Le Daily Telegraph consacre un article aux explorateurs partis en quête du Graal : l’immortalité. Pas question ici d’affronter, tel Indiana Jones, un templier au fin fond d’un sanctuaire oriental ; il s’agit plutôt d’effectuer une virée dans les laboratoires de la Silicon Valley.
Le quotidien britannique The Daily Telegraph part à la rencontre de ceux qui investissent dans tout ce qui pourrait prolonger leur existence. Début octobre, une convention les réunissait dans un hôtel quatre étoiles de Las Vegas. Mille personnes – “dont beaucoup avaient atteint l’âge de la retraite” – assistaient à ce rendez-vous annuel baptisé “Révolution contre le vieillissement et la mort”. Le site Internet de l’événement invite à“construire [sa] longévité à partir des dernières découvertes scientifiques”.
Les motivations sont nombreuses – voir grandir sa descendance, visiter le plus de pays possible ou simplement avoir le temps de dépenser tout l’argent que l’on a pu amasser –, mais l’investissement dans cette quête se révèle des plus onéreux. “La Silicon Valley est devenue le creuset de la lutte contre le vieillissement parce qu’on y compte une majorité de gens qui ont suffisamment d’argent à dépenser pour tenter de prolonger leur vie et qui sont prêts à prendre des risques”, déclare au Telegraph l’informaticien Aubrey De Grey, initiateur du projet Strategies for Engineered Negligible Senescence, littéralement “réduire la sénescence à quantité négligeable”, dans lequel a investi le cofondateur de Paypal, Peter Thiel.
Jean-Victor Blanc a décrypté pour nous le film fou de Todd Phillips.
Alors que son livre Pop & psy vient de sortir aux éditions Plon, on a demandé au psychiatre Jean-Victor Blanc d’analyser les comportements d’Arthur Fleck, aka "le Joker" dans le film du même nom. L’idée ? Distinguer ce qui est réel de ce qui est exagéré ou encore préciser la maladie mentale du personnage principal du film de Todd Phillips. Jean-Victor Blanc participera aussi à un cycle de conférences sur de la culture pop face à la psychiatrie, qui se tiendra au MK2 Beaubourg à partir de samedi 19 octobre.
Huit mois après sa nomination, le secrétaire d’Etat Adrien Taquet présente, lundi 14 octobre, les axes de sa « stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance ». Après un travail de concertation mené avec les professionnels du secteur, les départements (qui sont chargés de mettre en place cette politique publique décentralisée) et les collectifs d’anciens enfants placés, c’est le moment des annonces.
Il y a urgence. Malgré 8 milliards d’euros consacrés en 2018 au secteur de la protection de l’enfance, la situation est explosive. Sur l’ensemble du territoire, environ 341 000 mineurs sont pris en charge, la moitié environ étant placés en établissements ou en familles d’accueil. Mais dans bon nombre de départements, les dispositifs d’accueil sont saturés, les mesures judiciaires de placement mettent des mois à être exécutées, et les professionnels de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) n’en finissent plus d’alerter.
Dans ce collège-lycée près de Lyon, les élèves qui sont en rupture avec l’école à cause d’un handicap moteur ou cognitif, de troubles des apprentissages ou de raisons de santé, sont accueillis temporairement pour se remettre sur pied.
Lorsqu’on demande à Hugo, 15 ans, et Manon, 16 ans, de donner une définition du collège-lycée Elie-Vignal, où ils sont scolarisés en classe de 1re, ils cherchent leurs mots. « C’est un établissement normal… mais qui accueille des élèves qui ont des difficultés », tente Manon, arrivée ici en septembre. « C’est une cité scolaire… avec des effectifs réduits et des profs plus… attentifs pour les élèves qui ont besoin d’être accompagnés ou qui ont un handicap », complète Hugo, qui a fait il y a quelques semaines sa deuxième rentrée sur les hauteurs de la colline de Caluire-et-Cuire (Rhône), où cet objet éducatif non identifié est venu se percher il y a trente-cinq ans.
L’établissement est unique en son genre. Pas seulement pour son étrange bâtiment de plain-pied circulaire, imaginé pour faciliter l’accessibilité des élèves, et devant lequel un balai de taxis les y dépose en ce jeudi matin automnal. Il détonne dans le paysage éducatif local et national par la fonction de « sas » qu’il joue pour la centaine de jeunes accueillis. Ils trouvent de quoi se ressourcer après une coupure avec l’école dont l’environnement ne leur est pas toujours, encore, favorable.
