements médicaux classiques – provenant de médecins, d’hôpitaux et de laboratoires… – que d’indicateurs captés dans la vie réelle, hors circuit médical – tels le rythme cardiaque mesuré par une montre, l’indice de masse corporelle calculé par une balance connectée ou le nombre de pas enregistrés par une application smartphone… Certaines de ces informations sont d’ailleurs captées sans que nous en ayons pleinement conscience.
« Le domaine du suivi de la santé, au-delà même de la maladie, explose littéralement, constate le médecin et biologiste Pierre Corvol, président de l’Académie des sciences. On voit se développer dans la société un désir de rester en forme pour profiter de la vie ou se conformer à l’image idéale de quelqu’un de performant. Cela a induit ces dernières années une activité commerciale phénoménale qui repose sur l’accessibilité des données massives de santé et de bien-être et leur traitement par des algorithmes d’intelligence artificielle [IA]. »

Psychanalyse et subversion des normes

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Des hommes violents (6/6) : Pierre, un peu de lumière

LES PIEDS SUR TERRE par Sonia Kronlund
Le 02/03/2020

Dernier épisode de la série documentaire "Des hommes violents", à la rencontre d'hommes condamnés pour violences conjugales contraints par la justice de participer à un groupe de parole. Entre déni et interrogations du narrateur, Mathieu Palain revient sur la question des masculinités aujourd'hui.
Pierre lumière
Pierre lumière Crédits : David Wall - Getty
Condamnés par le tribunal pour violences conjugales, douze hommes sont contraints par la justice de participer à un groupe de parole pendant six mois. Tous viennent d’univers différents : l'un est un homme d’affaires à succès, un autre à la recherche d’emploi, un autre tient un garage... Ils commencent par clamer unanimement leur innocence ou par refuser de reconnaître leurs torts. Puis évoluent, ou pas.

lundi 2 mars 2020

Accès à de la vraie psychothérapie : au privé seulement?

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Par Charles Roy  28/02/2020

QUEBEC

Une question se pose de plus en plus impérativement: pourra-t-on continuer d’avoir accès à de la véritable psychothérapie dans les services publics ?


Les conditions actuelles dans le secteur public ne favorisent pas l’accès aux services psychologiques, neuropsychologiques ainsi qu’à la psychothérapie. Pourquoi? Parce qu’il y a pénurie artificielle de psychologues, parce que la demande a explosé et que les durées de suivi doivent être amputées, ce qui porte sévèrement atteinte à la qualité des services rendus à la population.
Il y a également une ignorance tenace concernant la nature des services psychologiques et de la psychothérapie. Une ignorance entretenue par la tendance néolibérale et le mythe des soins en étapes ou des prétendus miraculeux suivis à court terme.
Une tendance lourde qui croit qu’en offrant des services de l’étape 1 du Programme québécois de psychothérapie pour les troubles mentaux (PQPTM) au citoyen, soit des conseils pour des auto-soins et des références vers la documentation sur internet, on va pouvoir faire l’économie de la psychothérapie ou sinon, en réduire substantiellement la demande.

Épisode 1 : Levinas, quand un visage nous désarme

Le 02/03/2020

Emmanuel Levinas est né en 1905. Il a connu la guerre et l'exil. Quel lien faut-il faire entre son expérience de prisonnier de guerre et son questionnement sur le visage ? Que signifie un visage qui parle ? Et pourrions nous élargir le champ du visage à l'animalité ?
Levinas, quand un visage nous désarme
Levinas, quand un visage nous désarme 
Crédits : CSA-Printstock - Getty

La meilleure manière de rencontrer autrui est de ne même pas rencontrer la couleur de ses yeux...

Levinas distingue le support anatomique (les yeux, les oreilles, la bouche), la figure c’est-à-dire le vecteur expressif (visage triste, gai) et le visage qui déchire le sensible. Ce que je vois de quelqu'un ne dit pas tout et c’est cet échec de faire le tour d’autrui qui va justement me renseigner sur mon rapport à lui. Une personne n’est pas quelque chose dans le monde, n’est pas mon horizon, elle m’échappe et elle m’assigne des limites. Elle souligne les limites de mon pouvoir de constituer, de connaître et peut-être du pouvoir de mon pouvoir.

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