L’intersyndicale CGT, FO et SUD santé social du Centre hospitalier spécialisé de Novillars dénonce le fossé qui se creuse entre les besoins de la population et les maigres moyens dont dispose la psychiatrie pour y faire face. D’après eux, les conditions de travail sont déplorables.
Valérie Etienney (FO) et Jan Szoblik (CGT) alertent l’opinion publique depuis plus d’un an sur le malaise des agents à Novillars et la souffrance des patients « délaissés ». Photo ER /Arnaud CASTAGNÉ
La Maison d’accueil spécialisée (MAS) de l’hôpital de Novillars est ouverte depuis 18 mois. Quelques mois après sa mise en route courant mars 2018, l’intersyndicale CGT, FO et SUD santé social relayait l’énorme malaise ressenti par les agents du médico-social , en sous-effectif chronique au regard des populations accueillies. Beaucoup de personnel s’était mis en arrêt maladie. La situation n’a toujours pas évolué aujourd’hui, d’après les délégués.
« Depuis que la MAS est ouverte, l’ensemble de l’hôpital contribue, au quotidien, à son fonctionnement par le biais de renforts soignants et agents de services hospitaliers (ASH) pour assurer la permanence des soins », déplorent Jan Szoblik (CGT) et Valérie Etienney (FO). « L’établissement est contraint de piocher dans le personnel des autres services pour combler les longues absences. La direction ponctionne son budget pour l’infirmière et l’aide-soignant arrivés à la MAS en mars 2018, mais c’est insuffisant. Nous devons faire toujours plus avec effectif constant, voire en déficit. »
Des surfaces « vétustes », des locaux « inadaptés », des chambres « indignes ». Les qualificatifs ne manquent pas au maire LR de Nice Christian Estrosi pour décrire les conditions de vie, de soin et de travail au centre hospitalier Sainte-Marie de Nice. Face à l’urgence de la situation, la ville de Nice, l’ARS et la direction de l’établissement ont annoncé lundi la reconstruction de l’hôpital psychiatrique.
Les enfants âgés d'un mois à un an victimes de maltraitances physiques représentent entre 0,04 % et 0,11 % de tous les nourrissons de France, démontre la première estimation nationale sur le sujet, réalisée par une équipe pluridisciplinaire dijonnaise, et publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 15 octobre.
Après une croissance marquée entre 1987 et 1997, les dépenses de santé liées au traitement de la dépression aux États-Unis ont augmenté plus modestement entre 1998 et 2007. Au total, résume JAMA Psychiatry, la prévalence des dépressions traitées (par des médicaments) a « au moins triplé » entre 1987 et 1997, contre une augmentation de « seulement » 22 % entre 1998 et 2007. Comparant l’analyse des dépenses de santé chez trois groupes de patients (comportant chacun de 20 000 à 30 000 personnes) pour trois années respectives (1998, 2007 et 2015), une enquête réalisée aux États-Unis (dans le cadre du Medical Expenditure Panel Survey[1], Enquête de panel sur les dépenses médicales) examine les tendances observées ces vingt dernières années dans le traitement des dépressions ambulatoires, outre Atlantique.
Elle est la plus jeune à avoir reçu un prix Nobel. C'est aussi la deuxième femme seulement et la 4e personnalité française à avoir eu ce privilège. À l'aube de ses 47 ans, Esther Duflo complète une liste déjà longue de prix avec cette distinction.
Ce lundi 14 octobre, l'économiste franco-américaine et les Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer ont été récompensés conjointement par le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, communément appelé « prix Nobel d'économie », « pour leur approche expérimentale visant à réduire la pauvreté dans le monde ».
Elle a affaibli, tué ou détruit des milliers d'écrivains mais elle a aussi été un puissant levier de création. La drogue sous toutes ses formes a fait partie du processus d'écriture de Baudelaire à Sartre en passant par Balzac ou Jules Verne.
- William Burroughs, est-ce que vous auriez pu créer tout ce que vous avez créé sans la drogue ?
- Non je ne crois pas.
Extrait d'une interview de William Burroughs en 1990, sur France 2.
La collection d’art « outsider » et vernaculaire de Victor Keen, d’ordinaire visible à la Bethany Mission (une ancienne mission Quaker pour l’éducation des Noirs) à Philadelphie, est actuellement montrée (jusqu’au 12 janvier) au Centre d’art Sangre de Cristo à Pueblo (Colorado), la ville natale du collectionneur, et fait l’objet d’un catalogue en anglais de 272 pages, Outsider & Venacular Art. The Victor F. Keen Collection, publié en 2019 par le collectionneur et par l’éditeur munichois Hirmer. N’ayant pas vu l’exposition (et ayant peu de chances d’aller au Colorado dans les trois mois qui viennent), je ne vous parlerai ici que du livre. Après les introductions du directeur du centre d’art et de Victor Keen racontant comment il a bâti cette collection, se trouvent trois essais : celui d’Edward Gomez (de RawVision) décrit le collectionneur et sa passion, celui du critique Lyle Rexer (auteur de The Edge of Vision, un livre essentiel dans mes recherches) analyse en détail les travaux de quelques-uns des artistes (dont le méthodique Ken Grimes rendant compte de ses contacts avec des extraterrestres : « le travail le plus programmatique de la collection, et le design le plus dramatique », écrit-il), et celui du galeriste Frank Maresca (qui a accompagné Victor Keen dans ses achats – une demi-douzaine des notices sur les artistes proviennent d’ailleurs du site de sa galerie) revient sur l’éternel sujet de la définition de l’art outsider, brut, naïf, populaire, autodidacte, un débat sans fin.
Sur les 41 artistes présentés (chacun avec une notice biographique et entre 1 et 16 reproductions), 32 sont Nord-américains, 6 Autrichiens (de Gugging), un Suisse (Wölfli), un Argentin vivant en Espagne (Marcos Bontempo et ses créatures fantasmagoriques, plus bas) et un Nigérian, Prince Twins Seven-Seven (dont deux compositions mythologiques furent montrées aux Magiciens de la Terre, j’avoue ne pas m’en souvenir). Parmi les Nord-Américains, on trouve beaucoup d’Afro-descendants comme Sam Doyle, Minnie Evans, Clementine Hunter, Elijah Pierce, l’étonnant Bill Traylor (en couverture du livre, ci-dessus) et bien d’autres. Le seul photographe inclus est Eugene von Bruenchenhein et c’est ausi le seul, avec Thornton Dial, qui, dans cet ensemble assez puritain, fasse preuve d’un certain érotisme : une parcimonie tout de même étonnante dans cet univers. De Lee Godie, il n’y a que des dessins et aquarelles, pas de photographies.
Si Wölfli, les artistes autrichiens et certains américains sont déjà bien connus en Europe, présents dans les collections de Lausanne, de Montreuil, de Villeneuve d’Ascq ou de Sao Joao da Madeira (par ex. George Widener ou Edward Deeds), et certains dans des galeries comme Christian Berst (James Castle, Martin Ramirez, William Hawkins), d’autres le sont beaucoup moins, et ce livre est une excellente occasion de les découvrir. Je vais seulement en présenter quelques-uns, parmi les moins connus ici. Hawkins Bolden (1914-2005), souffrant d’épilepsie, construisait, à partir de matériaux trouvés, des épouvantails qui deviennent des sculptures anthropomorphes effrayantes et fantastiques, évoquant parfois Rauschenberg.
Il y a quelques semaines, nous interrogions le Pr Frank Bellivier à propos du récent rapport Wonner-Fiat sur l'organisation territoriale de la santé mentale. Le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie préconisait de « mettre en place une offre ambulatoire beaucoup plus captive qui permette d’intervenir en amont ». Et de citer en exemple le secteur 59G21 sur la métropole de Lille (84 555 habitants), où les « 10 lits sont rarement pleins » en raison de « dispositifs ambulatoires de crise et d’accompagnement. » Et d'ajouter : « Ils ont un système basé principalement dans la communauté qui est extrêmement captif et qui permet de traiter les choses en amont des hospitalisations ». Nous avons voulu en savoir plus sur le sujet en interviewant le Dr Antoine Baleige. Ce jeune psychiatre travaille dans le secteur 59G21, plus précisément dans le pôle de santé mentale* des communes suivantes : Mons-en-Baroeul, Hellemmes, Lezennes, Ronchin, Faches-Thumesnil et Lesquin. Le médecin travaille étroitement avec une équipe de jeunes médecins qui propose « une approche des soins de santé mentale, alternative et proche des gens ». Guidé par l’objectif de « renouveler une discipline en crise ».
Le 17 octobre 2019 à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Lyon, une journée de rencontres pour faire le point sur l'état de la Santé mentale dans la région
600 nouvelles places en établissement devraient être créées. Photo Albert Facelly pour Libération
Le secrétaire d’Etat Adrien Taquet a présenté ce lundi sa réforme pour la protection de l’enfance. Dotées de 80 millions d’euros de budget supplémentaires, les mesures annoncées ne sont pas franchement saluées par les acteurs de ce secteur submergé par les difficultés.